Accords et désaccords

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jeudi 10 juin 2010

And then we came to the end

J'aime le final de la troisième symphonie de Jean Sibelius car il ne finit pas, jusqu'à ce qu'il finisse tout de même. (Beethoven, lui, finit mais n'en finit pas de finir. Un génie différent.) Comme souvent chez Sibelius, un pupitre est sacrifié : dans le final de la deuxième, ce sont les flutes qui répètent, répètent, répètent ces deux mêmes notes, comme des oiseaux obstinés qui ne voudraient pas laisser venir la nuit ; dans la troisième les cordes grattent, frottent, grondent, grattent, frottent, grondent. La symphonie commence comme cela : par les contrebasses qui grommèlent un thème bonhomme, un grand-père à l'air sévère qui chantonne une comptine. Une demi-heure plus tard, le grand-père chante toujours dans sa moustache mais des bourrasques de vents le couvrent parfois : sur le rythme obstiné des cordes, les bois et les cuivres plaquent une mélodie bien plus lente, si allongée qu'elle n'empêche pas l'oreille de se réchauffer au ronronnement des cordes qu'elle ne semble qu'éclairer. (Beethoven, lui, décore ses mélodies lentes de motifs rapides.) À mesure, les accords se font plus riches, mais toujours si épars, si rares, si discrets qu'on ne les remarque qu'à peine : on croit que le ronronnement durera, d'ailleurs il ronronne, et crescendo. Jusqu'à ce qu'à cette absence, puis la cadence et enfin le silence.

Certains chefs laissent deviner la fin, sur la fin : la mélodie des cuivres vainc progressivement les motifs des cordes, le dénouement approche, la cadence nous salue bien poliment. (Bernstein vieux.) Je préfère de loin qu'on me laisse la surprise. (Bernstein jeune.) Laissez-moi croire que les cordes continueront leur ouvrage obstiné, que les vents chanteront pour toujours, que cela durera à jamais. Et, puisqu'il faut bien conclure tout de même, la cadence aura découpé comme une tranche d'éternité.

dimanche 23 mai 2010

Vachologie

Lue au mur d'un magasin de musique londonien, cette phrase d'Aaron Copland :

Listening to the Fifth Symphony of Ralph Vaughan Williams is like staring at a cow for forty-five minutes.

Les aphorismes et citations me plaisent d'autant plus qu'ils sont injustes et méchants : Copland s'y connaissait en vacheries, lui qui ne savait composer que pour le rodéo.

lundi 18 janvier 2010

Vieux people

Qui est donc cette Marie-Thérèse ? L'homme du vingt-et-unième siècle, éduqué à la presse de caniveau, flaire le graveleux. Il s'agirait d'en savoir plus : Haydn a donné son nom à sa quarante-huitième symphonie ! Qui était-elle ? Qui était-elle pour lui ? Qu'ont-ils fait ensemble ?

Renseignements pris, rien. Mais ne brûlons pas les étapes : prenons la symphonie comme un portrait et imaginons. (Cette symphonie n'est justement pas un portrait : l'exercice n'en sera que plus injuste et plus drôle.)

Marie-Thérèse sonne comme une grosse dame rigolote (allegro), spirituelle (finale), mais un peu mélancolique parfois (andante). Est-elle veuve ou vieille fille ? Je ne saurais dire. Mais une chose est sûre : elle aime la chasse à courre. Oh ! ça oui. (Pourquoi, sinon, ces sonneries de cor dans le premier mouvement ?) Le dimanche, bien avant la messe, quand l'aube blafarde peine à déchirer la brume sur la lande, un fusil dans le dos, un parapluie-canne à la main, toute vêtue de tweed et de daim, elle part. Un canard sauvage, un faisan, quelques bécasses plus tard, elle s'en revient, passe un tablier et met à mariner. Une messe rapide où elle tient l'orgue puis, de retour chez elle, mijotage, rôtissage et braisage. Dans la salle à manger, une horloge de grand-père sonne enfin midi. On frappe à la porte. Elle ouvre. Entre un vieux monsieur en perruque poudrée : c'est Papa Haydn. La suite ne regarde plus qu'eux.

Résumons : pour moi, Marie-Thérèse ressemble à Wendy Worthington, tendance chasseresse, ascendant cantinière. Évidemment, rien de tout ça n'a existé, mais ce n'en est que plus beau.

Les compositeurs ont ainsi semé des noms à travers l'histoire. Si, grâce à Beethoven, Élise est sans doute la plus connue, la dédicataire de l'Annen-Polka de Johann Strauß fils est ma préférée : je la vois tournoyer telle une toupie obèse dans une salle de bal bondée, éjectant les autres danseurs, écrabouillant son cavalier. (Fantasia est passé par là.) Il s'agit le plus souvent d'hommages et non de portraits, mais il n'est pas interdit de s'amuser. Une exception, tout de même : Sir Edward Elgar a maquillé ses amis derrière des trigrammes cryptiques et  a embrumé le tout dans un thème mystérieux. Ce sont les variations Enigma. Les musicologues, qui ne sont pas moins joueurs que les autres, ont identifié tout les personnages (Cela brime l'auditeur, qui aimerait les inventer.) mais ils butent toujours sur le thème.

Finalement, qui est donc cette Marie-Thérèse ? Une impératrice d'Autriche, excusez du peu. Mais cela n'a pas la moindre importance, si ?

jeudi 31 janvier 2008

Pomme, pomme, pomme, pomme...

Vous n'en auriez pas plutôt à la cerise, cerise, cerise, cerise ?

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mardi 8 mai 2007

Message de service

Par solidarité avec Arlette Chabot, ce blog s'est tu : Arlette m'a tu. (Rien à voir.)

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mercredi 11 octobre 2006

Eloge de la lourdeur

Rien à voir avec mon humour, merci.

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dimanche 25 septembre 2005

Importance indéniable du titre

Preuve par un réducteur de tête allemand.

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vendredi 9 septembre 2005

Gros tuyaux

Rédigé sous l'œil expert d'un canalisonologue lubrique.

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jeudi 21 juillet 2005

Je savais bien qu'il devait y avoir pire

Où l'on prouve que FabriceD est normal, en fait.

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mardi 21 juin 2005

Karaoke

Le karaoke, à l'écrit, c'est tellement plus supportable.

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samedi 28 mai 2005

Association d'idées

Où j'assume mes pulsions réactionnaires.

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lundi 9 mai 2005

Mort vs. Transfiguration

Combat arbitré par Richard Strauss - entrée gratuite. Et obligatoire.

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mardi 22 mars 2005

QCPM

Qui marque le retour des chapeaux mutants.

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mercredi 9 mars 2005

Je suis plein de contradictions...

Où l'Auteur évoque de nouveau son boxer neuf...

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Un exemple à suivre

Où l'Auteur va encore mécontenter ses Lecteurs...

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lundi 7 mars 2005

Konwitschny

Où l'Auteur n'éternue pas, contrairement aux apparences.

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samedi 12 février 2005

Points d'ancrage

Où l'Auteur se remet de sa débauche.

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dimanche 6 février 2005

Évidence

Où l'Auteur se suprend lui-même.

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samedi 18 décembre 2004

The sound of silence

Où l'Auteur ne parle ni de Simon, ni de Garfunkel.

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