Mardi 21 août
Manger et bien manger est très important en Chine. Que ce soit chez soi, à la cantine ou au restaurant, plusieurs plats sont sur la table ou sur le plateau. Hormis à la cantine, tous les convives partagent les plats. On picore, on met un peu de ceci ou de cela dans une petite assiette ou dans un petit bol que l’on a devant soi, et on mange.
Les légumes, vapeur ou frits, sont bien verts et bien croquants. Haricots verts, brocolis, salade, branches d’épinards frais sont ainsi parfaitement cuits, respectant le légume. Le riz n’est pas salé, les nouilles non plus mais sont souvent accompagnées de sauces goûteuses ou d’oignons rissolés, de petits piments. Le riz sert à faire éponge et est consommé avec les autres légumes ou viandes, comme nous mangerions du pain. Certains légumes sont cuits au four, entiers, rôtis, tels l’aubergine ou la courgette. C’est délicieux.
La viande : mijotée, elle ressemble à nos plats en sauce de type bœuf bourguignon. Avec, fréquemment, des cacahuètes ou des noix de cajou pour donner un petit goût sucré. Frit, comme l’est parfois le porc, on s’approche du bacon à l’anglaise. Le poulet accompagne souvent, en de discrètes et fines lanières sautées, n’importe quel plat de légumes. J’en ai mangé ce midi avec des pois gourmands.
Le poisson : il est souvent simplement cuisiné, sans apprêt. Au cours bouillon, comme dans la cuisine cantonaise traditionnelle, les poissons blancs sont parfumés, ont un petit goût comme les poissons de rivière chez nous. C’est souvent du poisson d’élevage qui provient de ces étangs qui voisinent les rizières, que l’on voit au bord de toutes les routes. On en sert aussi, des sardines et maquereaux par exemple, juste grillés au four ou au feu.
Les desserts : souvent à la vapeur, à base de fruits. Je n’en ai pas mangé souvent, au restaurant je n’ai pas l’impression que les Chinois prennent tellement de desserts.
Les boissons : l’eau n’est pas potable (même si certains chinois la boivent), mais il existe de très nombreuses eaux de source. Sinon, on trouve aussi tout un tas de boissons bizarres au goût plus que chimique, du genre boisson pour sportif ou yaourts liquides aromatisés. A part ça, le restaurant et particulièrement si vous êtes invités par des Chinois, est souvent un prétexte à beuverie générale avec vin, alcool de riz et bière. (Je n’aurai pas eu l’occasion de voir ça.) Mention spéciale au très bon jus de prune qui parvient à aligner 50% de sucre de plus qu’un Coca.
Qu’on se rassure, la cantine du site n’est pas étoilée au Michelin, on est plus proche du resto U. La viande est grasse, coupée en morceaux mais avec tous les os (que les Chinois recrachent) et le poisson est plein d’arêtes, servi entier ou en morceaux. Gare au piment, aussi, il se cache partout où on ne l’attend pas.
Mercredi 22 août
Les quelques Chinois dont nous sommes proches avec mes collègues ont le cœur sur la main. Après une soirée de mah-jong, elles virent arriver le lendemain matin leur hôte avec deux petits jeux de mahjong qui leur étaient destinés. Nous avons également, avec un canadien, bien sympathisé avec une jeune professeur de chinois. Hier soir, nous avons eu la surprise de la voir arriver avec deux petits marque-pages métalliques, un pour chacun.
Jeudi 23 août
De très nombreuses langues sont parlées en Chine. Si le mandarin est compris et parlé par une majorité de la population, les différentes régions ont gardé leurs langues. Il semble étonnant, pour un pays qu’on dirait unifié depuis des millénaires par les dynasties d’empereurs qui se sont succédé, pays qui a au cours du temps connu peu ou prou la même extension territoriale, qu’aient apparemment toujours existé ces nombreuses langues. Est-ce à dire que l’Italie, unifiée il y a 150 ans seulement, où les langues régionales sont toujours beaucoup parlées (à la différence de la France), aura réussi dans mille ans à conserver toutes ses langues comme il semble que la Chine y parvint ? Probablement l’enseignement du mandarin en Chine a dû et doit encore permettre la survivance de toutes les langues locales. A la différence de l’enseignement du français, qui depuis le XIXe siècle a progressivement écrasé les parlers régionaux. Quoiqu’il en soit, ma connaissance de l’histoire et de la Chine est trop superficielle pour que je puisse tenter de m’expliquer plus en détail ces questions.
Ce qui est sûr, c’est que les langues locales sont parlées en priorité par rapport au mandarin. Ici, dans la province du Guangdong, on parle surtout le cantonais (qui est parlé également à Hong-Kong). A Taishan, on parle le taishanais. Il est facile d’entendre la différence : si le mandarin parait asséné, net, bien découpé à l’oreille, le cantonais est plus arrondi, moins anguleux, avec plus de b
, de g
et de w
, moins de ch
et plus de j
. A un niveau plus local on croit entendre, dans les différences entre taishanais et cantonais, les différences qu’il y aurait entre le français d’un journaliste de télévision et l’occitan d’un vieux paysan des Cévennes. C’est l’idée très subjective que je m’en fais, en tout cas on m’assure que mandarin, cantonais et taishanais n’ont rien à voir.
Rien à voir, sauf les sinogrammes, qui servent à écrire toutes les langues parlées en Chine. Enfin, pas exactement, puisque une des premières mesures de Mao a été de simplifier des centaines de sinogrammes afin que le mandarin soit plus aisé à écrire, et s’apprenne plus facilement. Le cantonais utilise encore les sinogrammes traditionnels, plus complexes et plus riches. Un hong-kongais vous dirait d’ailleurs la nécessité de l’utilisation des sinogrammes traditionnels, parce qu’ils conservent à la différence des sinogrammes simplifiés tout le sens que les siècles d’évolution ont placé dans la graphie de ces signes.
Jeudi 23 août, 23h21
Oui, j’ai chanté (enfin…) les Beatles et Ricky Martin au karaoké, mais non, vous n’avez rien raté.