Nous déménageons. Au 25e, ce qui signifie entre autres que je pourrai toujours bénéficier de la fameuse vue de mon bureau, ou presque, celle que j’ai depuis bientôt 17 ans, si je choisis bien mes bureaux qui demain ne seront plus nominatifs.
Je n’ai payé personne, je n’ai constitué aucun groupe de pression, je n’étais même pas parmi les membres du groupe de travail qui a « co-construit » l’aménagement de notre futur espace de travail, et pour cause : je ne voulais pas être le chieur de service qui n’aurait pas manqué de râler sur tout, d’être tatillon plus que de mesure, de pointer tout ce qui ne va pas, de demander toujours plus pour avoir un cadre de travail agréable, qui donne envie d’aller au bureau et permette la productivité la plus haute et selon les standards d’expertise et de qualité technique auxquels nos clients s’attendent, que dis-je, pour faire bref, qui favorise l’intelligence la plus collective. (J’ai proposé à mon collègue R. de prendre ma place dans ce groupe et je crois qu’il a apprécié ces derniers mois.)
Mais reprenons. Je n’ai pas soudoyé le directeur d’agence non plus que la directrice des achats, je n’ai téléguidé aucun des membres du groupe de travail et surtout pas mon collègue R., ni manipulé en sous-main mes collègues de l’agence membres du CSE, intégrés de fait audit groupe. Je me suis tenu en dehors des choses, m’informant simplement. Et pour paraphraser pédantement Voltaire, que croyez-vous qu’il arriva ? Certain choix de couleur.
Les « bulles » où l’on pourra s’isoler pour téléphoner ou réunionner à deux, au nombre de dix, auront leur grand pan peint en orange. Le (petit) salon sera pourvu d’un canapé deux places et de deux fauteuils, qui, sorte d’hommage évidemment non sollicité, seront d’un beau rouge brique tirant sur le orange coucher-de-soleil. Je vous encourage, vous aussi, à faire ce qui est en votre pouvoir pour oranger le monde. Nous en avons grand besoin. C’est encore plus réjouissant lorsque cela se produit sans qu’on n’ait rien fait pour.