jeudi 25 avril 2013

La Marche nuptiale

Mariage d’amour, mariage d’argent
J’ai vu se marier toutes sortes de gens
Des gens de basse source et des grands de la terre
Des prétendus coiffeurs, des soi-disant notaires

Quand même je vivrai jusqu’à la fin des temps
Je garderais toujours le souvenir content
Du jour de pauvre noce où mon père et ma mère
S’allèrent épouser devant Monsieur le Maire

C’est dans un char à bœufs, s’il faut parler bien franc
Tiré par les amis, poussé par les parents
Que les vieux amoureux firent leurs épousailles
Après long temps d’amour, long temps de fiançailles

Cortège nuptial hors de l’ordre courant
La foule nous couvait d’un œil protubérant
Nous étions contemplés par le monde futile
Qui n’avait jamais vu de noces de ce style

Voici le vent qui souffle emportant, crève-cœur
Le chapeau de mon père et les enfants de chœur
Voilà la pluie qui tombe en pesant bien ses gouttes
Comme pour empêcher la noc’, coûte que coûte

Je n’oublierai jamais la mariée en pleurs
Berçant comme un’ poupée son gros bouquet de fleurs
Moi, pour la consoler, moi, de toute ma morgue
Sur mon harmonica jouant les grandes orgues

Tous les garçons d’honneur, montrant le poing aux nues
Criaient : Par Jupiter, la noce continue !
Par les homm’s décriée, par les dieux contrariée
La noce continue et Viv’ la mariée !

(Georges Brassens)

dimanche 14 avril 2013

Nicolaus Bruhns (1665-1697)

L’organiste Nicolaus Bruhns n’a pas eu de chance. Il laisse très peu d’œuvres (du fait de sa mort prématurée), dont seulement cinq d’orgue. Élève du grand Dietrich Buxtehude (1637-1707), que Bach était également venu voir dans sa jeunesse, il me semble pourtant qu’il a porté le genre praeludium au même niveau d’inspiration que Bach. Les grands praeludia de Buxtehude sont plus morcelés, et sauf exception ne sont pas de la forme prélude puis fugue. Si Bach a lui eu le temps de systématiser le genre prélude et fugue, de donner plus d’ampleur à ses pièces que Bruhns aux siennes, Bruhns a tout de même pu en laisser quatre exemples étincelants : stylus fantasticus (fantaisie débridée, sonorités larges exploitant pleinement les potentialités de l’orgue baroque), traits de pédalier virtuoses, péroraisons jaillissantes. Chacun en quelques minutes de musique resserrée.

Bruhns était un grand compositeur.

lundi 8 avril 2013

Vienne

Difficile de parler d’une ville célèbre sans tomber dans l’anecdote. Le mieux serait sûrement de s’abstenir ; le bonheur qu’on a pu avoir l’emporte et fait dire deux mots.

Vienne est une capitale où, comme à Londres ou à Paris, on se verrait bien vivre tellement le quotidien et les plaisirs peuvent sembler divers. Cette sensation peut paraitre artificielle : en tant que touriste, on ne vit bien sûr pas en habitant et on a une vision très partielle d’un lieu, a fortiori si c’est la première fois qu’on y vient. Il n’empêche : une ville, on la sent ou on la déteste. L’architecture, les gens qu’on croise (fût-ce fugitivement un garçon de café ou la vendeuse d’une boulangerie), les parcs, l’ambiance plaisent ou débectent assez rapidement. Quand on ajoute des musées à revendre, des orchestres, même si on ne les a pas entendus, des palais, même si on ne met pas forcément les pieds dans tous ; pour résumer l’art de vivre et la culture, tout ne pousse qu’à une chose : revenir.

dimanche 31 mars 2013

Note de service

Finis les fantasmes ; des faits : après décompte, la discothèque comporte 4200 disques compacts, avec des œuvres de plus de 800 compositeurs.

De très nombreux sont représentés par un unique morceau (La Danse des heures extraite de la Gioconda de Ponchielli, par exemple) et le gros des troupes est assuré par les compositeurs des époques Renaissance et Baroque, ainsi que par les compositeurs soviétiques.

Le nom de 90 de ces compositeurs commence par la lettre S. Ce sont : Schubert, R. Strauss, Josef Strauss, J. Strauss fils, J. Strauss père, E. Strauss, Schumann, Smetana, Scriabine, Saint-Saëns, D. Scarlatti, A. Scarlatti, Soler, Satie, Schönberg, Stravinsky, Schulhoff, Servais, Schnittke, Skorik, Severac, Sibelius, Sarasate, Szymanowski, Sousa, Scharwenka, Sauer, Schlözer, Strigio, Schmitt, Schulz-Evler, Sermizy, Susato, Sogny, Shedrine, Sinding, Strogers, Scherer, Scheidemann, Sweelinck, Simancan, Sorabji, Scheidt, Sakamoto, Sainte-Colombe, Salonen, Sanz, Storace, Schmidt, H. Schütz, M. Schütz, Schoek, Steveson, Salieri, Steffan, Suk, Sauguet, Svetlanov, Solodukho, Sullivan, Stanford, Safka, Schuller, Schröter, Stenhammar, Sjögren, Stair, Suppé, Sheppard, Stockhausen, Stojowski, Stokowski, Scott, Saxton, Santoro, Stavenhagen, Spohr, Shebaline, Shaporine, Slatkin, Serebrier, Swanson, Stringfield, Steinberg, Salmanov, Steffe, Shapero, Slavicky, Seidl, Schelling.

jeudi 21 mars 2013

Grandeur et décadence de la presse

Il fut un temps où, à l’agence de Lyon, nous recevions 01 Réseaux. Comprenez réseaux informatiques. Vu notre activité, on peut bien se demander qui nous avait abonné à ça (à dire vrai je n’ai jamais pu comprendre le contenu d’un seul article de cette publication entièrement…) mais les publicités très second voire nième degré qu’on pouvait y trouver compensaient largement le contenu du magazine.

Las, ce temps béni est révolu. Révolu ? Que non pas, car nous sommes maintenant abonnés au Progrès !

Oui, Le Progrès, journal de référence pour l’actualité lyonnaise, du Rhône et de quelques départements autour ! Je me permets l’exubérance de quelques points d’exclamation car les pauses café n’ont jamais été aussi drôles que ces jours-ci. Le Progrès est inénarrable, archétypal de la presse quotidienne régionale, mais qu’on aurait portée à des degrés de raffinement que j’imagine inégalés. Il faut le lire pour le croire.

La une, pour commencer ; aujourd’hui, un gros titre aguicheur s’étalait sur deux lignes, en gras, corps 48 : une coiffeuse coupe l’oreille d’un garçon de 3 ans ! Ouh là, vite, les pages intérieures. Les aventures de Oui-Oui finissent bien en général. Quelle phrase d’attaque ! Eh oui, le gosse regardait un dessin animé sur une tablette, mais la coiffeuse aussi ; d’où pleurs, morceau par terre et sanguinolence, et vous en avez pour trois quarts de page bien troussés (sans dévoiler le nom du coiffeur maudit, non mais, faut pas s’attendre à un niveau d’investigation aussi poussé quand même !)

Ah, les belles histoires ! Mais où les dénichent-ils ? Je suis sûr qu’au Progrès ils se battent pour trouver la perle qui leur permettra de rédiger un petit article de derrière les fagots, souvent écrit avec lyrisme et à tout le moins avec une prétention littéraire avouée. Une dizaine de zozos s’amuse à les rechercher tous les jours, assis dans des fauteuils bleus avec un café, sur les coups de 9h37. Mois après mois, le classement officieux des meilleurs articles du Progrès s’établit. Un bon collègue en fait souvent la lecture à voix haute, parce qu’ils le méritent.

Roulement de tambour : sous vos yeux ébahis, voici notre sélection exclusive des plus grands (donnés sans ordre de classement).

1. Les faits : réfugié sur son balcon, nu, il est contraint d’appeler la police pour échapper au harcèlement sexuel que lui fait vivre sa copine au quotidien. L’analyse des zozos impénitents : comment émoustiller le lecteur par une situation cocasse avec un peu de sexe dedans, sur le mode : attention, ça pourrait vous arriver !

2. Les faits : elle avait perdu son alliance depuis des mois ; le bijou est retrouvé au hasard du déterrage des carottes du jardin, autour de l’un des légumes. L’analyse des zozos impénitents : de la poésie dans ce monde de brutes, qui n’est pas toujours aussi noir que ça.

3. Les faits : un jeune homme est arrêté à bord de sa voiture de sport, on tente de la lui voler (l’un des malfaiteurs s’installe à bord pendant que l’autre déloge le conducteur) mais il parvient à rerentrer à l’arrière après avoir été sorti de l’engin. Il arrive on ne sait comment à reprendre le volant avec l’un des deux voleurs à côté de lui, pendant que le deuxième les poursuit dans une autre voiture. Ils prennent un rond-point à 150 km/h quand ô miracle une voiture de police les stoppe. L’analyse des zozos impénitents : tout le monde n’est pas Steve McQueen dans Bullitt, et ne demandez pas d’explications, merci. (Mais tout ce que j’ai indiqué était écrit tel quel dans l’article, oui, 150 km/h dans un rond-point, oui, etc.)

4. Sûrement l’un des meilleurs de toute l’histoire du journal, n’ayons pas peur des mots. Les faits : madame s’arrête sur des aires d’autoroute peu fréquentées pour tuer discrètement ses dindons à coup de nunchaku, à l’arrière de sa voiture. L’analyse des zozos impénitents : incongruité et gore pour ce mini road-trip animalier, ingrédients majeurs d’un grand fait divers de qualité. Ce jour-là on se croisait dans les couloirs, oscillant entre sourire et fou rire qui redémarrait de plus belle.

Et c’est ainsi qu’on lit Le Progrès.

lundi 18 mars 2013

François-Joseph

L’empereur était un vieil homme. C’était le plus vieil empereur du monde. Autour de lui, la mort traçait des cercles, des cercles, elle fauchait, fauchait. Déjà le champ était entièrement vide et, seul, l’empereur s’y dressait encore, telle une tige oubliée, attendant. Depuis de nombreuses années, le regard vague de ses prunelles claires et dures se perdait dans le lointain. Son crâne était chauve comme un désert bombé. Ses favoris étaient blancs comme deux ailes de neige. Les rides de son visage étaient une inextricable broussaille où les années nichaient par dizaines.

Joseph Roth, La Marche de Radetzky, traduction de Blanche Gidon.

mercredi 13 mars 2013

Littéraires et scientifiques

Je bondis à la lecture d’un entretien (par ailleurs plutôt intéressant) accordé aujourd’hui au Monde par Alain Finkielkraut, sur son enseignement à l’Ecole Polytechnique.

Non et non, il n’y a pas de littéraires et de scientifiques ; une telle alternative est réductrice, inexistante et pour tout dire débile (faible).

On ne pourrait s’intéresser à la fois à des choses, des sujets plutôt littéraires et plutôt scintifiques ? Je mets des guillements, parce que la distinction me parait tellement arbitraire qu’on ne peut même pas la faire. J’aime lire tout ce qui me passe sous la main, je suis un littéraire ? je suis ingénieur, donc un scientifique ? Les Birds of America d’Audubon, art ou science ? L’Art de la fugue ?  Ma mère qui pourtant n’aime pas les mathématiques (et encore, lesquelles ? quoi exactement ?) connait bien les principes architecturaux de Le Corbusier, qui ne sont pas des plus littéraires. Je trouve la méticuleuse description de Proust du salon de Guermantes terriblement scientifique dans la dissection, le fouillé de ses recoins et abîmes, et en même temps tellement frivole et libre.

Prenez n’importe quoi, essayez de caser, c’est impossible. Ce genre de catégorisation qui revient à devoir faire un choix entre thé et café n’a pas de sens : autant l’oublier.

mardi 5 mars 2013

Menu de mars

La salle : vaste, pourvue de grandes tables ; à deux on s’assoit côté à côte, ce qui aurait plu à l’écrivain Paul Morand qui jugeait que manger face-à-face était un crime.

Amuse-bouche avec foie gras, petit croquant, biscuit au parmesan surmonté de potiron (potimarron ?) : on nous laisse manger en prenant notre temps, on pivote doucement sur la chaise en goûtant son plaisir.

Bouchée d’huîtres et gelée de betterave fumée : petite mise en bouche iodée, la gelée étant manifestement constituée d’eau de mer. Un verre de Sancerre bien rocailleux pour faire glisser le tout.

Brisures de châtaignes et de truffe, au beurre salé : grande simplicité et puissance des arômes terreux pour ce plat tout en morceaux. Était-ce un Pessac-Léognan qui accompagnait ce plat ?

Plins et ravioles d’écrevisse à la coriandre, bisque d’étrilles : mention spéciale à la bisque, divine. Avec un Pic Saint Loup blanc.

Rouget barbet avec glaçages au beurre et différents petits légumes et sauces : le plus beau plat du repas, un poisson parfaitement cuit, des combinaisons de parfums inouïes avec ce verre de Condrieu 2010.

Coquilles saint-Jacques qui collent à la dent, carmine : association amer/doux très réussie en même temps que très simple. Un verre de Meursault 2009 du domaine d’un des meilleurs vignerons de la Bourgogne (dixit la sommelière, amenez-moi le menu que je vous retrouve son nom : Coche-Dury), a fait définitivement passer ce dîner dans la catégorie inoubliable.

Carré d’agneau brûlé et épicé, gratin dauphinois, et un autre accompagnement qui ne me revient pas : sorte de perfection de carré, mais rien de follement original non plus. Ah si, tout de même, ce verre de Volnay 1996, dont la complexité m’a un peu laissé sans voix.

Plateau de fromages superlatif. Honteusement, j’ai demandé à Fabrice de prendre quelques morceaux au cas où le plateau disparaisse trop vite. Las, il est resté et l’on m’aurait resservi, l’eussé-je demandé. Je vous sers un peu plus de Volnay ? Oh oui, et comment donc, n’hésitez pas ! Si j’avais su, je n’aurais pas économisé le premier verre…

Champs colorés : un double dessert comprenant en premier un quartier de pamplemousse mi-gelé mi-confit, et à suivre de la mangue et un caramel accompagnés d’une glace au champignon. J’ai évidemment laissé mon pamplemousse à Fabrice, hormis ce détail fâcheux l’ensemble était d’une finesse toute classique. Jurançon 2009.

Après un café et des mignardises qui constituaient bien un troisième dessert, nous avons souhaité explorer un peu la nuit roannaise. À la réception la demoiselle a eu l’air perplexe que deux jeunes gens veuillent aller faire un tour sur les bords de Loire, à bientôt une heure du matin. Qu’importe, il fallait vivre le rêve jusqu’au bout !

vendredi 22 février 2013

Du und Du

A une époque pas si éloignée, disons jusqu’à la veille de la deuxième guerre mondiale, tout pianiste concertiste ou presque avait à son répertoire un ensemble de morceaux de son cru, d’après des airs célèbres alors en vogue. Cette habitude vient directement de Franz Liszt (1811-1886), pianiste virtuose et compositeur qui a inventé le récital : un artiste qui joue seul devant un public. Pour ses besoins personnels de démonstration de puissance pianistique, Liszt a toute sa vie réécrit, retravaillé des thèmes, des mélodies d’opéra, des airs d’œuvres d’autres compositeurs de son temps et des siècles passés. Il a aussi transcrit un paquet d’œuvres pour son instrument, les symphonies de Beethoven ou une bonne partie du Requiem de Mozart par exemple. Liszt a laissé plus de deux cents de ces transcriptions, pots-pourris, paraphrases ou autres réminiscences de quelque chose, et le résultat redoutable pour le pianiste est passionnant pour l’amateur de piano.

Les pianistes du début du siècle passé, tous ses héritiers quand ils n’ont pas été ses élèves, ont eux aussi (mais dans une moindre mesure) cultivé le genre de la transcription virtuose, de la paraphrase injouable sur un air connu. Morceaux de choix du récital, c’était souvent plein de pièces pas toujours impérissables du point de vue de la composition, mais qui faisaient le bonheur du public.

Aujourd’hui ? presque rien. La tradition s’est perdue, les programmes sont souvent classiques (une sonate de Mozart, une de Beethoven, une de Schubert et hop, rentrez vous coucher). On a tendance à dédaigner ce répertoire jugé pas sérieux et à éventuellement traiter par le mépris les pianistes qui essaient de le perpétuer. Cyprien Katsaris, Marc-André Hamelin, Stephen Hough sont les seuls exemples d’artistes contemporains internationalement reconnus qui me viennent à l’esprit, pratiquant ce répertoire à l’envi. Alors même que Mozart, Beethoven, Mendelssohn improvisaient dans leurs concerts sur les mélodies de leur temps, et je ne parle même pas de Bach.

Sur la trentaine de récitals que j’ai dû voir dans ma vie, je ne sais pas si j’ai entendu cinq transcriptions de Liszt. J’ai parfois envie d’écouter des crépitements, des flammèches, de l’explosif, les impossibles mais tellement renversantes Arabesques sur des thèmes du Beau Danube Bleu de Schulz-Evler par exemple. Ça changerait des nocturnes de Chopin.

Par ailleurs, il y a le disque.

dimanche 17 février 2013

Un week-end strasbourgeois

Une île sur l'Ill

Une île sur l’Ill

 

Les grues de Malraux

Les grues de Malraux

 

L'escalier des Galeries Lafayette

L’escalier des Galeries Lafayette

 

La passerelle Mimram  La passerelle Mimram

La passerelle Mimram

 

Kehl

Kehl

 

La Petite France

La Petite France

lundi 11 février 2013

A faire avant 30 ans

A 16 ou 17 ans, j’avais écrit un poème dont le titre était A faire avant 30 ans. J’y listai quelques choses et d’autres plus ou moins réalistes, et vous avez bien de la chance que je ne me souvienne que du titre. (A ce propos, pourvu que ma mère ne retrouve jamais de poèmes de jeunesse au fond d’un carton ; j’en ai jeté beaucoup ; j’espère en avoir jeté assez, sait-on jamais.)

A faire avant 30 ans, quelle drôle d’idée. Si j’ai un jour, je ne sais pas, 80 ans, je suis persuadé que j’aurais alors de toute façon toujours l’impression d’en avoir encore 20. Le temps passe, on prend, on fait les choses comme elles viennent, sans trop de préméditation, et c’est finalement très bien comme ça. Je n’aurai probablement jamais lu les Collected poems de Derek Walcott ou le Don Quichotte de Cervantes ; il y a peu de chances que je change radicalement de boulot ou que je publie jamais un livre. Doit-on avoir pour autant des regrets plus fondamentaux concernant les choix qu’on ne fait pas, à tant de moments de la vie, ou sur des limitations personnelles ? Plus je vieillis et moins je le pense.

Il faut dire que j’ai la chance de l’avoir belle, la vie ; de bien la gagner, et d’une façon que je juge intéressante ; de me permettre raisonnablement les loisirs et distractions que je souhaite avoir, ce qui agrémente le quotidien ; d’être entouré d’une petite famille, de quelques bons amis, de quelqu’un que j’aime, ce qui le rend plus heureux encore. Le seul vrai hic dans tout cela est que je ne vois pas bien pourquoi elle devrait s’arrêter un jour, la vie, mais on touche à des questionnements que je remets à plus tard.

Au plus tard possible, si vous voulez bien, car ces idées-là pour l’instant s’envolent comme le brouillard qui fuit on ne sait où avec le jour qui se lève sur le Rhône, les matins d’hiver. Car à 30 ans, on a bel et bien toujours l’impression d’en avoir 20.

jeudi 7 février 2013

Un aller-retour

Que retenir de ces quelque 33 heures passées en Chine, à part un bilan carbone désastreux ? Les à-côtés, assurément.

Avant que le départ se confirme, je ne savais pas que j’aurais droit à une place en classe affaires. Ce fut une excellente nouvelle, et une première expérience que je renouvellerai avec plaisir si on me la proposait à nouveau. Alors : champagne avant décollage, à l’apéritif ; bons vins avec le repas (Pouilly-Fuissé de chez Louis Jadot, quel bouquet de fleurs fraîches), digestif. Des plats très honnêtes, et un personnel de bord aux petits soins. Dommage que le prix du billet soit inabordable avec des moyens personnels.

Sur place : deux bons repas également. Le soir de l’arrivée, un hot pot chinois : vous faites cuire la nourriture de toute la tablée dans un bouillon chauffé par du charbon, au centre de la table. Légumes, viandes sont ensuite trempées dans un bol individuel de sauce que l’on agrémente de piments, d’oignons, d’herbes. Le tout arrosé d’alcool de sorgho à 53° (il en existe aussi d’autres marques titrant jusqu’à 70°, nous ont dit nos convives, mais nous n’avons pas essayé). Certains chinois peuvent en boire en quantité déraisonnable comme si c’était de l’eau.

Le lendemain matin, réunion.

Le midi, resto chic de l’hôtel. Tous les plats usuellement servis à table en Chine ont dû se retrouver sur la table tournante à un moment ou l’autre du repas (il y avait un esturgeon entier à se damner), mais plus fins que je ne les avais jamais mangés. Donc, un régal. Ah tiens, l’alcool de sorgho titre à 56° ce midi. Pour autant, j’ai fait le repas à la Tsing Tao (la bière la plus consommée) et suis ainsi parvenu à éviter le déshonneur.

L’après-midi, direction la Cité Interdite. Visite glaciale : -5°C dehors, et de grands vents. Les cinq minutes de la traversée de la place Tian’an men furent bien trop longues, et une fois entrés dans la Cité, nous traversions les cours successives au pas de course avec mon collègue. C’est gigantesque, il faudrait revenir, mais déjà nous avons du y rester trois heures, ce qui n’est pas si mal. Une petite déception : indépendamment du froid, quasiment aucun bâtiment ne se visite, ils restent pour l’immense majorité fermés avec des vitres en plexiglas à travers lesquelles on devine les intérieurs.

Ah oui, les taxis, évidemment. Pour aller à la Cité Interdite, nous en avons pris un. Nous nous étions dit que ça ne valait pas le coup de marcher longtemps (voire très longtemps) jusqu’à la station de métro la plus proche vu qu’à trajet égal, un taxi en Chine doit être 5 à 10 fois moins cher qu’un taxi en France. A l’aller, l’hôtel nous appelle donc un taxi : 31 yuans le trajet d’une demi-heure (4 euros) embouteillages inclus, et déjà je comprenais ce qui allait m’attendre pour le retour et qui ne manqua pas d’arriver. J’avais joué demi fin en prenant une carte de l’hôtel, où son nom figure évidemment en Chinois. Demi fin, car j’aurais pu retenir le nom de la station de métro la plus proche de l’hôtel…  Donc, au retour, premier taxi. Heureusement, on est à Pékin, les taxis baragouinent quelques mots d’anglais. Il demande 200 yuans (sans mettre le taximètre, évidemment). J’argumente, je me démène, je m’énerve. Je le laisse partir. Le deuxième : plus sournois encore que le premier, il fait mine de se creuser la tête, d’avoir l’air de réfléchir au chemin pour aller jusqu’à destination. 140 yuans. Je me calme, je lui dit qu’il mette le taximètre et qu’on verrait la somme finale, il me dit qu’il est cassé, etc. Je menace d’appeler le numéro qui figure sur la plaque bleue et de me plaindre de cet arnaqueur au service compétent. Il éclate de rire que déjà je m’éloigne, pour trouver un troisième taxi de l’autre côté de la rue. Même jeu du conducteur. Même jeu de mon côté. Rien à faire, il me demande 150 yuans. Go to hell!, et la voiture s’éloigne. Mon collègue me regardait faire. Quatrième voiture : ça faisait déjà 20 minutes qu’on attendait dans le froid… 140 yuans. Il y avait apparemment comme un consensus sur cette somme. Je demande 20 yuans, j’explique plein de mauvaise foi et de cynisme que c’est juste à côté, que j’ai payé 15 yuans à l’aller, que c’est intolérable l’image qu’il donne des taxis de son pays aux touristes étrangers, qu’ils prennent tous le métro à cause de la malhonnêteté des taxis. Lui : 130. Moi : 30, mais c’est un prix exagéré. Lui : 130. Je laissais de plus en plus de blancs dans la conversation, et lui restait garé là pour autant. Moi : 30, respectez la loi et mettez votre taximètre, vous verrez que c’est le bon prix (je me contredisais déjà…). Lui : 100, je peux pas faire moins, c’est loin, le trafic, le prix de l’essence, etc. Moi : bon, 40, c’est mon dernier mot. Lui : 100. Mon collègue arrive derrière moi, se penche à la vitre, et braille au conducteur d’une colère froide : écoutez monsieur, vous allez nous conduire à notre hôtel pour 80 yuans. Vous savez que c’est plus que deux fois le prix, nous savons que vous attendez depuis 5 minutes et que vous avez aussi besoin de nous pour vivre. Alors voici vos 80 yuans, et nous partons. Il était monté et je faisais de même. Le taxi démarra.

Le soir : travail glande à l’hôtel, glande à l’aéroport, glande dans le salon avant l’embarquement. Retard de l’avion : décollage vers 2h15 au lieu de 1h40. Repas servi à bord à plus de 3h du matin, je pique du nez dans ma pintade ; même jeu du personnel de bord aussi chouette qu’à l’aller. Transfert à Roissy : j’ai couru littéralement pour avoir le Paris-Lyon, en 55 minutes je vous assure que ce n’est pas évident. Je n’ai pas grugé dans la file d’attente au contrôle de sécurité, qu’il faut repasser.

7h23, je mets le pied dans le second avion, je n’étais même pas le dernier passager, facile. Départ 7h30.

jeudi 17 janvier 2013

Note de l'Auteur

À tous les Lecteurs de la Boca del Inferno™ qui n’auraient supporté son absence d’intrigue, ses personnages en carton et ses excès de rythmes ternaires, qui n’auraient supporté — dis-je — ses longueurs s’étirant interminablement de lenteur en tiédeur et de paresse en mollesse, qui n’auraient supporté — dis-je encore — ses meurtres texaveryesques, ses amours feuxdelamouriennes et ses suspenses derrickéens, qui n’auraient supporté — dis-je enfin, en parlant, cela mérite d’être rappelé, de la Boca del Inferno™ — qui n’auraient supporté, voulus-je dire, son style de stuc, sa forme de marshmallow et son emphase de baudruche, bref : à tous les Lecteurs de la Boca del Inferno™ qui ne l’auraient supportée que pour ses notes de l’Auteur, à tous ceux-là, qui doivent être deux au moins, dont un demi lit encore ce blog, à tous ceux-là, donc, l’Auteur ne saurait trop conseiller la lecture de L’Auteur et moi, d’Éric Chevillard, aux Éditions de Minuit, qui érige la note de l’Auteur en système et de ce système tire des complications merveilleuses.

lundi 14 janvier 2013

Mariage pour tous !

Sous prétexte que le caractère de Néron laisse beaucoup à désirer, nous avons tendance à oublier son bon côté. Nous devrions essayer de nous rappeler qu’il n’assassina pas sa mère avant l’âge de vingt-et-un ans. D’ailleurs, il le fit seulement pour complaire à sa petite amie, Poppaea Sabina, qu’il épousa plus tard et tua à coups de pied pendant qu’elle attendait un enfant. Dans un sens, c’était sa faute à elle : elle le tarabustait sans cesse parce qu’il rentrait tard à la maison, après les courses.

Will Cuppy, Grandeur et décadence d’un peu tout le monde, article Néron, traduction de Fritz Markassin, éditions Wombat.

vendredi 11 janvier 2013

Charles Dantzig a encore frappé

A chaque fois c’est la même chose, ça tient du fanatisme et je ne me soigne pas : je me jette sur le nouveau Charles Dantzig et le goûte, l’apprécie comme un vieux single malt qui dévoile ses arômes lentement, épousant, enveloppant les contours du verre pendant qu’on le laisse s’aérer.

Charles Dantzig aime les listes et les petits chapitres façon fiche (ce qui n’est finalement pas si éloigné), disons plutôt des textes brefs en général et qui se succèdent, pour constituer ses livres. C’est qu’il préfère laisser des trous : ne pas tout dire, laisser le lecteur reconstituer à sa guise ce que l’auteur ne dit pas, à son idée. Charles Dantzig fait incroyablement confiance au lecteur, et il le dit joliment façon aphorisme ou devise : [La littérature] ne s’adresse à personne en pensant que tout le monde est à son meilleur, les religions abaissent les meilleurs en ne parlant qu’à un troupeau.

Son précédent livre était un roman, où il brossait au cours d’un voyage en avion le portrait d’un ami (Dans un avion pour Caracas). C’était d’habiles courts chapitres bien juxtaposés qui, par pointillisme, formaient un beau tableau d’ensemble. Son nouveau livre est donc un essai, consacré au chef-d’œuvre en littérature. C’est par des textes d’une à deux pages, parfois à peine plus, qu’il bâtit son ouvrage, qui a l’apparence d’une simple discussion autour de ce mot un peu intimidant de chef-d’œuvre. Peut-on écrire un chef d’œuvre à la demande ? Y a-t-il des critères pour reconnaître un chef-d’œuvre ? On tourne autour, on essaie de défricher, d’y voir plus clair, et ce n’est qu’un prétexte pour parler de littérature. On y lit quelques très belles lignes sur la jeunesse, sur l’évidence et l’émotion qui sourdent à la lecture du chef-d’œuvre, que l’on découvre bien souvent seul dans son coin le livre à la main. Le chef d’œuvre est inattendu, il a du fulgurant ou du fugace en lui que le lecteur, loin des critiques ou des snobs, comprend pleinement une fois seul face à lui.

L’auteur nous glisse bien de ses goûts, comme dans ses précédents essais Dictionnaire égoïste de la littérature française, et Encyclopédie capricieuse du tout et du rien ; on sourit souvent et l’on a droit à quelques charges, contre le roman réaliste (dans lequel il n’y a pas de trous, où tout est écrit justement) ou Marguerite Duras, car à l’instar de ceux de Jacques Drillon, les livres de Dantzig sont personnels, partiaux. Et c’est précieux.

Alors le chef-d’œuvre, fin de tout pour un auteur ? Le chef-d’œuvre est toujours imparfait car l’auteur est homme, nous dit Charlie. C’est un facteur de charme supplémentaire. Je me demande de quoi il ne va pas parler, guettant les apaisements de sa prose, les passages où les exemples et références nombreux vont l’être moins ; en somme, les instants de faiblesse qui rapprocheront encore un peu plus l’ouvrage de son sujet.

A propos des chefs-d’œuvre, C. Dantzig, Grasset, janvier 2013

samedi 5 janvier 2013

Il y a une vingtaine d'années...

Le hasard vous fait parfois tomber sur un excellent professeur : tel fut M. Monvoisin, mon professeur de musique au collège Lavoisier de Pantin.

Pendant ces quelques années, à raison de deux heures par semaine, il a pu nous faire chanter de la chanson française (beaucoup) ; j’ai souvenir de Jonasz, Souchon, Brassens, Gainsbourg. J’en oublie évidemment. Je me rappelle aussi qu’on nous ait expliqué ce qu’était une suite, une symphonie, comment lire sommairement une partition, qui étaient les grandes figures de l’histoire de la musique européenne, certes avec des succès mitigés. Bon, devant des gamins de 12 ans de Seine-Saint-Denis, il sacrifiait aussi à l’évidence en passant de la pop et du rap. J’ai ainsi chanté les Beatles, Madness, McSolaar, et j’en oublie à nouveau.

Il n’oubliait pas le rythme, le sens de la progression de la musique : qu’est-ce qu’on a pu taper sur des claves ! En revanche, pas de flûte à bec, jamais, préservons autant que possible les oreilles de tous et surtout des autres classes voisines (les murs n’étaient pas bien épais). On martyrisait aussi les bongos, qui avaient sa faveur. Je ne sais si ça valait mieux.

Petit signe amical en guise de reconnaissance.

vendredi 28 décembre 2012

Le mélomane tatillon

Je tombe sur un disque d’œuvres pour piano pour la main gauche au premier abord assez tentant. Comme on le sait peut-être, ce genre assez particulier m’est familier. A l’écoute, il se trouve malheureusement que le pianiste n’est vraiment pas à la hauteur, et qu’en plus il a tendance à raconter n’importe quoi dans le livret de son disque.

J’avais été attiré par l’un des morceaux du disque, le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel dans laquelle l’interprète joue avec sa seule main gauche la partie de piano et la partie d’orchestre. Trop beau pour être bon ? La transcription est du pianiste lui-même, assez infidèle en bien des passages (mais comment rendre l’orchestre de Ravel avec une seule main, et qui la pauvre de surcroît doit déjà jouer une partie de piano concertant ? forcément, on en laisse de côté). Dommage, toute la noirceur du morceau est évacuée, les passages jazz sont plats, et le tout prend 21 minutes pour des interprétations habituelles comprises entre 15 et 18 minutes. C’est globalement raté.

Paul Wittgenstein, dédicataire de l’œuvre, n’a pas modifié le concerto de Ravel pour le simplifier, mais pour qu’il sonne mieux, ce qui est différent, la modernité de Ravel ne lui ayant tout d’abord pas convenu. Il reviendra plusieurs années plus tard sur cet acte et fera son mea culpa auprès du compositeur.

Par ailleurs : non, les œuvres pour la main gauche de Saint-Saëns, Alkan, Blumenfeld, n’en déplaise à l’interprète, ne sont pas introuvables dans le commerce. De plus, Brahms n’a pas écrit une transcription pour la main gauche de la Chaconne de la deuxième partita pour violon de Bach parce qu’il voulait que le pianiste ressente les mêmes sensations et difficultés techniques qu’un violoniste. Il l’a écrite pour Clara Schumann à une période où elle ne pouvait se servir de sa main droite. En plus, par rapport au morceau d’origine, Brahms a tout décalé d’une octave dans le grave, ce qui fait que le morceau sonne dans la tessiture du violoncelle.

Enfin : je ne sache pas qu’il existe de version au piano pour la seule main gauche de La Valse de Ravel dans le commerce (mais j’ai peut-être mal cherché), et il me semble que les danses baroques qui ont inspiré Saint-Saëns pour sa Suite sont du XVIIe ou du XVIIIe et non du XVIe siècle.

Qui trop embrasse mal étreint, tout le monde n’a pas le talent d’un Liszt ou d’un Gould pour se passer d’un orchestre comme cela ; ni pour se passer d’un ami musicologue ou spécialiste pour rédiger un texte d’accompagnement. Ni une technique infaillible pour transcrire et jouer des morceaux si complexes.

 

Maxime Zucchini, Œuvres pour la main gauche - Anthologie Volume 1 - Ad Vitam (2012)

Leon Fleischer, Recital - Sony Classical (1993) ou Michel Beroff, Œuvres pour la main gauche - EMI (1988), pour de bonnes interprétations de la Suite de Saint Saëns pour la main Gauche, ainsi que de l’Etude de Blumenfeld

Marc-André Hamelin, Live at Wigmore Hall - Hyperion (1994) pour une bonne interprétation de la Fantaisie d’Alkan pour la main gauche

Samson François (piano), et André Cluytens, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire (1960) ou François René Duchâble (piano) et Michel Plasson, Orchestre du Capitole de Toulouse (1996) pour d’impérissables concertos pour la main gauche de Ravel.

dimanche 16 décembre 2012

Et maintenant ?

Quelques milliers de gens ont marché, ce week-end : ils demandaient à pouvoir se marier. D’aucuns le leur refusent, car tant de gens voulant sincèrement se marier, quand tant d’autres y renoncent ou divorcent, car tant de nouveaux mariés, disais-je, affaibliraient l’institution du mariage.

Quelques milliers de gens ont marché, ce week-end : ils demandaient à pouvoir signer au bas d’un parchemin, devant un officier d’état civil, à pouvoir signer disais-je un formulaire mettant l’État au milieu de leur couple. D’aucuns le leur refusent, car donner ce nouveau pouvoir à l’État déstructurerait la société.

Quelques milliers de gens ont marché, ce week-end : ils demandaient à pouvoir offrir à leurs enfants un cadre stable où grandir, où s’épanouir, où jouir de l’amour de leurs parents et, dût cet amour cesser, où n’en pas trop souffrir. D’aucuns le leur refusent, car assurer le bien-être de ces enfants serait contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant.

Et l’on ose dire que la France est le pays de la logique.

mercredi 5 décembre 2012

Resquiat in pacem

Lorsque j’étais adolescent, nous allions parfois manger à un tex mex le vendredi soir. Avec la belle-mère, le père, le demi-frère, on se retrouvait autour d’une table couverte d’un bon morceau de plexiglas (pour pouvoir frapper la tequila), près des néons de pub pour une bière mexicaine, la Dos Equis. Et que croyez-vous qu’il manquât, en sus des propriétaires mexicains eux aussi ? Des mariachis.

Ils étaient deux, costumés ; ils chantaient (hurlaient) très fort, à vous casser la tête bien plus que la tequila de fin de repas. Leur répertoire était essentiellement constitué de classiques mexicains, espagnols, vous voyez bien le style. Ils faisaient le tour des tables, et vous demandaient avec un fort accent la chanson que vous souhaitiez pour accompagner votre repas lorsqu’ils arrivaient à la vôtre.

Take five ! a lâché mon père, de guerre lasse après un énième soir de Besame mucho et autres Comparsita. Le morceau de Jazz, là ?, bredouilla le premier guitariste, celui qui ne prenait ni les maracas ni les castagnettes. Mon père, fortement affirmatif : Oui, Dave Brubeck, vous connaissez ?

Et ils enchaînèrent endiablés, en braillant, ce morceau qui est pourtant instrumental, à la sauce Cucaracha.

Aujourd’hui que Dave Brubeck est mort, je repense à ces quelques moments. A vrai dire, chaque fois que je lis Dave Brubeck, qu’on m’en parle, ou que Fabrice en met un disque, je pense immanquablement aux mariachis.

¡ Ay !

samedi 1 décembre 2012

Mettre de l'huile de coude

C’est d’une saleté repoussante !

 

Des arômes de fruits rouges bien murs

Souffler dans les bronches

Envoyer du pâté

Avoir deux mains gauches

A qui mieux mieux

Manger à s’en faire péter la sous-ventrière

Se jeter dessus comme la pauvreté sur le monde

Un pull dégueulis de framboise

Ne pas casser trois pattes à un canard

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