lundi 26 novembre 2012

Fabulette (encore)

Ratapom et ratapon
Dieu seul sait pourquoi
Ratapom et ratapon
Régulièrement on doit
Ratapom et ratapon
Glisser malgré soi
Ratapom et ratapon
Un vers absurde et un peu con

jeudi 22 novembre 2012

Non-inventaire

Je n’ai jamais volé, tué ou travaillé sérieusement un dimanche ; je n’ai commis ni adultère, ni idolâtrie, ni faux témoignage ; je n’ai de cesse que d’honorer mon père et ma mère, en cueillant les fruits des chances qu’ils m’ont données, en aimant comme ils m’aiment. Il m’arrive, certes, parfois, d’évoquer en vain le nom de Dieu, mais, nom de Dieu ! à qui cela n’arrive-t-il plus de nos jours ? Quant à honorer d’autres dieux que Dieu, qu’Il m’en préserve : pour être sûr de ne pas me tromper de dieu, je n’en honore aucun, ce qui est fort malin, quoi que je n’honore pas non plus le Malin. Je n’ai jamais, pour finir, convoité la femme de mon voisin — serait-ce le problème ?

Je n’ai jamais détourné d’argent, je n’ai jamais trafiqué d’influence, je n’ai jamais été corrompu ni n’ai jamais corrompu, je n’ai jamais été condamné, je n’ai jamais été soupçonné, je n’ai exercé aucun emploi fictif, ni n’en ai accordé, je n’ai jamais voté pour mon intérêt particulier contre l’intérêt général, tel que je le concevais. J’ai, cependant, je le confesse, trafiqué au moins une fois une élection : c’était au collège, je  briguais la délégation de classe, et je n’ai pas voté pour moi, mais pour Antoine, qui n’était peut-être même pas candidat, mais que j’aimais bien, depuis le CP, pour ses cheveux blonds notamment, qui étaient beaux et blonds, certes, mais n’étaient pas un bon motif de vote, et pourtant — serait-ce le problème ?

Je n’ai jamais dégradé le mobilier urbain, je n’ai jamais tagué un mur, je n’ai jamais rayé une vitre de bus, je n’ai jamais fumé. J’ai déjà vomi dans la rue mais, Camille en témoignera, j’ai couru vers une poubelle où j’ai œuvré, consciencieusement. J’ai, certes, déjà uriné : contre un mur, au pied d’un arbre, dans un terrain vague, en forêt, dans des toilettes publiques, contre des toilettes publiques mais elles étaient hors service et constituaient l’ultime frontière qui séparait mon pantalon d’une humidité menaçante. C’est là l’usage le plus exubérant que j’aie fait de l’espace public, hors ce rêve où un pompier me retrouvait au milieu des dunes pour me sauver d’une tempête de sable — serait-ce le problème ?

Je n’ai jamais été un rebelle, ni un contestataire. Je ne me suis extrait d’une petite classe moyenne timide et discrète que vers une petite bourgeoisie timorée et tiède. Jamais la République, la Nation, la France n’ont tremblé sur leurs bases à cause de moi, ni la société, ni l’Europe, ni le monde. Quelles bases fragiles il leur faudrait ! Et quand bien même ?

J’aime Romain et je ne comprends pas en quoi cet amour, ou sa reconnaissance, ou celle du couple qu’il a permis, serais-je même un trublion, le couteau entre les dents, la banderole au poing, je ne comprends pas en quoi cet amour menacerait la société.

(Bisous, môssieu.)

mardi 13 novembre 2012

Communiqué de presque

Malgré les messages rassurants de l’élite technocratique, les événements dramatiques de ces derniers mois prouvent une fois de plus l’impuissance mortifère des sachants. Loin des propos lénifiants d’autoproclamés spécialistes, ces désastres dont on ne peut encore mesurer l’ampleur ne montrent que trop combien la technologie promue par les experts n’est que trop fragile face aux forces de la Nature.

Les différents lobbies, technologistes et financiers, auront beau faire pour tourner en ridicule notre message, l’évidence et le bon sens sont têtus qui persistent à nous donner raison. De tout temps, l’Homme a été attiré par les contraires : Prométhée, par le feu ; Narcisse, par l’eau : deux désirs funestes. Depuis l’Atlantide, on voit bien que l’Homme, quelqu’égal qu’il se croie des dieux, ne sait pas et ne saura jamais vivre au bord de l’eau.

Nous exigeons en conséquence du gouvernement les mesures indispensables qui s’imposent à lui : primo, l’évacuation et l’abandon immédiats des villes de Marseille, Toulon et la Rochelle ; secundo, la délocalisation de Bordeaux à Auch et de Nantes à Limoges ; tertio, un plan crédible de sortie de l’humidité permettant, à horizon 2020, d’implanter 50% des Français au cœur du Sahara.

L’œil vengeur de nos enfants nous observe et nous oblige.

Lyon, le 13 novembre 2012.

vendredi 9 novembre 2012

Le goût de Londres : les vues

Barbican

Barbican

 

Tower bridge

Tower bridge

 

 

Docklands

Docklands

 

 

Hampstead Heath

Hampstead Heath

(Photos de FabriceD)

mardi 6 novembre 2012

Le goût de Londres

Un bon Londres, est un mélange de plein d’ingrédients. Avec le temps on prend ses habitudes, on se familiarise. On finit par se sentir chez soi, il faut dire qu’il suffit de se retourner pour tomber sur un Français… mais ce n’est pas pour cela qu’on y va, évidemment. Presque at home donc, comme le dit Richard Osman (co-présentateur de Pointless), en aspirant le deuxième mot comme jamais je n’arriverai à le faire.

Où manger ? A l’indien près de Russell square (pas de nom mais j’y vais les yeux fermés) ; au Gay Hussard, restaurant hongrois sympathique dans Soho ; dans les pubs, où l’on va pouvoir finir par publier un classement de la meilleure sausage and mash.

Les lieux ? Les pubs, avec pinte tiède obligée. Les librairies d’occasion de Charing Cross road, il n’en reste que trois de bien, prions pour qu’elles survivent encore quelques années. Bon, il y a Foyles bien sûr, mais ce n’est pas pareil même si le choix est démentiel. Parce que malgré tout, il est plus économique d’acheter des livres en anglais dans le bon pays… Jermyn street, et ses boutiques de tailleurs sur mesure. Soho et Covent Garden pour l’ambiance, même si on ne fait qu’y passer, Bloomsbury pour le calme et les grands squares. Les docklands, réhabilités sur des kilomètres, cette déclaration d’amour à la brique sur tous les tons (mais c’est un peu tout Londres comme ça, c’est vrai). Le trajet du Royal Albert Hall à Harrods. Le calme de Chelsea. Holland Park et ses baraques super chics, qui sont peut être seulement concurrencées par celles de Notting Hill. Hampstead et sa lande en centre ville, apaisement et maisons cosy à portée de la main à défaut d’être à portée de bourse (prix certainement aussi horrifiques que Holland Park ou Notting Hill) ; Highgate, presque un petit village un peu plus haut que Hampstead et si charmant. Le quartier du Barbican, bâtiments surélevés au style terriblement 70s, mais pas si moches, l’ensemble étant très unitaire.

Les vues ? Toute la ville depuis Parliament Hill au nord (dans Hampstead Heath) ou depuis l’observatoire de Greenwich au sud, le Royal Albert Hall depuis les Kensington gardens, les Houses of Parliament depuis la rive droite de la Tamise, toute la ville mais de plus près depuis Primrose Hill un peu au nord de Regent’s park.

Que faire absolument ? Passer fût-ce en coup de vent à la National Gallery, où des centaines de tableaux sont directement accessibles (on peut entrer comme dans un moulin, voir huit Monet, deux Van Gogh et la dizaine de Canaletto qu’on ne connait pas encore tout à fait par cœur, et repartir. Si seulement on pouvait faire pareil au Louvre) ; pousser jusqu’à la Tate Modern où les Bacon sont beaux. Regarder les talk shows ou les jeux télévisés, ils sont bons surtout parce que tout le monde essaie d’y rivaliser d’humour, c’est tellement moins lisse qu’en France. S’arrêter chez Foyles juste pour être estomaqué par la taille du rayon consacré à Agatha Christie. Aller voir un concert, une comédie musicale, une pièce de théâtre. Et dire que cette fois on a raté de peu des places pour une des dernières pièces d’Alan Bennett au National Theatre. Marcher dans les parcs, dans les quartiers… Le tube est le tue l’amour de la découverte. Fuir Camden lock ; faire un tour de bateau sur la Tamise (nombreux arrêts entre Westminster et la Thames Barrier proche de l’estuaire) ; se perdre entre les dizaines d’églises de Wren dans la City.

Finir par viser le délire de briques néogothique de Saint Pancras, annonçant déjà qu’il faudra revenir.

mercredi 24 octobre 2012

Mon père, ce héros au sourire si doux

Je n’ai aucune relation avec mon père.

C’est une personne bien réelle pourtant, que je vois quelques fois dans l’année, et avec qui je parle lorsque nous nous voyons, ou d’autres fois. Cela n’empêche pas qu’il me soit pour ainsi dire étranger, malgré la filiation, et vraisemblablement que je lui sois étranger aussi.

Je n’ai pas trop l’idée de ce qu’un jeune homme presque trentenaire peut bien usuellement échanger avec son père, ni plus généralement quelle relation ils peuvent avoir.

Le mien approche doucement des soixante ans, de sa retraite, et de préoccupations certainement différentes des miennes. Je ne sache pas qu’il lise, par exemple. Mais qu’en sais-je vraiment ? Rien. Nos échanges téléphoniques se résument à peu ; exactement, ils sont très résumés. Le strict nécessaire, ce qui est tellement plus vain que l’inutile dont je me réjouirais. Dès que je dévie des formules de politesse, des grands-parents et des prochaines vacances (du dernier film vu au cinéma, à la rigueur), cela devient artificiel, hésitant, cela ne marche pas. Je n’essaie plus d’évoquer le travail, c’est déprimant et n’aboutit pas plus. L’entretien est donc bref le plus souvent. Il est d’ailleurs exclusivement à mon initiative, et hormis le 1er janvier et le 11 février, je doute recevoir jamais un coup de fil de sa part. (Je n’ai jamais tenté l’expérience d’attendre sans appeler, mais tente-t-on ce genre de chose ?) Dans l’instant présent, je ne sais si je dois m’en plaindre, si cela m’indiffère, d’appeler pour ne rien dire, simplement que tout va bien, merci, si cela me déprime, m’inquiète, m’est égal, m’attriste. Ce billet me fait pencher pour certains verbes plus que d’autres.

Nous avons pourtant de très nombreux goûts commun, et sommes liés, que je le veuille ou non, qu’il le veuille ou non, par des choses et des êtres, liens qu’il ne nous appartient pas de pouvoir briser : la peinture, l’architecture, Georges Brassens, le dessin, les films de Stanley Kubrick (et je vois déjà que je peine à ajouter à la liste), une famille, des lieux, trois décennies. Ma mère. Mais il est probable que trop d’autres choses et êtres nous séparent.

Je me dis parfois que cela va changer ; aussi bien, il n’y a aucun risque que cela change, surtout que la distance qui nous sépare ne va qu’augmenter puisqu’il va aller passer une bonne part de ses vieux jours à l’étranger. La quantité d’égoïsme et de non-communication présente de part et d’autre doit être la seule explication. Lorsque je veux essayer de me rapprocher, ou je ne trouve pas comment, ou je trouve mais j’échoue. Picasso et les maîtres, il y a une dizaine d’années de cela, au Grand Palais : une exposition noire de monde, pour laquelle nous avions fait plus de trois heures de queue (je ne connaissais pas les billets coupe-file…). Que nous sommes-nous dit en attendant ? Des banalités, et pour la plupart du temps de cet après-midi, rien.

Une chose est sûre : je n’ai pas voulu cet état de fait, qui est.

J’aime mon père.

Ce qui me sert de titre est un vers de Victor Hugo, qui apparaît deux fois dans toute la Légende des siècles. Je n’ai pas le courage de chercher où.

samedi 20 octobre 2012

Y a-t-il de bons auteurs de science-fiction ?

Ou encore : n’y a-t-il que de mauvais films d’horreur ?

Un peu de provocation dans ces questions, qui sont en fait mal posées. On discutait hier et on essayait de savoir pourquoi certains genres avaient moins les honneurs que d’autres, voire pouvaient être totalement pris de haut ou ignorés par la critique ou une bonne partie du public. On peut s’en attrister, mais c’est certainement dû à ce que les œuvres qui relèvent de ces genres sont mauvaises. Ce n’est pas la faute à un genre en particulier, mais aux seuls réalisateurs, écrivains, artistes.

Il me semble que quel que soit le supposé genre d’une œuvre, si l’œuvre est bonne elle survit, elle est regardée, lue, écoutée. La question de son genre n’a rien à voir avec sa qualité. Madame Karsenti, une de mes vénérées professeurs de collège, quand ses élèves lui parlaient de films d’action, répliquait du tac-au-tac que l’action n’est pas une valeur parce que dans tous les films (ou presque) il y a une action. Objection : certains films, par exemple, ne seraient compréhensibles que parce qu’ils s’inscrivent dans un genre particulier, ou qu’ils en empruntent les codes. Chinatown, de Polanski, serait ainsi un chef d’œuvre mais on ne s’en rendrait compte que parce que l’on sait que c’est un hommage au film noir d’une grande finesse. Qu’il soit un tel hommage est pourtant un incident. Si le film est bon c’est assurément qu’il l’est avant tout selon des critères purement cinématographiques : beaux plans, ajustement du scénario aux images, musique en accord avec l’ensemble, excellent jeu des acteurs, etc.

En poussant à l’extrême, on pourrait considérer qu’il n’y a pas de genre. A l’écrit, il y a bien des classifications très générales comme roman, théâtre, poésie. Mais les bons textes dépassent ses catégories. Je sais que le théâtre de Victor Hugo relève du drame romantique, héritier du théâtre de Shakespeare et qui respecte des tas de codes, où l’on meurt violemment sur scène, etc. Cela peut m’aider dans certains cas à donner plus de sens à ce que je lis, mais cela ne permet pas d’en déterminer la valeur. Je sais que Ruy Blas est meilleur que n’importe quel poème de Sully Prudhomme, et ce n’est pas dû à ma connaissance ou méconnaissance de la poésie française autour de 1900. Bérénice est un petit bijou parce que Racine y a mis des vers sublimes qui en font la grandeur ; et pour un Racine, combien compte-t-on d’auteurs de pièces de théâtre du même siècle, qui employaient les mêmes mots, écrivaient en alexandrins, respectaient la règle des trois unités ? Il existe de bons auteurs de science-fiction mais ce n’est pas parce qu’ils écrivent de la science-fiction. C’est parce qu’ils écrivent bien.

Si ces auteurs sont moins connus que d’autres (encore que), sont méprisés, considérés avec condescendance, je vois deux explications possibles.

La première est qu’ils sont mauvais. Représentant une part modeste de l’ensemble des écrivains du monde, il serait tout à fait concevable statistiquement que malheureusement il n’y en ait pas un seul de bon… ou que les bons écrivent autre chose.

La deuxième explication est que le goût d’une époque ne constitue pas un bon jugement. On ne juge jamais bien les hommes si on ne leur passe les préjugés de leur temps ; cela vaut bien pour un film ou un livre. On peut tout à fait préférer Le Chevalier avare de Rachmaninov à Dido and Aeneas de Purcell, or le premier est assez calamiteux, le deuxième un chef d’œuvre : c’est un jugement qui ne dépend pas de mon goût personnel, on dirait presque que c’est un fait. Le problème est qu’il faut alors attendre longtemps pour juger, pour s’extraire d’un contexte, de l’esprit du temps, et même en attendant rien n’est jamais totalement absolu… Dans leur Dictionnaire de la bêtise, Jean-Claude Carrière et Guy Bechtel n’ont pas fait autrement, refusant d’inclure des citations trop récentes. Cela n’empêche pas que s’ils refaisaient un tel dictionnaire aujourd’hui ils en modifieraient sûrement le contenu.

Peut-être aujourd’hui pense-t-on pis que pendre de la science-fiction, peut-être demain ne lira-t-on plus les dizaines d’essais écrits par nos hommes politiques et journalistes qui paraissent chaque année. Si nous ne le faisons pas ou ne savons pas le faire, la postérité fera le tri.

dimanche 14 octobre 2012

Deux écrivains français

Charles Dantzig (1961-) est polyvalent. Poète, essayiste brillant (voir ses excellents Dictionnaire égoïste de la littérature française et Encyclopédie capricieuse du tout et du rien), romancier, traducteur sont parmi ses diverses casquettes. Dans sa production littéraire, on relève des tas de trucs (loin de moi l’idée d’un jugement dépréciatif en employant ce terme) dont l’un de ses favoris semble être de couper certains passages de ses romans par des […]. Comme si son manuscrit s’était endommagé, qu’on en ait perdu des morceaux, qu’on l’ait retrouvé dans un état partiel, ou autre chose. On note l’à-propos d’un tel procédé, bien souvent parce que l’auteur en use finement. Il n’empêche, cela peut lasser, d’autant que Dantzig est pourfendeur du cliché, du déjà vu, des stéréotypes ; qu’il évoque justement le premier auteur à utiliser ces […] dans ce but précis au détour d’un de ses livres, pour mieux les reprendre à son compte dans certains de ses ouvrages. Et l’on guette l’apparition de ces petites interruptions à la lecture de chacun de ces nouveaux romans. (Je ne sache pas qu’il y en ait un seul dans Dans un avion pour Caracas, son dernier livre, mais mon goût pour Dantzig me fait sûrement escamoter la réalité). Comme on attend, au concert d’un chanteur qu’on aime, le morceau que l’artiste ne manquera pas de chanter.

Jacques Drillon (1954-) est polyvalent. Critique, grand connaisseur de la chose musicale, de stylistique, de la langue française, il a récemment publié un petit opuscule de courts récits érotiques, Six érotiques plus un. Je ne l’attendais pas sur ce terrain-là, mais j’ai beaucoup ri. A coté de son immense Traité de la ponctuation française, historique et érudit en même temps que drôle et diaboliquement précis, Drillon digresse beaucoup dans de courts ouvrages, toujours passionnants, souvent teintés de mauvaise foi voire de méchanceté. Mais cela n’a aucune importance. Drillon, lui aussi, semble avoir un pêché mignon : mettre tout un paragraphe entre parenthèses. Cela revient fréquemment dans Sur Leonhardt, que je viens de poser, à tel point qu’on se demande si c’est une connivence que l’auteur veut établir avec son lecteur, si veut réellement placer ce qu’il dit entre parenthèses (à plusieurs reprises, j’en douterais) ou s’il fait cela sans s’en rendre compte.

N’importe, d’autres détails sont si précieux chez ces deux-là qu’on les lit.

lundi 8 octobre 2012

Fabulette

Quel petit couple charmant,
Quel bonheur constant,
Parfait en chaque instant,
Si ce n’est concernant
La cuisson des aliments.

Le premier, tout menu,
Les aime quasi crus :
Croquent les laitues,
Les radis, les barbues,
Craquent aussi les merlus.

Au contraire, le second,
Plus charnu et plus rond,
N’aime que ce qui fond,
Et craint ce qui rompt,
Carottes, haricots et bâtons.

La bataille empiète sur la nuit,
Les voisins se plaignent du bruit.
Quelle cause, cette fois, au conflit ?
Des petits pois trop cuits,
Un canard manquant de confit.

Chacun tient à son goût,
Pour le dur, pour le mou.
Le contrôle du faitout
Finit par les pousser à bout
Et le repas déchire les époux.

Ah ! Que c’est rageant !
La recette est-elle donc perdue
De la parfaite cuisson
Du chevreau mi-cuit
Au chou tout mou ?

mercredi 3 octobre 2012

Six ans : bientôt l'âge de raison ?

Le 2 octobre 2006, j’étais le dix-neuvième salarié de l’agence de Lyon ; nous sommes maintenant pile cinquante.

Ma pile de feuilles de brouillon, commencée le jour de mon arrivée, diminuée au fur et à mesure des besoins, augmentée au fil des impressions ratées et autres gâchis de collègues, faisait ce matin presque 11 centimètres de haut (un mille feuille, quoi).

J’ai effectué des déplacements dans quatre pays étrangers : l’Allemagne, l’Arménie, la Belgique, la Chine, et ai travaillé sur des projets situés dans cinq pays étrangers : l’Arménie, la Belgique, la Chine, la Finlande, le Royaume-Uni.

A vol d’oiseau, le projet le plus proche sur lequel j’ai travaillé est situé à 7 kilomètres de mon bureau, le plus lointain à 10 000 kilomètres environ.

J’ai fait au moins 32 fois l’aller-retour Lyon-Paris dans la journée.

J’ai eu l’occasion de travailler sur des projets concernant une quarantaine de centrales nucléaires en service, en construction ou en projet.

De près (il m’arrive de faire encore quelques trucs sur le projet pour lequel j’ai été embauché) ou de loin (une heure ou deux), j’ai travaillé sur 21 projets.

Un musée, deux barrages et un bâtiment traditionnel étaient ou sont encore parmi les ouvrages sur lesquels je suis intervenu.

Je n’ai jamais changé de place, ni de chaise, ni de bureau, et je pense que sur les dix-neuf collègues présents il y a six ans, seuls deux pourraient dire la même chose.

Près de 350 croissants et pains au chocolat, que j’aurai achetés avec gourmandise, ont rythmé certaines pauses café comme celle de ce matin.

Trois plantes, dont deux bonsaïs, ont verdi plein ouest à ma fenêtre, en regardant la basilique de Fourvière.

samedi 29 septembre 2012

Alfred, Lord Tennyson

Dans quelques jours, il y aura bientôt 120 ans que Tennyson (1809-1892) disparaissait. J’en ai déjà touché deux mots dans un précédent billet : très grand poète, révéré à son époque à l’égal de Victor Hugo chez nous, Tennyson laisse des pages que l’on ne lit plus trop aujourd’hui. Un peu fleur bleue, un peu fanées ces pages peut-être ? Il disait pourtant l’amour et le passage du temps comme peu. Si ses vers peuvent par endroits faire sourire le lecteur moderne, une émotion peut sourdre à un détour du texte sans crier gare et vous soulever, parce qu’elle est simple et belle. Voici comment il débute son Enoch Arden (1864), que je persiste à trouver un bien beau texte anglais. Un climat s’installe comme sur un air de légende, et on y lit déjà une prémonition de la fin solitaire du héros, dont la vie sera effacée par la marée comme simple trace de pas. In my beginning is my end, devait dire T. S. Eliot quatre-vingts ans plus tard…


Long lines of cliff breaking have left a chasm;
And in the chasm are foam and yellow sands;
Beyond, red roofs about a narrow wharf
In cluster; then a moulder’d church; and higher
A long street climbs to one tall-tower’d mill;
And high in heaven behind it a gray down
With Danish barrows; and a hazelwood,
By autumn nutters haunted, flourishes
Green in a cuplike hollow of the down.

Here on this beach a hundred years ago,
Three children of three houses, Annie Lee,
The prettiest little damsel in the port,
And Philip Ray the miller’s only son,
And Enoch Arden, a rough sailor’s lad
Made orphan by a winter shipwreck, play’d
Among the waste and lumber of the shore,
Hard coils of cordage, swarthy fishing-nets,
Anchors of rusty fluke, and boats updrawn,
And built their castles of dissolving sand
To watch them overflow’d, or following up
And flying the white breaker, daily left
The little footprint daily washed away. […]


( Le défilé des falaises déchirées a laissé place à une faille ;
Il y a dans cette faille de l’écume et des sables jaunes ;
Au-delà, des toits rouges regroupés autour d’un étroit quai,
Une église qui tombe en ruine, et plus haut
Une longue rue grimpant jusqu’à un grand moulin qui se dresse là ;
Et haute dans le ciel derrière lui une grise colline
Surmontée de tumulus danois ; un bois de noisetiers
Hanté l’automne par les ramasseurs de noisettes, dont la verdure
s’épanouit dans un creux de la colline, tel une tasse.

C’est ici, sur cette plage il y a cent ans,
Que trois enfants de trois maisons, Annie Lee,
La plus jolie jeune fille du port,
Philip Ray, fils unique du meunier,
Et Enoch Arden, frustre gamin de marin
Devenu orphelin un hiver suite à un naufrage, jouaient
Parmi les laisses de mer et le bois flotté du rivage,
Les raides cordages enroulés, les filets de pêche salis,
Les ancres aux pattes rouillées et les épaves de bateaux,
A construire leurs châteaux dont le sable se disperse
Pour les voir détruits par les flots, ou à courir,
Voler dans les blanches déferlantes ; laissées chaque jour,
Leurs petites empreintes étaient chaque jour emportées. […] )


dimanche 23 septembre 2012

Pour ne pas s'en prendre une (de veste)

Ça m’énerve, tous ces gens qui portent costume ou simple veste avec un jean, et qui la boutonnent n’importe comment. Alors, si vous portez une veste, que les choses soient claires une bonne fois pour toutes.

Si vous êtes à l’intérieur, ne boutonnez pas votre veste. A moins qu’il n’y ait pas de chauffage et qu’il fasse moins dix dehors, qu’il y ait un méchant courant d’air, que l’isolation soit celle d’un bâtiment du début des années 1970, bref, à moins que vous ayez une raison calorique de le faire, votre veste reste déboutonnée. Ce vêtement est fait pour être porté ainsi. Le nouveau petit jeune qui présente la météo à la place de Laurent Romejko, là, les deux boutons de sa veste bouffonnement attachés alors que sous les projecteurs il doit crever de chaud le pauvre, laissez-moi rire.

Vous êtes dehors, il fait chaud ; vous êtes au soleil ; il n’y a pas de vent et la température est printanière ou estivale : votre veste est déboutonnée. Si vous voulez faire le pingouin, choisissez la banquise.

Vous êtes dehors, il fait frais, ou froid ; vous n’avez pas de manteau : vous pouvez boutonner votre veste. Enfin !

Oui, mais.

Votre veste comporte (sauf costume de scène pour lequel je décline toute responsabilité) de un à quatre bouton(s) qui peuvent s’attacher, que la veste soit croisée ou non. Le bon goût parfaitement objectif et absolument incontestable me pousse alors à énoncer les principes indépassables suivants.

Si la veste est pourvue d’un seul bouton, vous le boutonnez (mais je sais que vous y auriez pensé).

Si la veste a deux boutons, vous ne boutonnez que le seul bouton du haut. Jamais les deux, c’est moche et vous seriez engoncé. Jamais le seul bouton du bas, c’est très moche et la veste bâillerait.

Si la veste a trois boutons, vous boutonnez le bouton central. Ceci vous confère l’aspect décontracté et idoine qui sied au porteur de veste à trois boutons. Vous pouvez à la rigueur boutonner les deux boutons les plus hauts, perdez alors un point de décontraction mais gagnez un point de sérieux. Voyez Cary Grant dans un Hitchcock, il fait cela à merveille. Vous ne boutonnez jamais les trois boutons, auquel cas c’est très moche et vous seriez très engoncé. Vous ne boutonnez jamais les deux boutons du bas, auquel cas c’est vraiment très moche et la veste bâillerait vraiment ; vous ne boutonnez jamais, mais vraiment jamais le seul bouton le plus bas, quelle horreur. Et la veste, tout ça.

Si la veste a quatre boutons, félicitations ! c’est que vous venez de vous marier. La circonstance vous impose une solennité légèrement compassée, qui, si elle n’est heureusement que temporaire, vous oblige le plus humble respect des convenances et de votre belle famille. La veste restera donc déboutonnée ; si les boutons devaient être attachés (voir éventualités météorologiques ci-dessus), boutonnez les trois du haut. Rien d’autre.

A moins éventuellement d’être jeune marié (et encore), vous ne portez évidemment pas de veste à quatre boutons, quelle idée !

vendredi 21 septembre 2012

Je, etc.

Certains livres procurent d’autant plus de plaisir qu’ils sont loin de nous. Du haut de son mètre cinquante, Mme V. nous l’avait dit, jadis, au lycée Blaise Pascal : L’infini, ça peut être très proche, quand on est tout petit. (Elle parlait des cristaux infinis.) Il y a donc loin et loin : le Japon de Murakami, lointain car japonnais ; le Concarneau de Simenon, éloigné au bout d’un demi-siècle.

Un antipode, parmi d’autres : la Correspondance de Voltaire. Certaines distances se comptent en mètres, d’autres en siècles ou en dollars ; celle-ci, en lettres : entre 1711 et 1778, Voltaire en aurait écrit plus de dix mille, dont je ne sais combien où il se dit mourant, ah ! ma chère, je ne regretterai dans ma tombe que ne plus vous voir, et d’enterrer l’un après l’autre tous ses correspondants.

Comment imaginer aujourd’hui une telle fécondité épistolaire ? Quels étaient les usages ? Écrivait-on à un duc comme à un roi, à un tailleur comme à un élagueur, à vingt ans comme à soixante-dix ? Lettre après lettre, on se construit des théories plus ou moins branlantes qu’une nouvelle lettre finit toujours par écrouler. Ne trouvant pas les réponses, on renonce aux questions et on se contente du style.

Il reste pourtant un doute qui me tarabuste. La plupart des lettres que j’ai lues se terminaient en ellipse. Lubie de l’éditeur ou réalité d’époque ? A-t-on vraiment pu, un jour, clore ainsi une lettre à un prince : Je vous prie d’agréer, cher ami, etc.

vendredi 14 septembre 2012

Il a du bobo, Léon

Il a du bobo, Léon,
Il porte un bandeau, Léon,
Il a du bobo, Léon,
Oh pauvre Léon !

D’abord y s’appelle pas Léon
Mais j’me souviens plus de son nom,
J’peux pourtant pas l’appeler Hortense
Et puis ça n’a pas d’importance.

Il a du bobo, Léon,
Il va ptet canner, Léon,
Il a du bobo, Léon,
Oh pauvre Léon !

On l’a mené à l’hôpital
Pour le soigner où il avait mal,
Y s’était fait mal dans la rue
Mais on l’a soigné autre part.

Et il est mort !

(Boby Lapointe)
 

mardi 11 septembre 2012

Les Barricades mystérieuses

Mes grands-parents maternels étaient grands consommateurs de bière. Ils essayaient périodiquement, comme pour se donner bonne conscience — je suis persuadé qu’au fond d’eux ils s’en moquaient —, de diminuer leur ration quotidienne. Le prisme des années trouble sûrement mes souvenirs affectueux, mais il me semble qu’il n’avaient pas peur de consommer plusieurs boites chacun, dépassant ainsi quotidiennement le litre. Les réserves à la cave pouvaient d’ailleurs attester de telles descentes supposées : commencées autour de dix-sept heures (l’été on pouvait démarrer plus tôt), ponctuant la lecture du journal et plus tard Question pour un Champion et les informations régionales, elles prenaient fin avec le repas.

Aujourd’hui, je repense à ces moments parce que j’ai sous les yeux l’une des deux choppes en verre (l’autre sera sûrement perdue) que j’ai toujours vu utilisée par mon grand-père. Elle porte une tête de statue de la liberté, dépolie dans le verre. Je suis certain que c’est la sienne, je la reconnais très bien, l’autre avait le bord plus fin. Ainsi, qu’il pleuve ou qu’il vente, tous les après-midi passés à la maison se finissaient par une blonde, le plus souvent de la 1664. Ils la buvaient côte à côte, à table ou dans leurs fauteuils respectifs : le couple de gens âgés dans Là-haut, c’était eux.

Au moment de remplir les verres à nouveau, mon grand-père devait se souvenir des efforts de restriction vains qu’ils se fixaient parfois ; il avait alors immanquablement cette litote, que sa voix de baryton faisait sonner comme l’évidence, question purement rhétorique et dont je me moquais à plaisir, quasi rituelle, lâchée comme en passant, sans avoir l’air d’y toucher, pour signifier qu’il escomptait partager une boîte de plus : Mireille, une demi-goutte ?

dimanche 2 septembre 2012

Brèves d'une mission en Chine - 12

Trois semaines en Chine : cinq vignettes

Vue de ma chambre

Vue de ma chambre

 

Qintou (centre), la nuit

Qintou (centre), la nuit

 

Qintou - billard

Qintou - billard

 

Taishan - une rue commerçante du centre ville

Taishan - une rue commerçante du centre ville

 

Central Hong Kong

Central Hong Kong

vendredi 31 août 2012

Non bis idem

Ce n’est pas parce qu’une chose a été dite qu’il ne faudrait pas la répéter. De tout temps, les hommes etc. Ainsi des plus grands artistes : Schubert ou Beethoven composaient en se répétant, dix minutes de pom pom pom pom, il y en a un peu plus je vous le mets quand même, ils répétaient en composant et l’on ne leur en a pas tenu rigueur. Ainsi des plus grands artistes : hormis son Fidèle berger, tous les romans de Vialatte semblent une variation sur le même thème, des enfants, une sous-préfecture, l’appel du lointain, monsieur Panado, le titre de l’un devient un élément de décor du suivant, La Dame du Job se retrouve au mur des Fruits du Congo, tous les romans de Vialatte semblent une variation sur le même thème, et tous sont pourtant merveilleux. Ainsi des plus grands artistes : Joe Dassin lui-même, avouez que vous ne l’attendiez pas ici, Joe Dassin lui-même alla siffler là-haut sur la colline, zaï zaï zaï zaï, notez bien, zaï zaï zaï zaï, il aurait pu siffler là-haut sur la colline, zaï, tout simplement, mais non, Joe Dassin lui-même aimait se répéter.

Ce n’est pas parce qu’une chose a été dite, disais-je, qu’il ne faudrait pas la répéter. L’époque est d’ailleurs à cela : les hommes politiques se posent d’écran en écran, comme un vol de perroquets, bruyants, distrayants et un peu ridicules, répétant encore et encore leurs phrases apprises à la volière ; les agences reprennent en leurs dépêches ces formules sans les reformuler, par souci d’objectivité ; les journaux reprennent en leurs pages les dépêches en les reformulant, par souci d’originalité ; les commentateurs commentent, les analystes analysent, les rieurs rient. (Il n’y a pas de quoi.) Quelque part sur l’Internet, quelqu’un remarque le procédé et le dénonce en un message bien troussé. Les internautes indignés de reprendre le message, de le partager à l’identique, de le retweeter. L’époque est à cela.

Ce n’est pas parce qu’une chose a été dite, donc, qu’il ne faudrait pas la répéter. Cela se fait beaucoup au cinéma, d’ailleurs. Combien de King Kong, combien de Dracula, combien de Police Academy ? John Carpenter, dont je devrais dire plus souvent du bien, John Carpenter a érigé la répétition en méthode, lui qui dit ne réaliser que des remakes. Sans doute, cependant, a-t-il épuisé le filon en réalisant un remake (Los Angeles 2013) d’un de ses propres films (New York 1997) : Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes, avoue le personnage principal.

Ce n’est pas parce qu’une chose a été dite, me suis-je dit ce soir, qu’il ne faudrait pas la répéter. Et je me suis demandé un instant si je ne pourrais pas vous leurrer, ô Lecteur, et peut-être même vous satisfaire, en répétant un billet ancien. J’en aurais choisi un pas trop poussiéreux, pas trop craquelé : un léger coup de plumeau, au plus, et le tour était joué. Un échange gagnant-gagnant : j’aurais eu l’impression d’écrire, vous auriez lu.

J’ai pourtant fini par renoncer. C’est qu’il serait malhonnête, n’est-ce pas, de meubler ici à coup de répétitions.

jeudi 30 août 2012

Pronom indéfini

 

(Fablette)

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mardi 28 août 2012

Deux hasards

Au cours d’une de nos discussions à propos des villes moyennes françaises, Fabrice estimait qu’un des critères de démarcation d’une ville d’un certain rang par rapport aux autres était la présence d’un restaurant (au moins) dénommé Un Singe en hiver. Cela doit pouvoir s’expliquer par le film de 1962, avec Belmondo et Gabin, qui a dû être populaire à une époque. Cela ne s’explique vraisemblablement pas par l’amour des restaurateurs pour la littérature ; car enfin le roman d’Antoine Blondin, dont est tiré le film, ne semble plus vraiment lu aujourd’hui. Nous avons eu loisir de vérifier ou d’infirmer l’hypothèse hardie de Fabrice dans quelques villes du sud-ouest de la France.

Quelques jours plus tard, l’écrivain et critique Pierre Assouline, sur son blog, se posait des questions très voisines. Les restaurants en moins.

*

J’ai lu récemment Adolphe, de Benjamin Constant. Ce court roman de 1816, romantique en diable, dépeint les tourments d’un jeune homme empêtré dans une relation amoureuse qu’il a provoquée mais dont il ne veut plus. En même temps, je lisais La Conscience de Zeno, du romancier italien Italo Svevo. Ce pavé de 1923 est l’un des premiers romans directement inspirés par la psychanalyse. L’écrivain y explore la vie de Zeno et ses relations avec ses proches (ses père, femme, maîtresse, belle famille, associé commercial), entremêlant constamment le récit du déroulement de l’intrigue et la réflexion des personnages sur ce déroulement.

Dans ces deux romans une place envahissante revient au personnage principal ; Constant comme Svevo prennent une page pour décrire les relations entre le héros et leur père, dans leur adolescence. Ces deux pages sont incroyablement proches. Une phrase particulièrement paraît avoir été recopiée par Svevo du livre de Constant, parce qu’au mot près elles sont identiques. Je cite de mémoire : Je ne me souviens pas, pendant mes dix-huit premières années, d’avoir eu un entretien de plus d’une heure avec lui. Svevo, qui parlait français couramment, avait-il un Adolphe dans sa bibliothèque ?

lundi 27 août 2012

Pitches

Les classiques

2001, Une Odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick : L’humanité évolue de monolithe noir en lumières multicolores, puis inversement.

Rencontre du troisième type, de Steven Spielberg : Richard Dreyfuss sculpte de la purée, l’armée endort des vaches et François Truffaut joue du synthétiseur à un doigt.

Citizen Kane, d’Orson Wells : Rosebud !

Les économes

Boogie nights, de Paul Thomas Anderson : Mark Wahlberg en caleçon.

Splash, de Ron Howard : Darryl Hannah en bikini.

Charlie et ses drôles de dames, de McG : Bill Murray.

Les bizarres

Shivers, de David Cronenberg : Des sangsues phalloïdes poussent les habitants d’un immeuble québécois à des orgies mortelles.

Fog, de John Carpenter : Un brouillard hanté tue des descendants de naufrageurs, laissant derrière lui une odeur de poisson.

Inception, de Christopher Nolan : Des manipulateurs de rêve rêvent qu’ils manipulent les rêves d’un manipulateur qui rêve de manipuler les rêves d’un manipulateur de rêve.

Les inratables

Anaconda, de Luis Llosa : Un anaconda tue des gens.

Piranha, de Joe Dante : Un piranha tue des gens.

Piranhas!, de James Cameron : Des piranhas tuent des gens.

Cube, de Vincenzo Natali : Un cube tue des gens.

Rubber, de Quentin Dupieux : Un pneu tue des gens.

Duel, de Steven Spielberg : Quelqu’un tue un camion.

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