jeudi 23 août 2012

Brèves d'une mission en Chine - 11

Mardi 21 août

Manger et bien manger est très important en Chine. Que ce soit chez soi, à la cantine ou au restaurant, plusieurs plats sont sur la table ou sur le plateau. Hormis à la cantine, tous les convives partagent les plats. On picore, on met un peu de ceci ou de cela dans une petite assiette ou dans un petit bol que l’on a devant soi, et on mange.

Les légumes, vapeur ou frits, sont bien verts et bien croquants. Haricots verts, brocolis, salade, branches d’épinards frais sont ainsi parfaitement cuits, respectant le légume. Le riz n’est pas salé, les nouilles non plus mais sont souvent accompagnées de sauces goûteuses ou d’oignons rissolés, de petits piments. Le riz sert à faire éponge et est consommé avec les autres légumes ou viandes, comme nous mangerions du pain. Certains légumes sont cuits au four, entiers, rôtis, tels l’aubergine ou la courgette. C’est délicieux.

La viande : mijotée, elle ressemble à nos plats en sauce de type bœuf bourguignon. Avec, fréquemment, des cacahuètes ou des noix de cajou pour donner un petit goût sucré. Frit, comme l’est parfois le porc, on s’approche du bacon à l’anglaise. Le poulet accompagne souvent, en de discrètes et fines lanières sautées, n’importe quel plat de légumes. J’en ai mangé ce midi avec des pois gourmands.

Le poisson : il est souvent simplement cuisiné, sans apprêt. Au cours bouillon, comme dans la cuisine cantonaise traditionnelle, les poissons blancs sont parfumés, ont un petit goût comme les poissons de rivière chez nous. C’est souvent du poisson d’élevage qui provient de ces étangs qui voisinent les rizières, que l’on voit au bord de toutes les routes. On en sert aussi, des sardines et maquereaux par exemple, juste grillés au four ou au feu.

Les desserts : souvent à la vapeur, à base de fruits. Je n’en ai pas mangé souvent, au restaurant je n’ai pas l’impression que les Chinois prennent tellement de desserts.

Les boissons : l’eau n’est pas potable (même si certains chinois la boivent), mais il existe de très nombreuses eaux de source. Sinon, on trouve aussi tout un tas de boissons bizarres au goût plus que chimique, du genre boisson pour sportif ou yaourts liquides aromatisés. A part ça, le restaurant et particulièrement si vous êtes invités par des Chinois, est souvent un prétexte à beuverie générale avec vin, alcool de riz et bière. (Je n’aurai pas eu l’occasion de voir ça.) Mention spéciale au très bon jus de prune qui parvient à aligner 50% de sucre de plus qu’un Coca.

Qu’on se rassure, la cantine du site n’est pas étoilée au Michelin, on est plus proche du resto U. La viande est grasse, coupée en morceaux mais avec tous les os (que les Chinois recrachent) et le poisson est plein d’arêtes, servi entier ou en morceaux. Gare au piment, aussi, il se cache partout où on ne l’attend pas.

Mercredi 22 août

Les quelques Chinois dont nous sommes proches avec mes collègues ont le cœur sur la main. Après une soirée de mah-jong, elles virent arriver le lendemain matin leur hôte avec deux petits jeux de mahjong qui leur étaient destinés. Nous avons également, avec un canadien, bien sympathisé avec une jeune professeur de chinois. Hier soir, nous avons eu la surprise de la voir arriver avec deux petits marque-pages métalliques, un pour chacun.

Jeudi 23 août

De très nombreuses langues sont parlées en Chine. Si le mandarin est compris et parlé par une majorité de la population, les différentes régions ont gardé leurs langues. Il semble étonnant, pour un pays qu’on dirait unifié depuis des millénaires par les dynasties d’empereurs qui se sont succédé, pays qui a au cours du temps connu peu ou prou la même extension territoriale, qu’aient apparemment toujours existé ces nombreuses langues. Est-ce à dire que l’Italie, unifiée il y a 150 ans seulement, où les langues régionales sont toujours beaucoup parlées (à la différence de la France), aura réussi dans mille ans à conserver toutes ses langues comme il semble que la Chine y parvint ? Probablement l’enseignement du mandarin en Chine a dû et doit encore permettre la survivance de toutes les langues locales. A la différence de l’enseignement du français, qui depuis le XIXe siècle a progressivement écrasé les parlers régionaux. Quoiqu’il en soit, ma connaissance de l’histoire et de la Chine est trop superficielle pour que je puisse tenter de m’expliquer plus en détail ces questions.

Ce qui est sûr, c’est que les langues locales sont parlées en priorité par rapport au mandarin. Ici, dans la province du Guangdong, on parle surtout le cantonais (qui est parlé également à Hong-Kong). A Taishan, on parle le taishanais. Il est facile d’entendre la différence : si le mandarin parait asséné, net, bien découpé à l’oreille, le cantonais est plus arrondi, moins anguleux, avec plus de b, de g et de w, moins de ch et plus de j. A un niveau plus local on croit entendre, dans les différences entre taishanais et cantonais, les différences qu’il y aurait entre le français d’un journaliste de télévision et l’occitan d’un vieux paysan des Cévennes. C’est l’idée très subjective que je m’en fais, en tout cas on m’assure que mandarin, cantonais et taishanais n’ont rien à voir.

Rien à voir, sauf les sinogrammes, qui servent à écrire toutes les langues parlées en Chine. Enfin, pas exactement, puisque une des premières mesures de Mao a été de simplifier des centaines de sinogrammes afin que le mandarin soit plus aisé à écrire, et s’apprenne plus facilement. Le cantonais utilise encore les sinogrammes traditionnels, plus complexes et plus riches. Un hong-kongais vous dirait d’ailleurs la nécessité de l’utilisation des sinogrammes traditionnels, parce qu’ils conservent à la différence des sinogrammes simplifiés tout le sens que les siècles d’évolution ont placé dans la graphie de ces signes.

Jeudi 23 août, 23h21

Oui, j’ai chanté (enfin…) les Beatles et Ricky Martin au karaoké, mais non, vous n’avez rien raté.

lundi 20 août 2012

La Malédiction du Produit Bleu

I would like, if I may, to take you on a strange journey. » Laissez-moi, en effet, vous exposer un instant… la malédiction du Produit Bleu. (Aurait-on les moyens qu’ici frapperait l’éclair et roulerait le tonnerre.)

Une bien belle invention que ce Produit Bleu, qui met les tâches ménagères à la portée des plus feignants, sans doute la plus belle invention depuis le trempage de vaisselle, tout juste détrônée par la mousse qu’on vaporise sur les taches, qu’on laisse agir et qu’on rince d’un seul coup d’éponge. (Encore que je réserve mon jugement sur cette mousse surpuissante que je n’ai vue agir qu’à la télévision.) Une vague de fraîcheur, la brise marine, l’eau du lagon, sans forcer, enfin dans vos toilettes. Et ces bactéries brunâtres qui s’enfuient en grimaçant devant la vague bleue, comme un critique nippophobe devant l’œuvre d’Hokusai.

L’usage en est simple : on badigeonne la porcelaine de Produit Bleu ; on en regarde un instant, presque attendri, les dégoulinures lentes qui poursuivent implacablement les germes et microbes de la réclame ; on laisse agir, c’est le meilleur moment, on laisse agir en se disant qu’on rincera la prochaine fois qu’on ira. (J’aime cet euphémisme vieillot.) Il est dit, sur l’emballage, qu’il ne faut pas laisser agir plus de vingt minutes, mais cela ne m’a jamais trop inquiété, d’abord parce que cela ne semble inscrit qu’en passant, à titre d’indication, comme on donnerait un temps de cuisson dans une recette approximative, ensuite parce qu’il serait sinon inédit du moins rare que je passe vingt minutes entières sans avoir l’occasion de rincer.

Mettez des égyptologues devant un sarcophage doré, ils se disent le rêve d’une vie : ouvrons-le vite ! ; ils l’ouvrent vite ; ils meurent ensuite ; c’est la malédiction de Toutankhamon. Mettez-moi devant une cuvette bleutée, je me dis le rêve d’une vie, je peux glander ! ; je glande, je glande, je glande, je commence à me tortiller en glandant, je glande, mon genou droit tressaute, je glande, je me lève d’un bond et je cours aux toilettes ; et, là, au lieu de me soulager immédiatement, je me retrouve devant la cuvette bleutée qui appelle à être rincée : c’est la malédiction du Produit Bleu.

J’imagine qu’il y a des gens, face à une telle urgence, qui n’hésitent pas à rincer au jet, se disant qu’ils pourraient bien frotter après. Les sots ! Qu’ils doivent être soulagés vite ! Mais à quel prix… C’est que j’ai de vagues restes de chimie, moi. Je sais qu’il ne faut pas mélanger la javel et l’ammoniac, que cela dégage du chlore, qui est toxique. Je sais aussi que l’urine contient de l’urée (chimie et étymologie) et que l’urée, c’est presque de l’ammoniac (vagues, les restes de chimie, ai-je dit). Et donc je rince, et je frotte, à demi penché sur la cuvette, mes bourrelets écrasant ma vessie et mes remords, mon esprit.

Notre Produit Bleu actuel ne contient pas d’hypochlorite de sodium (encore un reste de chimie), à en croire la composition, mais il contient des tensio-actifs non anioniques, et dieu seul sait ce que ça peut-être, des tensio-actifs non anioniques, des tensio-actifs cationiques, peut-être, allez savoir, pas de javel en tout cas, j’ai vérifié une fois l’urgence passée. Mais le doute reste.

Et c’est dans ce doute que s’insère, insidieuse et sournoise, sadique et saugrenue… la Malédiction du Produit Bleu.

Brèves d'une mission en Chine - 10

Lundi 20 août

Charme de l’amour, qui pourrait vous peindre ! Cette persuasion que nous avons trouvé l’être que la nature avait destiné pour nous, ce jour subit répandu sur la vie, et qui nous semble en expliquer le mystère, cette valeur inconnue attachée aux moindres circonstances, ces heures rapides, dont tous les détails échappent au souvenir par leur douceur même, et qui ne laissent dans notre âme qu’une longue trace de bonheur, cette gaieté folâtre qui se mêle quelquefois sans cause à un attendrissement habituel, tant de plaisir dans la présence, et dans l’absence tant d’espoir, ce détachement de tous les soins vulgaires, cette supériorité sur tout ce qui nous entoure, cette certitude que désormais le monde ne peut nous atteindre où nous vivons, cette intelligence mutuelle qui devine chaque pensée et qui répond à chaque émotion, charme de l’amour, qui vous éprouva ne saurait vous décrire !

Adolphe, Benjamin Constant (début du chapitre 4)

dimanche 19 août 2012

Brèves d'une mission en Chine - 9

Dimanche 19 août

Taishan, ou la sous-préfectoralité à la chinoise

Selon wikipedia, la ville aurait un bon million d’habitants plutôt que les 200 000 que tout le monde m’a annoncés. Quoiqu’il en soit, dissocier une ville chinoise de son agglomération n’est pas facile, a fortiori pour un européen, alors on n’est pas à quelques centaines de mille près. Tout au plus parvient-on à identifier un centre (ou des centres pour une ville de la taille de Shenzhen). Ce qui frappe ici, comme à Hong Kong ou à Shenzhen, c’est le nombre de magasins. Il y en a littéralement partout. Impossible de comparer à une ville européenne sur ce plan : le centre ville de Taishan, c’est un peu comme si tous les immeubles sans exception entre Perrache et la place des terreaux avaient un magasin, une petite échoppe ou un vendeur de légumes ambulant à leur pied. Dans le centre ville, un lac et quelques bars sympathiques autour, un hôpital, deux hôtels luxueux à l’occidentale et bien sûr de nombreuses galeries commerçantes peignent le tableau d’une ville qui se veut moderne, qui se modernise.

Les postes de police m’ont irrémédiablement évoqué nos gendarmeries, pourtant en France plutôt à la sortie des petites villes ; la petitesse, le style des bâtiments, laid, étant d’une étonnante proximité avec ceux de chez nous. Dans les rues principales, de nombreux immeubles d’un étage, assez délabrés, aux façades avec pignon façon saloon du far west (je ne sais pas dire autrement), m’ont paru typiques. Manquent les dizaines de tours d’habitations de 200 m de haut façon Shenzhen ou Canton, les entreprises, et peut-être l’intérêt touristique pour que Taishan puisse prétendre accéder au statut de grande ville.

samedi 18 août 2012

Brèves d'une mission en Chine - 8

Vendredi 17 août

Les missions à l’étranger et certainement l’expatriation, dans le cadre de grands projets, ont l’avantage de permettre de nombreuses rencontres. Les occidentaux ici ont tendance à vite se retrouver pour les repas et en dehors du travail. Nous voyons également les Chinois avec qui nous sommes en contact quotidien. Oh, je sais bien que sur l’ensemble je ne garderai que trois ou quatre adresses mail ou numéros de téléphone, et que je ne garderai un contact qu’avec une ou deux personnes  — peut-être avec aucune. Mais sur place au moins discuter, passer du temps avec un Canadien, un Estonien, un Parisien de Vincennes qui voyage dans tous les pays d’Asie possibles et bien sûr avec quelques Chinois presque tous originaires de Taishan, à quelques kilomètres de là, cela change. La différence aère et vivifie.

Samedi 18 août

Quelques petites choses, et tout va mieux.

Apprenez un peu de chinois. Cela peut paraître évident, mais le fait est que quelques mots et expressions basiques dans votre bagage permettent d’éclairer les visages et de créer une très bonne relation. Les Chinois savent que pour les occidentaux leur langue n’est pas simple à prononcer ; ils savent aussi que malgré tout les sinisants sont peu nombreux. Alors, dès qu’un petit effort se fait entendre…

Si un Chinois vous propose quelque chose à manger ou à boire, ne refusez pas. Même si c’est un bonbon qui vous parait douteux, mangez-le et refusez le suivant si vous n’avez pas aimé. Refuser d’emblée est très impoli.

Ne jouez pas avec les baguettes. Notamment, ne les plantez pas dans la nourriture car c’est un symbole de mort. Les Chinois ont mis quelques milliers d’années à simplifier leur couvert et son usage jusqu’à l’épure, c’est donc une bonne raison pour ne pas jouer avec.

Négociez les prix. Pas dans un supermarché, ni dans un hôtel à l’occidentale ou dans un magasin qui a pignon sur rue (encore que…). Mais dans la rue, pour prendre un taxi ou au marché, si vous ne négociez pas votre vis-à-vis vous considérera comme le dernier des gogos.

Donnez un papier, un objet, n’importe quoi avec les deux mains. C’est un signe que le don ou la transmission est franche, totale.

jeudi 16 août 2012

Brèves d'une mission en Chine - 7

Jeudi 16 août

J’ai enfin lu La carte et le territoire, de Michel Houellebecq, publié à l’automne 2010.

Ce fut plaisant, plein de touches d’humour et d’autodérision, mais en même temps bien plat. Où est le Houellebecq tranchant, critique bien trempé, trash, que l’on m’a vendu ? On finit ces quelque 400 pages, on jette un rapide coup d’œil en arrière, et c’est presque comme s’il ne s’était rien passé. Des palanquées de noms de marques et d’expressions en italique (dont l’auteur abuse sans qu’on en comprenne l’utilité), des clichés, en un mot beaucoup de trucs ponctuent la lecture. Comme si l’auteur avait la danse de saint Guy et qu’on ne puisse faire autrement que de rester tout le temps du roman en contact avec lui.

Tour à tour beauf, caricatural ou simpliste, tout ça m’a surtout semblé anodin : on reste sur un sentiment global de vacuité. Et par ailleurs, se souviendra-t-on, fût-ce seulement dans dix ans, de ce roman tellement 2000-2010 par ses personnages — Jean-Pierre Pernaut, Michel Houellebec, François Pinault, etc. — comme par ses analyses ou discussions à deux francs autour de nombreux sujets ? Oserait-on dire qu’il est déjà furieusement daté ?

mercredi 15 août 2012

Brèves d'une mission en Chine - 6

Mercredi 15 août

Depuis la base-vie ou le site du chantier, je peux me rendre en bus dans les grandes (Taishan, Shenzhen, Canton, Zhuhai) et petites villes (Qintou, Tongou) les plus proches. Je peux également demander un taxi qui me conduira où je souhaite pour un prix très avantageux, mais le retour n'est pas forcément assuré... En gros, je peux aller n'importe où ou presque dans un rayon de quatre heures de route. La contrepartie est la dépendance à un horaire ; de même, le matin et le soir pour aller travailler, les horaires de bus sont stricts : 7h30-7h40 et 17h40-18h, et les Chinois sont ponctuels. Je ne peux pas faire autrement, sauf à emprunter un petit sentier de montagne pour une heure de marche. Il faut dire aussi qu'à moins de repasser son permis de conduire en Chine, un étranger ne peux pas conduire ici. Il faut pour cela parler très bien parler chinois, les épreuves n'étant pas bilingues... Très peu de non-Chinois ont donc le supplément de liberté apporté par une voiture.

D'une façon similaire, la quantité impressionnante d'activités à disposition ne masque pas la contrainte, qui doit être pesante si l'on reste plusieurs mois, de devoir s'y adonner sur place, comme en vase clos.

Autrement, ce serait l'occasion où jamais de lire tout Balzac.

Brèves d'une mission en Chine - 5

Lundi 13 août

La base-vie est donc une ville de 20 000 personnes. On ne s'en rend absolument pas compte, parce que si les expatriés ou les gens en mission comme moi ont droit à un petit appartement, les Chinois eux, y compris les ingénieurs, partagent une chambre à plusieurs. En sorte de compensation, de très nombreux équipements sont présents sur place. Gymnase, courts de tennis, terrains de football et basket-ball, piscine de 50m, salle de musculation, école, restaurant, supermarché, clinique, karaoké (c'est un loisir national en Chine)... il y a également une bibliothèque constituée par les expatriés ; je ne l'ai pas vue mais je suppose qu'elle doit être assez cosmopolite.

Mardi 14 août, 14h19

Je surprends mon plus proche voisin en train de piquer du nez... Les Chinois paraissent continuellement fatigués. Beaucoup dorment dès que l'occasion se présente, dans le car, le vendeur devant son étal de pastèques ; la sieste est de rigueur pour une grosse heure pendant la pause repas. Le repas du soir est pris tôt, autour de 18h (les restaurants ouvrent usuellement à 17h30), pour laisser le temps de faire une sieste avant de ressortir dans la soirée faire du sport ou une autre activité.

lundi 13 août 2012

Brèves d'une mission en Chine - 4

Vendredi 10 août - Dimanche 12 août : un week-end à Hong Kong

Une des difficultés du quotidien ici est justement de s'en échapper, j'y reviendrai. Par exemple, il n'est pas si simple d'aller à Hong Kong, alors que la ville est à vol d'oiseau assez proche d'où je me trouve.

Vendredi 10 août, 14h : départ pour Shenzhen

Il nous aura fallu près de quatre heures pour arriver à cette ville nouvelle, frontalière de Hong Kong, que la Chine essaie de développer pour en faire une rivale de sa voisine. Développement urbain et économique surhumains sont le lot de cette conurbation tentaculaire, qui n'a par ailleurs (m'a-t-on dit) que peu d'attrait touristique. Après manger, on aura tourné énormément pour trouver un bar avec de la musique traditionnelle cantonaise, sans succès. Las, nous avons fini par planter l'accompagnateur (qui se trouve aussi être notre supervisor à tous...) pour aller dormir.

Samedi 11 août, 7h, poste de frontière de Luohu

Pour qu'il n'y ait pas trop de monde, on passe la frontière tôt. Après avoir regardé mon passeport et son écran, la jeune fille me lance dans un français parfait : Mais vous êtes lyonnais ! et nous discutons deux minutes ; elle avait fait des études à Lyon. Trois quarts d'heure de métro plus tard, nous sommes à Kow Loon, le quartier qui fait face à l'île de Hong Kong Central. Ce qui frappe, c'est le monde dans les rues. La nuit, ce seront les lumières (des enseignes, des tours) et le bruit qui ne s'arrête jamais. Nous posons tout à l'hôtel pour filer à Lantau, l'île de l'aéroport. Elle est encore très différente, majoritairement sauvage, et comprend un monastère bouddhiste et une grande statue de Bouddha. C'est assez loin, mais le trajet en télécabine est très agréable et on ne s'imaginerait pas trouver un tel lieu de paix à Hong Kong. Il faut dire que sur 260 îles, il peut bien en rester quelques unes où la nature a encore tous ses droits...

14h, Central Hong Kong

De retour in media res. Balade entre les buildings des banques et des grandes entreprises internationales, hésitation devant la file d'attente pour prendre le funiculaire qui conduit au Victoria Peak. Vu le brouillard et la file d'attente, nous n'y monterons pas ; même si c'est l'attraction n°1 de la ville, je ne vois pas l’intérêt d'une vue panoramique la tête dans les nuages. Même dans ce coin le plus occidental, la culture chinoise est partout : restaurants, petits magasins, métiers traditionnels... le contraste est saisissant.

17h, Kow Loon

De nombreux ferries croisent entre les îles de Hong Kong ; le plus emprunté relie les quelques centaines de mètres séparant Central et Kow Loon. Je prends quelques photos du spectaculaire alignement de buildings, puis on retourne à l'hôtel après un tour dans Kow Loon où s'étalent pêle-mêle bijouteries de luxe, magasins d'électronique de contrefaçon, restaurants de toutes nationalités, par centaines. Je profite d'une pause pour voir Matthew Mitcham et Thomas Daley au plongeon de 10 mètres, et l'on ressort après diner vers un marché de nuit, en passant par deux grands parcs. Retour autour de minuit où magasins et parcs sont toujours ouverts, avec un stop dans un bar très connu et bondé où des groupes de jazz mettent l'ambiance.

Dimanche 12 août, 9h

La chambre d'hôtel que je partage avec ma collègue est typique d'une chambre Hongkongaise bien et pas chère : tout le confort moderne, classe même, mais minuscule. Nous ne pouvons pas nous tenir à deux debout et fermer la porte ! A peine 6 m² de surface, je pense. Et pour y parvenir, nous sommes montés à la réception haut perchée dans un immeuble à l'entrée glauque, pour trouver notre chambre trois tours plus loin (à l'entrée encore plus miteuse). Nous sortons vers 10h faire un deuxième marché, qui comme le précédent est un immense marché à touristes qui m'a fait penser toutes proportions gardées à nos "marchés de Noël", où tous les commerçants vendent la même chose. Dernier coup d'oeil à la vista sur les gratte-ciel, en repassant dans tout Kow Loon, et il est temps de partir prendre le ferry vers Zhuhai, en Chine.

13h30, départ

1h30 de ferry et deux bonnes heures de route plus tard, et je suis de retour à la base-vie.

Hong Kong est une des villes les plus denses du monde, dans laquelle la tension entre l'occident et la Chine est permanente : même si l'Angleterre (les bus, les marques au sol, certains magasins, les hôtels de style colonial) est présente par petites touches, Hong Kong est très chinoise. Les Hongkongais parlent cantonais, et à part une minorité de businessmen très riches toute la population est modeste voire pauvre, et habite les quartiers populaires. Et tout ce petit monde semble vivre à toute allure...

vendredi 10 août 2012

Brèves d'une mission en Chine - 3

Jeudi 9 août

Qintou : 5000 habitants (?)

Base-vie : 20 000 habitants

Taishan : 200 000 habitants

Hong Kong : 7 000 000 habitants (j'y vais pour le week-end)

Canton : 12 700 000 habitants

 

jeudi 9 août 2012

Brèves d'une mission en Chine - 2

Mardi 7 août

Ici, les routes sont balayées. En venant, j'ai même pris une autoroute en train de l'être. Des gens passent leurs journées à cette activité, et ne paraissent pas plus malheureux que ceux qui erraient dimanche dans le village de Qintou, cherchant le chaland pour vendre leurs charrettes de fruits. Seulement... la poussière, le sable sont enlevés pour un instant : quelques secondes après le passage d'un camion, tout est à refaire. Et comme il pleut un jour sur deux, de la terre, des branchages, des gravats reviennent rapidement sur les routes.

Il faut sûrement se considérer bien privilégié de travailler sur des sujets intellectuellement intéressants, mais aussi croire que les balayeurs de Chine sont heureux dans leur tâche de Sisyphe.

Mercredi 8 août

Mon badge comprend une carte à puce. Avec, je peux acheter les produits à la supérette de la base-vie, manger à la cantine, mais également prendre le bus pour aller à Shenzhen, Canton, ou plus près. Des bus au départ de Canton arrivent jusqu'au tout petit village de l'autre côté du tunnel, à quelques kilomètres d'ici. C'est un peu comme s'il y avait tous les jours un bus direct Paris - Candé-sur-Beuvron, je trouve cela fascinant. On a l'impression que l'organisation à la chinoise n'a pas de limite.

mardi 7 août 2012

Brèves d'une mission en Chine - 1

Samedi 4 août, départ

Les petits matins de départ, je suis vide. Je ne parviens pas à m'exciter, à m'imaginer ce qui peut m'attendre, à me projeter dans quoi que ce soit. Ni à délaisser le quotidien. Les dehors de la ville sont plus endormis que moi ; je vagabonde par la pensée dans les rues des bords de la voie de tram tandis que les maisons bariolées passent muettes, comme les jetons d'un Monopoly grandeur nature. J'attends Meyzieu à partir d'où, pour cinq minutes finales, le tram aura définitivement rompu avec la ville pour ne plus viser que le clocher du petit village de Satolas, toujours aussi radieux dans le soleil levant.

Terminal 2E portes L, Roissy - Charles de Gaulle

Deux jeunes enfants sont assis devant un piano droit apparemment à disposition des passagers en attente. Ils jouent une bluette enfantine à quatre mains, encore et encore, en accrochant. Au bout de quelques minutes que je les regarde, une dame se lève. Je crois comprendre qu'elle leur signifie que l'étude est terminée, qu'ils peuvent aller jouer. Elle rêvasse un instant, à regarder les avions. Elle attend on ne sait quoi devant les grandes baies vitrées, la main à plat sur le piano. Elle se décide et prend le siège face à l'instrument pour se mettre à jouer une petite pièce, probablement une des Romances sans paroles de Mendelssohn. Parfaite adéquation au calme des lieux.

Dimanche 5 août

Le petit village le plus proche de la base vie, Qintou, est très, très sale. Les rues sont puantes, les détritus sont partout sur les bas-côtés. Beaucoup de Chinois marchent pieds nus.

Lundi 6 août

La chaleur est pesante ; il pleut, le taux d'humidité dans l'air dépasse les 90%. Je mets un pied hors de la chambre, j'attends quelques secondes : j'ai le visage ruisselant. On m'avait prévenu, mais c'est assez surprenant. J'allais découvrir plus tard qu'aller sur le chantier habillé de pied en cap avec tenue, casque, gants, lunettes, devait confiner au sauna.

Brèves d'une mission en Chine - prélude

Trois semaines en Chine sont bien insuffisantes pour prétendre dire quoi que ce soit de très construit, de très développé ou fouillé sur un tel pays. Il n'empêche que c'est un laps de temps suffisant pour voir des tas de choses ! Selon un mode impromptu, je posterai ici dans les jours à venir quelques nouvelles ou réflexions diverses en passant, sans aucune prétention. Car si facebook, twitter ou même la messagerie de free sont inaccessibles depuis la Chine, il se trouve que les blogs hébergés par free ont la chance de l'être : profitons-en.

samedi 14 juillet 2012

Rediffusion : 14 juillet outre-Quiévrain

Le week-end du 14 juillet 2011, Fabrice venait faire un tour à Evere, en Belgique, et plus si affinités.

Le 14, pluie en hallebardes le matin. On s'était dit qu'on passerait voir le cimetière de Bruxelles, on a hésité, on s'est fait rincer. Petit avantage, le vert des pelouses n'avait peut-être jamais été aussi profond, et le lieu était vide. Le parc est magnifique, comme je le soupçonnais : les arbres sont majestueux, il doit faire très frais sous les voûtes les jours de chaleur. Les allées sont toutes courbes, les pelouses reposantes, les parterres colorés. On en oublie les quelques tombes. Je n'ai pas vu d'horticulteurs, pourtant, on taille les arbres en voûte sous la pluie : elle fait ployer les branchages, ce qui permet de ne pas avoir à monter trop haut ; et lorsque le soleil revient la voûte se reforme. (C'est du moins comme ça que procédait le père de Fabrice, quand il était jeune et qu'il taillait l'allée de tilleuls de l'abbaye de Noirlac.) Après deux heures de bonne drache, direction la basilique de Koekelberg. Un peu l'équivalent de Saint-Paul en Angleterre, c'est aussi une des plus grandes églises du monde. Toute briques à l'extérieur, Art déco. Dedans c'est jaune et aseptisé comme dans un hôpital, ça tient aussi du centre de conférences. Drôle de mélange pour une atmosphère très particulière. Aller et retour par la grande avenue Léopold, bordée de maisons Art nouveau.

Le 15, direction l'Atomium (20 minutes en tram depuis l'appartement que j'occupais, c'était une bonne surprise) puis parc de Laeken : serres royales, pavillon chinois, tour japonaise. On a sûrement mal joué, le parc avait l'air joli mais entrecoupé de routes, du coup on n'est pas resté longtemps. L'Atomium, gadget rigolo, valait le coup d'être vu ; pas grand chose à en dire de plus.

Le 16, on a pris le train vers Anvers, en Flandre. Passage par Malines qui a l'air bien jolie. Anvers est venteuse, pas loin de la mer à l'embouchure de l'Escaut. Plus de maisons à pignon qu'à Bruxelles comme on peut s'y attendre, puisqu'on se rapproche des Pays-Bas. La gare est fabuleuse, sur trois niveaux. Je n'ai toujours pas compris comment les trains peuvent rejoindre les voies à la sortie de la gare... La cathédrale aussi, de style gothique brabançon comme l'hôtel de ville de Bruxelles. D'autres églises et maisons de maître (comme on dit en Belgique), et autres beaux monuments se trouvent sur le chemin des quartiers du centre. Une demi journée permet d'en faire le tour, qui le mérite.

Le 17, un tour dans le centre de Bruxelles puis dans le Sablon, et dans les Marolles jusqu'à Bruxelles-Midi et la fête foraine partout autour de la gare. Quatre heures plus tard Fabrice était à Lyon. Ce dimanche soir, malheureux hères dans nos appartements vides chacun de notre côté, nous ne devions penser qu'à n'être plus jamais séparés trop longtemps. La morosité hebdomadaire prenait déjà le pas sur les quelques jours précédents.

La semaine suivante, ambiance de vacances en Belgique. Seul de mon groupe de travail présent dans les bureaux, ce fut calme. Le jeudi soir qui a suivi, je sortis tôt pour un début de soirée culturelle : j'achetai deux livres galerie des princes, commandai des places gratuites pour le musée Magritte (rénové avec un peu de mécénat GDF Suez), allai voir l'expo Jeff Wall au Bozar et entendis malgré moi une bonne partie de la Flute Enchantée qui passait à la taverne où j'ai dîné. Le meilleur de l'expo Jeff Wall ? les photos de Walker Evans et Wols, celles de Roy Arden, qui ont influencé Jeff Wall. Ah, je serai bien reparti avec une superbe meule de foin d'Eugène Atget, mais bon, la sécurité, les alarmes, tout ça. Allez-y, rien que le bâtiment de Horta vaut le détour.

Eh non, pour répondre à la question en forme de pari que je me posais alors, Fabrice et moi n'avons pas encore lu les plus de 70 romans de Simenon dans lesquels Maigret apparaît. J'évoquais Le Chien Jaune, dont j'aurais juré que Fabrice avait admirablement parlé dans un billet que je ne parviens pas à retrouver, et je pensais déjà à ces vacances anglaises où Oxford, Auden, Londres et Lodge voisinaient...

mercredi 11 juillet 2012

Manifeste

 

Au troisième, je fonde un parti politique.

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mercredi 4 juillet 2012

Art ménager

 

Jolis mots pour une corvée.

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vendredi 29 juin 2012

Amours accordées, amour démembré

Certains jours, quand ne se peuvent concilier le bon sens et la nature, un instant brouillé-e-s ; quand tombent d'un même fracas les frontières et les obstacles, ensemble abattu-e-s ; quand poésie et réalisme font chemin commun, enfin réconcilié-e-s ; certains jours, le soleil et la lune éclairent un même ciel, lui brillant, elle luminescente, tou-te-s les deux radieux-ses.

Le soleil a rendez-vous avec la lune, dit le poète, d'un ton et d'une humeur joviaux-ales. Et, badinant toujours, le poète et sa muse, cruel-le-s, chantent leurs amours contrariées et leurs délices différées. Certain jour arrive et les voilà joué-e-s : le soleil, la lune, l'amour, tou-te-s se sont trouvé-e-s. Les corps et les âmes, enlacé-e-s, enfin s'unissent.

Quand des siècles et des ères seront passé-e-s, que ne resteront sur la terre stérile que nos ruines et nos souvenirs, à demi effacé-e-s, le soleil et la lune toujours s'aimeront, de temps en temps seulement embrassé-e-s. Un instant fugace, il-elle-s se retrouveront dans un coin de ciel et, une fois les météores et les astéroïdes bordé-e-s, se souviendront de leur jeunesse. (Mais ni des hommes, ni des femmes, qu'il-elle-s n'auront pas remarqué-e-s.)

Comme tous les couples, lui vieilli, elle usée, tous les deux fatigué-e-s, il-elle-s reviendront se chauffer le cœur à l'heure de leurs premières amours. Qu'elles étaient belles ! Qu'il-elle-s étaient beaux-elles ! Un seul nuage, une seule nuée, inopportun-e-s, viendront leur sourire troubler : toutes ces phrases, tous ces mots, qui alors par des tirets furent démembré-e-s.

mercredi 27 juin 2012

Un grand homme

Je me rappelle un cours de philosophie de terminale, oh, j'ai l'impression que c'était il y a longtemps et aussi bien je m'en souviens comme si c'était hier. Un tout jeune professeur angélique, en noir été comme hiver, annonça de sa voix fluette : Aujourd'hui, "Qu'est-ce qu'un grand homme". Le noir renforçait le solennel de l'instant. Une bonne dizaine d'années après, j'ai un peu plus d'éléments en tête.

Robert Badinter est un grand homme.

Brillant avocat, orateur admirable, ministre, homme de lettres. Artisan de l'abolition de la peine de mort en France (1981 !), lutteur infatigable pour les droits de l'homme en général et des homosexuels en particulier ; c'est lui qui a porté le projet de dépénalisation de l'homosexualité en France (1982 !). Je mets des points d'exclamation : 1982, c'était il y a 30 ans seulement. Robert Badinter, dans son grand âge avançant, vient d'écrire le livret d'un opéra (musique de T. Escaich), comme pour s'offrir le plaisir d'un divertissement à ses activités prenantes, lui qui s'exprime toujours clairement et dans un français délicieux. On lit toujours ses tribunes régulières dans Le Monde avec tel un plaisir... comme si c'était du Voltaire.

Chapeau bas, monsieur.

lundi 25 juin 2012

Il ne tient pas à moi que vous échouiez à saisir ce titre

Je lis ces temps-ci avec un grand plaisir les Mémoires du Cardinal de Retz, qui se prononçait Rais, qu'il écrivait d'ailleurs ainsi, sauf lorsqu'il s'agissait de son oncle, qui était Archevêque de Paris, quand lui n'était que coadjuteur, etc. C'est le problème des classiques : les notes s'y déposent avec les siècles et chaque page tournée en soulève un nouveau nuage. Une allusion qu'on précise, une faute de grammaire qu'on justifie, un personnage dont on résume la vie, tout ceci brille un instant dans la lumière, mais l'accumulation finit par masquer le texte et piquer les yeux.

Il peut pourtant y avoir un autre piquant à ces notes : c'est de noter leur absence occasionnelle. L'annotateur, en général, est compréhensif : il s'attend bien à ce que vous connaissiez moins que lui son sujet. Ignorez-vous que le Pont-de-l'Arche commande la route de Paris à Rouen ? Il vous le précisera bien volontiers. De même, Retz a l'habitude de reprendre par un pronom dans une phrase un antécédent d'une précédente, avec une habilité que notre siècle a perdue : systématiquement, l'annotateur y suppléera. Mais sa mansuétude a des limites qu'il ne devine peut-être pas lui-même. S'imagine-t-il réellement, comme pourraient le laisser croire les cent-soixante pages d'introduction qui font l'économie d'une définition, qu'il juge probablement trop évidente ou à laquelle il ne pensa même pas, s'imagine-t-il réellement, dis-je, que les lecteurs savent ce qu'est un coadjuteur ? Ce que, pourtant, Retz était.

Il y a enfin des instants où l'annotateur semble s'amuser innocemment : quand il prend prétexte d'un oubli de l'auteur pour une pleine page rageuse où il se moque des commentaires des annotateurs précédents ; quand, à une allusion très voilée de Retz à propos des mœurs de Mazarin, il ajoute une note soulignant l'allusion sans en lever le voile ; quand, enfin, il reprend dans une de ses notes telle ou telle tournure qu'affectionne l'auteur. Ainsi de celle-ci, dont Mauriac abusait aussi, que je peine toujours à comprendre mais qui me tient lieu ici de titre.

vendredi 22 juin 2012

L'Amiral

L'amiral

L'amiral Larima
Larima quoi
la rime à rien
l'amiral Larima
l'amiral rien.

Jacques Prévert, Paroles

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