Hier après-midi, nous sommes allés faire un tour au musée des Confluences.
On attendait le moment propice, on a choisi un dimanche d’août, plusieurs mois après l’ouverture, en tout début d’après-midi pour éviter les grandes foules (qu’on a eues quand même).
Commençons par le dehors. Que l’on aime ou conteste la forme du bâtiment, ses parements, son aspect extérieur général, force est de constater que si l’on arrive de Lyon par l’autoroute, ce navire ou gros cumulus en impose. L’un des objectifs du musée des Confluences, qui était de marquer l’entrée de Lyon par un symbole architectural fort est indéniablement atteint.
Voyons d’un peu plus près. Les abords du musée sont assez réussis. Les pelouses côté Rhône n’ont pas encore toutes poussé, mais au sud au confluent proprement dit l’aménagement est plutôt joli : bancs et espaces verts vus de dessus depuis le musée constituent un espace accueillant et bien pensé. On ne peut pas vraiment en dire autant de l’extérieur du bâtiment, lorsqu’on est le nez dessus. Les plaques grises du parement comme les vitres de l’espace d’accueil semblent déjà sales et vieillies. Aucune ligne du bâtiment ne frappe vraiment l’œil par son élégance ou sa logique dans la conception d’ensemble de l’ouvrage. Le grand escalier d’entrée, en béton brut, présente de grosses fissures qui semblent provenir de la pose de ses dalles ; c’est dommage, cela donne l’impression que l’escalier a déjà dix ans.
Entrons. Durant les quelques minutes de patience nécessaires à l’obtention de notre ticket d’entrée, le regard vagabonde. Un premier constat : l’espace vitré où l’on se trouve est en soi monumental, et pourtant il est encombré d’un tas d’éléments (escaliers, blocs comprenant les espaces d’exposition aux niveaux supérieurs, escalators, rampe panoramique) qui disposés de façon alambiquée dans le volume en rompent la grandeur naturelle. La surface au sol est elle aussi étonnante : la file d’attente aux caisses est en plein milieu, la boutique du musée est dans un coin à droite assez loin (on ne veut visiblement pas forcer le visiteur à repartir avec quelque chose ?), quelques sièges près des vitres sont disposés tout autour de ce rez-de-chaussée. Le reste de la surface (la moitié ?) est inutilisé, ou inutilisable. Cette drôle d’organisation de l’espace, au sol comme en volume, laisse un sentiment de confusion. J’allais oublier : on retrouve de grosses fissures au sol un peu partout, comme sur l’escalier extérieur.
Les expositions sont aux niveaux 1 et 2 ; montons. La structure métallique intérieure n’est pas visible directement, mais on la devine sous des parements gris métallisé. Je n’avais pas remarqué d’en bas, les façades extérieures sont constituées de vitres toutes différentes, certaines minuscules et un peu tarabiscotées, à l’image de la structure intérieure. L’entretien ne sera pas de tout repos. Au premier niveau, les expositions temporaires ; au second les collections permanentes. Les espaces sont sensiblement identiques, les salles sans grande originalité. Qu’une telle structure dégingandée abrite des salles aussi banales laisse un peu rêveur. Les collections permanentes sont belles, les salles peut-être un peu trop sombres pour bien les admirer. En revanche, la juxtaposition de collections très disparates, dans les quatre salles d’exposition, pâtit d’un manque cruel de pédagogie et de cohérence. Un exemple : un petit accélérateur de particules des années 1930 voisine avec une belle collection de vases décorés de frises, eux-mêmes proches d’un superbe manteau de dignitaire chinois brodé d’or et de bleu. Le parti pris est surprenant, que la lecture des différents cartels n’explique pas. L’impression d’avoir sous les yeux un ensemble d’objets de bric et de broc sans lien apparent domine.
C’est la Terre depuis son origine et l’humanité dans son histoire que le musée des Confluences interroge.
Quelle belle ambition pour ce musée, tout à la fois musée de l’homme, musée d’histoire naturelle, musée des sciences et techniques. Les collections sont en nombre un peu faible pour réaliser le projet annoncé, l’ambition dépasse ce qui est montré et la manière dont cela est montré.
Après un crochet par le quatrième étage et les belvédères d’où l’on admire Lyon, situés sur le toit du musée, on redescend perplexe avec de nombreuses questions en tête. Pourquoi une structure extérieure aussi monumentale quand les espaces d’exposition sont somme toute d’une surface modeste, communs, et sans lien apparent avec ladite structure ? (A l’opposé exact de deux musées récents, le musée du quai Branly et le musée du Louvre Lens, où la forme extérieure du musée conditionne l’organisation harmonieuse de l’espace intérieur.) Pourquoi une forme extérieure si tordue, dont aucune ligne ne réjouit, qui semble maltraiter les matériaux sans raison valable (une justification architecturale, muséographique, que sais-je) ? Cela me semble bien loin de l’architecture, qui veut concevoir des espaces et agencer des volumes de façon organisée ; aux antipodes de l’art de l’ingénieur, de son devoir d’optimisation et d’esthétique dans la recherche de l’adéquation entre la conception, l’économie d’ensemble du projet, la rationalité dans l’emploi des matières premières et évidemment la fonction de l’ouvrage.
Rien n’empêche aussi de faire simple ou beau.