Poule au pot et moule homo

Où l'Auteur n'exprime pas la moindre honte pour le titre pourtant piteux de ce billet.

Il est de ces coïncidences à peine provoquées qui donnent prétexte à bloguer : ce soir, j'ai terminé ma poule au pot et le Têtu de janvier.

The bird

J'ai finalement pu la cuisiner, la bestiole, mardi dernier. Je l'aurai méritée : hacher trois-cents grammes de foie de poulet, de la crème et cent grammes de pain de mie avec une moulinette à fines herbes est une épreuve que je ne conseille qu'aux plus braves, aux plus endurants et aux moins sensibles d'entre vous. Gore à ce point, ce n'est plus de la cuisine, c'est un film de Verhoeven. Puis vous farcissez la bête (différence notable avec les films de Verhoeven, donc, où les organes liquéfiés ont plutôt tendance à sortir du corps qu'à y entrer) et vous la jetez dans l'eau bouillante avec patates et carottes. Vous faites cuire une longue heure à la cocotte-minute et...

C'est une merveille. Il n'y a pas d'autres mots.

Ce soir, il ne restait plus de viande, que des légumes que j'ai poëllés avec une pointe de vinaigre. Autour de la pyramide de Gizeh, il y a d'autres pyramides, plus modestes, plus petites, mais admirables - comme des annexes à cette Merveille du monde. Mon repas de ce soir, c'était ça, une annexe à la poule au pot - comme elle, admirable.

The bird-cage

J'ai, aussi, comme annoncé quelques paragraphes plus haut, fini le Têtu du mois. Avant même que le mois ne commence, d'ailleurs, à croire que celui qui décide des dates de parution de Têtu est un ancien du Monde. Qu'y avait-il à la "une" de celui-ci ?

  • lesbienne et gays : pourquoi ça coince ? Une bonne question à se poser pour un "Magazine des gays et des lesbiennes" consacrant 4 pages sur 146 spécifiquement aux lesbiennes ;
  • Bareback : le docu-vérité qui dérange Une interview intéressante de la réalisatrice, trois pages. Sur 146, pour mémoire.
  • Sexe, gloire et fortune en 2005 ? L'horoscope absurde de fin d'année.
  • Un pasteur porn-star se dévoile L'inévitable interview d'acteur porno.
  • Ambrose : le cover boy à croquer Assez banal : style Têtu, ils les élèvent en batterie

Je n'aime pas énormément lire Têtu, cela se sent peut-être.

Ce que j'aime, c'est acheter Têtu. Entrer chez un buraliste, l'air perdu, et demander où il a caché Têtu. Le voir me répondre un peu atterré "Là, juste devant vous, à côté de Télé Poche" ou bien le suivre dans le fond du magasin où il devra extirper mon magazine d'entre Gros-nichons-mag et de Chattes-brûlantes-sur-un-toît. Lui répondre "mais il ne pleut plus" lorsqu'il me propose un sac pour ne pas que la couverture se mouille ("On ne sait jamais à cette saison", me répond-il).

La première fois où j'ai acheté Têtu fut la meilleure. Pas parce que c'était la première fois, ni parce que c'était Têtu, d'ailleurs. J'aurais acheté La-Croix ou Le Chasseur français, ç'aurait été tout pareil. C'était au Relay H de la gare de la Part-Dieu - celui de l'entrée, où Têtu est à côté d'Entrevue, pas celui du milieu du hall, où Têtu est derrière Entrecuisse. J'ai fais la queue avec mon magazine sous le bras, je l'ai tendu au jeune homme charmant derrière le comptoir, nous nous sommes souri et... je me suis rendu compte que je n'avais pas un sou. Tout penaud, je lui ai demandé s'il prenait Monéo. Son sourire s'est à peine élargi lorsqu'il m'a répondu Nous prenons tout, si c'est demandé gentiment.

Il avait un piercing à l'arcane sourcilière.

Oui, décidément, Têtu est un magazine dont le prix d'achat est justifié. Mais dont le prix de lecture est nul, c'est un signe.

Commentaires

1. Le lundi 20 décembre 2004, 15:25 par Plantex

Des fois on peut tenter de se consoler en disant qu'il y aussi des images à regarder dans un têtu mais ça ne marche même pas. souvent ils sont moches ou trop sophistiqués (donc moches).
Un nouveau magazine est sorti récemment : Egerie. Tout à fait dans la tendance "être pédé, c'est à la mode" et qui pour son premier numéro écume tous les clichés sur la "culture homosexuelle". Espérons que par là ils les éliminent pour ne plus être obligés de le remettre dans les prochains numéros.

2. Le mardi 21 décembre 2004, 09:12 par FabriceD

Il y a (il y eut ? je n'en ai pas entendu parler dernièrement) aussi Préférences. Pas inintéressant, ambitieux, prise de tête : quelques bons articles, tout le reste rempli par des articles très sérieux et très prétentieux où l'on utilise sans sourire le pire jargon gay et des photos vaguement déglinguées (couleurs glauques, mannequins sales et mourant apparemment de faim...). Le tout dans une mise en page quelque part entre la sobriété des Cahiers du Cinéma et le dépouillement de la Gazette de la section CGT de l'Usine Péchiney d'Issoire.

Entre la follie-paillettes de Têtu et la prise de tête terne de Préférences, je rêve d'un juste milieu...

3. Le mardi 21 décembre 2004, 23:17 par Stitch

Préférences ça existe toujours aux dernières nouvelles, et le mec en couv du n°5 était fort mignon.

Sinon, il y eut "SUB" il y a 4 ans, qui a sorti deux numéros avant de couler. Le public n'était pas au rendez vous.

C'est ptetr le bon point de l'histoire: ptetr que seuls les journaux de qualité survivront, vu que le public est qd mm assez restreint?

4. Le mercredi 22 décembre 2004, 12:20 par Nono

J'aime bcp ce style d'ecriture =)