Dies irae
Par FabriceD le jeudi 6 janvier 2005, 00:35 - Omphaloscopie - Lien permanent
Amusant la vie, non ?
Petit soir de déprime, j'ai essayé de regarder Who framed Roger Rabbit? pour me donner la pêche. Vous savez quoi ? C'est un film réaliste, en fait. Si, si, je vous assure. La vie, la vraie, en fait, c'est comme les cartoons. Vous faites des plans grandioses pour attraper le volatile de vos rêves et ils échouent lamentablement, vous crevez de faim un week-end, vous êtes célibataire à jamais. Sur chaque porte il y a un seau en équilibre précaire qui n'attend que de vous tomber sur la gueule, sur chaque parquet trop ciré une banane est tapie qui guette votre semelle, vous avancez de gag piteux en gag piteux : vous rencontrez l'homme de votre vie, il est hétéro ; vous vous rêvez artiste, vous voilà ingénieur ; on loue ce que vous savez être votre médiocrité - grotesque et éculé, tout ça, mais guère plus qu'un piano tombant du quinzième étage.
Surtout, surtout, règle de base : si l'ours a arrêté de vous poursuivre, c'est que lui a vu le bord de la falaise, vous courez dans le vide, votre chute est imminente.
Il y a eu ces derniers temps des tracasseries dans ma vie ou, plutôt, autour d'elle qui me la ternissaient un peu. Mais, ces derniers temps, les signes étaient positifs. Il y a bien longtemps que je n'ai pas mangé de foie de poulet mais je sais lire d'autres signes (même si j'ai tendance à les confondre avec des gros canards, parfois) : ces derniers temps, les couples qui doutaient semblent se retrouver et les gens qui se lamentaient retrouvent le sourire. Même ma vie à moi devenait sympathique. Vide, certes, toujours, mais sympathique. J'ai désormais de l'argent, j'aime mon travail, j'ai un lectorat.
Vous voyez venir le gag ?
L'ours qui ne me poursuit plus : ma grand-mère paternelle se remet très bien de son opération, elle devrait être chez elle sous peu. La falaise que je n'avais pas prévue : mon grand-père maternel sera hospitalisé demain.
Certains persistent à croire que notre cartoon grotesque, insignifiant et vain a un Grand Dessinateur dont les desseins sont impénétrables. Si c'est le cas, avouons-le, tous ses gags ne sont pas du meilleur goût mais il est bigrement bon : il y a des jours où la vie est tellement drôle qu'on en rie aux larmes.