Petit chosier

Un jour, vos petits-enfants arriveront en courant dans le salon où vous vous serez endormi devant les Chiffres et les Lettres. Ils sauteront sur vos genoux, en se battant pour avoir la meilleure place et en piaillant que Papy, il dormait ! Papy, il dormait ! Vous prendrez un air faussement sévère pour leur dire que, pas du tout, Papy reposait juste ses yeux. Ils prétendront vous croire, prétendront vous craindre, tourneront vers vous leurs grands yeux brillants. Et, d'un ton suppliant, vous demanderont de leur raconter, encore. Vos yeux, alors, se voileront et, la gorge serrée, vous pourrez dire... J'y étais.

Ça a commencé ici, continué là, vous vivez en direct l'émergence d'un mouvement. Vous assistez à la naissance de... l'e-liste-de-course.

Hier, je suis allé à monoprix. Encore. Car, imaginez-vous, aujourd'hui, je recevais.

Je suis encore dans une phase de découverte de la cuisine. Dans tous les sens du terme : je découvre certains plats que je tente et fais subir à mes invités, je découvre aussi des ingrédients ou des ustensiles que j'apprends à maîtriser, je découvre enfin que l'espèce de renfoncement dans l'évier avec un trou au fond sert à mettre de l'eau savonneuse pour faire laver la vaisselle sale depuis une semaine par des invités consentants.

Du coup, ce ne sont plus des courses que je fais, mais des investissements. Lisons ensemble mon ticket de caisse : planche à découper, deux couteaux à steak, un couteau d'office, un couteau de cuisine de 17cm (pour les couteaux, la taille fait une énorme différence), noix de muscat, piment de Cayenne, curcuma, miel d'acacia, raisins secs - toute cuisine se doit d'avoir cela, la mienne en manquait. Ensuite seulement, viennent les ingrédients de l'expérience (à propos d'expérience, voici un texte de plus de moi en ligne : La Créature) : un rôti de porc, une bouteille de très mauvais vin blanc, une bouteille de très bon muscat, de l'ananas.

Vous vous demandez ce qu'on peut bien faire avec tout ça, hein ? C'est le moment de baver, les petits loups. Du rôti de porc au miel et aux épices accompagné de riz et de compote d'ananas aux épices aussi. Ce n'était ma foi pas mauvais. Et plutôt simple à faire. Grosso modo, vous mélangez plein d'épices à du miel, vous enduisez votre rôti de cette mixture, laissez mariner (une heure en théorie, une nuit serait sans doute mieux), faites dorer dans un peu d'huile dans une cocotte avec un oignon et deux gousses d'ail hachées, rajoutez un quart de litre de bouillon de volaille et faites cuire une heure. Pour la compote, encore plus simple, vous portez à ébullition 20cl de vingt blanc, deux cuiller à soupe de cognac, une cuiller à soupe de vinaigre, vous ajoutez votre ananas coupé en cubes, plein d'épices (dont du piment de Cayenne et un clou de girofle), vous laissez cuire une heure, mixez et faites réduire. Facile, hein ?

Le reste de la liste de course oscille entre le grignotage immédiat (une quiche lorraine Marie), la réparation des expériences culinaires (papier toilette et destop) et le bassement utilitaire (des piles - pour rembourser Val mais, bêtement, j'ai pris des salines, je ne peux pas décemment lui refiler ces merdes - et des lames de rasoir). Sans intérêt, donc.

Blogueurs, blogueuses, à votre tour ! Blogueurs, blogueuses, à vos caddies !