Petit chosier

Savez quoi ? C'est la vingt-quatrième Saint-Valentin de ma vie.

Plus précisément encore, c'est la vingt-quatrième Saint-Valentin de célibataire de ma vie. Et, voilà qui est plus notable, cette année, je m'en fous. J'ai des amis que j'aime, un homme pas très loin que je ne suis pas très loin d'aimer, un job très prenant qui ne me laisse pas le temps de me demander si je l'aime. Que demander de plus ? J'économise sur les fleurs, sur les chocolats et le restaurant, cette année encore, moi. Me suis acheté des CDs, pour compenser.

Alors, bon, je m'en fous, cette année, mais je vais me saouler tout de même, hein. Ce serait sot de perdre une si durable tradition. Mais je ne vais pas pleurer, je ne vais pas enfouir ma tête dans l'oreiller, je ne vais pas rêver me défenestrer. Je vais avoir le vin gai. Sauf que ce ne sera pas du vin, vu que je n'aime pas le vin. Je vais y aller à l'armagnac, je pense.

Savez quoi ? Ma vie n'est pas si horrible, ces derniers temps. La plupart des gens qui m'entourent semblent m'apprécier, ces dernières années. Moi-même, je ne me hais point. Les gens autour de moi vont bien, les malades guérissent, les couples se ressèrent. Bon, OK, je dors seul tous les soirs mais mon lit n'est pas très large, on y dort difficilement à deux.

J'ai beau rechercher en vain au fond de moi cette vieille douleur acide de la Saint-Valentin, comme on titille du bout de la langue une dent creuse, je ne la trouve plus, elle n'est plus là.

Prochain point dans un an.