Petit chosier

Il était grand, il était beau, il s'appelait Billy.

Mais commençons par le commencement...

Les éléments s'acharnaient lorsque nous partîmes mais notre quête était noble et c'est le cœur plein d'espoir que nous partîmes. Vers la Suède. Ou l'une de ses plus proches annexes. Il neigeait, il ventait, il gelait. Nous n'écoutâmes pourtant ni le sifflement fiéleux du vent, ni le cri aigu des mouettes - rien, sinon notre courage. Et nous y allâmes.

Longtemps, nous roulâmes. Plus longtemps encore nous marchâmes en ce temple païen : Ikéa. Nous parcourûmes les allées à rebours puis nous suivîmes le flôt des adorateurs du meuble en kit. Mais, tout le longs de nos déambulations, nos sens restèrent en éveil. Et, là, je le vis. Dès le premier regard, je le sus - je le crus - il était pour moi. Au premier regard, je l'aimai. Aussitôt, je le voulus.

Il s'appelle Billy. Il est grand, il est large, il est pâle. Il est pour moi, mais il ne le sait pas. Il est une bibliothèque, aussi, accessoirement.

Billy mesure deux mètres et deux centimètres. Nounours possède une Saxo. Tout est dit.

Je suis reparti d'Ikéa la queue entre les jambes, sans avoir celui que je voulais, mais en ayant été plus proche de lui que je ne le fus sans doute jamais. Frustration intense, déception immense, mais je m'en remettrai. J'ai caché ma peine, fait contre fortune bon cœur. À la caisse, je n'ai pas rougi face à la caissière : oui, je n'achetais que dix piles et six verres, mais je ne repartais pas bredouille. Pas complètement. Ce n'était pas ce que j'aurais le soir chez moi qui comptait, mais les souvenirs que j'emportais, et elle ne pouvait pas me les facturer, la gredine.

Après, il y eut la Camif, il y eut le BHV, il y eut un plat à tarte, mais de tout cela rien n'importe.

Billy n'est pas ici ce soir. Et il me manque.