Konwitschny

Où l'Auteur n'éternue pas, contrairement aux apparences.

L'autre jour, on m'a demandé qui était pour moi l'interprête idéal des Symphonies de Beethoven. Bizarrement, alors que je me serais attendu à répondre Mackerras, ou Walter, ou Markevitch, ou Monteux, ou Fricsay, j'ai répondu du tac au tac Konwitschny. Franz Konswitschny. Snobisme ? Prétention un peu vaine de sortir un nom que très peu connaissent - et qu'encore moins prononcent ? Réponse juste soufflée par mon inconscient musical ?

J'ai remis l'oreille ce soir dans les quelques enregistrements que j'ai gravés de lui. (J'ai son intégrale avec la Staatskapell de Dresde en vinyl.) Et, de plus en plus, je penche pour la troisième solution.

En l'écoutant - tout de suite dans la Cinquième - je ressens tout ce qui manque aux autres et que lui a. Et je retrouve tout ce que j'aime chez eux. L'énergie rythmique de Mackerras, le souffle de Walter, la puissance de Markevitch, la perfection sonore de Fricsay, l'espièglerie de Monteux. Mais sans le clinquant de Mackerras, le romantisme exagéré de Walter, la lourdeur occasionnelle de Markevitch, l'ennui de Fricsay. De Monteux, je ne me souviens pas assez pour juger ; il méritera une réécoute prochaine.

Ce qui est étrange, c'est que ce nom, Konwitschny, me soit remonté comme une évidence alors que je ne l'avais pas écouté depuis si longtemps. Et ce besoin, en même temps, de me replonger dans cette musique.

Il y a des livres qu'on a aimés un jour, des films qui nous ont marqué, mais qu'on n'ose pas réapprocher, de peur qu'ils nous déçoivent finalement. Je n'avais pas cette crainte, ce soir. Et à raison. Tout est là, comme dans mon souvenir, la tension, la beauté, l'émotion. Tout.

Ce qui est encore plus étrange, c'est que j'ai eu besoin de vous parler de cela. J'ai la drôle d'impression que Konwitschny, mon retour à lui, égal à mon souvenir, est une parabole. Que j'essaie de vous parler d'autre chose en vous parlant de cela. De quelque chose d'intime, peut-être, ou d'insignifiant, plus sûrement - mais je ne vois pas quoi. Il me faudrait probablement tirer une morale de tout cela - mais je ne vois pas laquelle.

Pour une fois, que ce machin serve à quelque chose, tenez. S'il vous plait, lisez-moi, Lecteurs. Et, si vous voyez de quoi j'essaie de vous parler, dites-le-moi en commentaire. Pendant que vous chercherez, moi, je serai en train d'écouter une Symphonie de Beethoven. Par Konwitschny, donc.

Commentaires

1. Le lundi 7 mars 2005, 15:26 par Plantex

Je me demande si ce n'est pas toute une période qui essaie de remonter à la surface. Quand écoutais tu cela pour la dernière fois? Quel élément nostalgique peut revenir comme ça, d'un coup? Est-ce que le fait de prononcer ce nom était accompagné d'une sorte d'impression déjà vécue?

2. Le lundi 7 mars 2005, 16:33 par FabriceD

Alors... J'écoute cela depuis disons la fin du lycée. Les vinyls m'ont été offerts par le père de Sylvain, le copain de Virginie que j'ai déjà évoquée par ailleurs.
Nostalgie du lycée ? pourquoi pas mais je doute.
Fantasme inavoué sur Sylvain ? je doute encore plus même si je me dois d'avouer que Virginie a raison lorsqu'elle déclare les fesses de Sylvain "sexies".
Fantasme inavouable sur Monsieur M., père de Sylvain ? nooooooooooooooooooooooon !!!

3. Le mardi 8 mars 2005, 18:30 par Obi-Wan

Désir inavouable de ressembler a ce chef d'orchestre ?

Obi-Wan,
Juste Karajan...

4. Le mercredi 9 mars 2005, 01:09 par FabriceD

Désire inavouable d'avoir du talent... Ca pourrait se tenir ça.