Petit chosier

Je sais bien que certains d'entre vous n'aimez pas quand je parle de musique parce que je sombre à chaque fois dans l'hermétisme et l'incompréhensible. J'ai écouté vos plaintes. Et décidé de ne pas en tenir compte. En avant, donc.

Quand je serai vieux, je voudrais être comme Arthur Fiedler.

Physiquement, d'abord. J'aimerais bien avoir cette allure de grand-père débonnaire, une bonne bouille replète, une moustache immaculée, une silhouette de gros nounours inoffensif. Il y a d'autres styles de vieux messieurs qu'il ne me déplairaient pas non plus, le vieux tout sec au visage sévère mais à l'œil espiègle, notamment, mais l'Arthur Fiedler est un de mes favoris.

Surtout, j'aimerais avoir sa fantaisie et son talent.

Pour ce qui est du talent, il faudra me croire sur parole, j'imagine. Ou me demander que je vous prête des CDs si vous êtes dans le coin. Mais pour la fantaisie, j'ai des anecdotes qui me font adorer cet homme. Juste une, si vous permettez. Un jour, Fiedler a dirigé le Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns. Et, en particulier, le mouvement intitulé Le Coucou. Dans ce mouvement, deux clarinettes se répondent Coucou ! Coucou ! tandis que les pianos créent une atmosphère étrangement mélancolique. Fiedler s'était persuadé qu'il s'agissait là d'un coucou mâle et d'un coucou femelle qui se faisaient la cour.

Et, conséquemment, s'était documenté.

Vous ne le saviez peut-être pas, je l'ignorais moi-même avant Fiedler, mais la femelle coucou se cache, pendant la parade nuptiale, et le mâle se doit de la retrouver à son chant. Conséquence logique, lorsque Fiedler dirigeait le Coucou de Saint-Saëns, un des clarinettiste était caché parmi les tuyaux de l'orgue et l'autre passait tout le mouvement à le chercher, même et y compris sous les pianos.

Quand je serai vieux, je veux être comme Arthur Fiedler, donc.