André
Par FabriceD le lundi 25 avril 2005, 22:23 - Polaroïds - Lien permanent
C'était un vieux monsieur au physique churchillien. Un mètre cinquante-cinq à peine et quatre-vingt-cinq kilogrammes largement de bougonnerie bonhomme.
C'est de lui que je tiens les deux axiomes de ma philosophie culinaire. Tout ce qui peut flamber doit flamber. Et c'est la graisse qui donne le goût. Dans la semaine, ou dans les semaines qui viennent, je me ferai une poule au pot en mémoire de la sienne qui était si bonne. Et, aussi, je rechercherai la recette de ses escaloppes luculus. Il me semble de mémoire qu'elle impliquait des pommes de terres, de l'emmental rapé, des escaloppes de veau, du saindoux et de la bière. Il me faudra m'en assurer.
C'est à lui aussi que je dois un peu de mes opinions politiques. Quand il était pour, être contre. Quand il était contre, être pour. Bons adages. La réaction a la réaction peut être un progrès. Mais rien n'est si simple non plus.
J'ai grandi en l'entendant dire qu'il ne tolèrerait pas que ses petits-fils deviennents des petits pédés avec des boucles d'oreille. Mon petit frère n'a pas été inquiété pour la sienne de boucle d'oreille. Et je n'ai pas jugé bon de l'inquiéter du reste. Peut-être serait-ce passé aussi.
Peut-être pas. Il a rompu tous les ponts avec sa fille, avec ma tante, et avec mes cousines parce qu'il n'aimait pas le prétendant de l'une d'elle. Parce qu'il était d'origine espagnole, avais-je cru comprendre. La copine de mon frère aussi, l'est, et là encore c'est passé. Peut-être n'ai-je rien compris.
Sûrement.
Il était comme Mitterrand, il était comme le pape, il avait toujours été là. Et ne l'est plus.
Mon grand-père maternel est mort, cette nuit.