Petit chosier

J'ai vu hier Garden State. C'est très bon, il y a des scènes de cruauté sur animaux. Mieux : sur chiens ! Mais pas uniquement. Il y a, aussi, une scène bouleversante d'enterrement. L'enterrement de Jelly. Jelly le hamster. Un hamster moyen : de la fourrure, des bajoues, des dents qui dépassent et pas de cerveau ou si peu. Un cousin de Saloperie, pour ainsi dire. J'aurais dû aimer le voir raide mort. J'aurais dû rire à son inhumation. J'en ai presque pleuré.

Je connais quelqu'un qui n'a rien au genou. Cela lui a été annoncé sans ménagement aujourd'hui par le corps médical. Il n'écrira donc pas de livre avec Marc-Olivier Fogiel et la piraterie à jambe boisée lui ferme ses portes. Deux carrières brisées par la normalité. J'en plaisante maintenant mais ce genou m'inquiétait, ces derniers jours. Il se glissait dans mes cauchemars avec Ralf, le commercial allemand de la boîte où je travaille. Mais ce genou n'a rien et l'apprendre m'a mis en joie. J'en ai presque pleuré.

Il y a dans mon bureau neuf petits ordinateurs que l'on a appelé les pingouins. Ils sont de la taille d'un petit dictionnaire, de la couleur d'une voiture de luxe noire et de conception asiatique. Ils s'appellent U1, U3, U4, U5, U6, U7, U8, U9 et U10 - U2, leur petit frère, est mort à peine branché. Ce soir, je me suis connecté à U1 en SSH pour changer son adresse IP et son masque de sous-réseau. Le lecteur informaticien grimace, le lecteur normal s'interroge. Disons, pour faire simple, que j'ai précipité U1 dans des abîmes d'inexistence virtuelle. Lorsque j'ai compris qu'il était perdu, j'en ai presque pleuré.

Je n'ai toujours vu ni Rox et Rooky, ni Bambi. Je vais peut-être attendre encore quelque temps avant d'essayer.