Bonbons au poivre
Par FabriceD le mardi 26 juillet 2005, 19:56 - Salles obscures - Lien permanent
Je n'en parle que peu (je ne vous dis pas tout) mais, comme d'autres, j'aime à m'enfermer dans le noir avec plein de gens pour découvrir des sensations inédites. Ce n'est pas de l'échangisme, c'est de la cinéphilie. Et, une fois n'est pas coutume, je vais sortir de mon mutisme à ce sujet. C'est que, voyez-vous, j'aimerais tordre le cou à quelques drôles d'idées qui circulent dans mon entourage et qui me semblent fausses.
Non, Charlie et la chocolaterie n'est pas un énième film hollywoodien pour enfants.
C'est même tout le contraire, si vous voulez mon avis : un film contre les enfants.
Si l'on essaie de résumer ce film à ses péripéties, ce n'est jamais que l'histoire de l'élimination méthodique, cruelle et préméditée de quatre enfants. Il n'y a guère que Battle Royale pour aller plus loin. Encore que. Dans BR, cette élimination n'est qu'une réponse absurde et injuste d'adultes paniqués qui n'arrivent plus à contrôler leur progéniture. Dans Charlie..., c'est bien pire : d'abord parce que c'est un enfant (Willy Wonka - j'y reviendrai) qui punit d'autres enfants ; ensuite parce que la sanction est présentée comme méritée. On n'est plus dans l'absurde et l'arbitraire, on est dans une sorte de justice divine : chewing-gum pour chewing-gum, friandise pour friandise - la règle du Talion de l'Évangile selon Burton.
C'est que les enfants sont des monstres, intenables, méchants, violents, envieux, gloutons, avares, viciés, gâtés. En un mot, les enfants sont des adultes - j'y reviendrai aussi. Et, en tant que tels, ils n'ont pas à se voir accorder de circonstances atténuantes.
On m'objectera Charlie. Car, évidemment, il y a Charlie. D'où le titre. Sauf que Charlie ne fait rien, ne dit rien, n'est rien. En tout cas, il n'est pas l'enfant archétypique. Les enfants, les vrais, ce sont les quatre autres, la vermine à éliminer. Charlie est anecdotique, tout au plus.
Non, Charlie et la chocolaterie n'est pas un énième film hollywoodien de propagande familiale.
La famille, c'est ce qui gâte les enfants ! Le glouton est héréditairement glouton ; la pimbèche n'est pimbèche que parce que daddy lui passe tout ses caprices ; la mâchouilleuse doit se hisser à la hauteur des rêves ratés de sa mère ; les parents du colérique ont laissé leur rôle de parents à la télévision. Ne parlons pas (pas encore, du moins) de l'abandon du père de Willy Wonka qui a emprisonné son fils dans l'enfance.
On m'objectera la famille de Charlie. Car, évidemment, il y a la famille de Charlie. D'où l'objection. Sauf que la famille de Charlie n'existe pas vraiment, en fait. Les quatre familles des petits monstres sont filmées de manière très réalistes (pour du Burton), à coup de détails qui font vrai (la boucherie de la famille Glup), de lumière sordide (la famille du gosse qui joue avec sa console), etc. Ce sont de vraies familles contemporaines, qu'on peut reconnaître comme telles. Celle de Charlie ? Un fantasme de conte de fées. Rien que la maison dit tout. La famille de Charlie n'existe tout bonnement pas.
Non, enfin, Burton ne veut pas qu'on garde tous notre âme d'enfant.
Le seul adulte qui ait gardé son âme d'enfant, c'est Willy Wonka. Que Burton prend grand soin de présenter comme un monstre. D'ailleurs, les adultes qui restent des enfants sont toujours des monstres chez Burton. Voyez Batman et le Pingouin, en particulier quand le Pingouin contrôle la batmobile d'une de ces petites voitures de gallerie marchande. Batman, le Pingouin, Willy Wonka : les résultats ne sont pas probants.
Non, je crois que ce que préconise Burton, c'est que les enfants soient des enfants et les adultes des adultes. Burton, c'est l'anti-Spielberg, sur ce point. (Spielberg première époque, disons. Avec A.I., Spielberg est passé du côté obscur : comme pour Burton, c'est la famille qui détruit le gosse.) L'idée est révolutionnaire, non ?
On m'objectera le grand-père de Charlie. Et on aura raison : ce grand-père m'embarrasse, je ne sais qu'en faire.
Mais il n'empêche que Charlie... n'est pas le film gentillet que certains y ont vu, à mon avis. C'est même un rudement bon film, bien malsain et bien sombre comme je les aime. Oh, il a des défauts, bien sûr. Il est un peu lent, d'abord. Et trop plein de couleurs vives, ensuite.
(Encore que ce dernier point soit peut-être plus un défaut mien. J'aime les couleurs ternes et sombres. Mais on est en train de me faire apprécier le orange.)
Je ne peux que le conseiller à tous les futurs parents. (Et à tous ceux qui ont eu un jour envie d'étrangler le gamin qui courait d'un bout à l'autre d'un wagon de train en hurlant.)
Commentaires
Fabrice, tu aurais dû commencer ton post par la mention "spoiler" !
Sinon, et ça n'a rien à voir : les japonais, eux, ils font des bonbons à la moule...
Virginie chercherait-elle à nous faire vomir de bon matin?
Et puis, si tu aimes le orange, pourquoi n'en mets tu pas sur ton blog? N'est-ce pas une façon plus intéressante de le signifier que de simplement l'écrire?
OUI ! Des bonbons à la moule !!! J'en ai vu, enfin ! Et des petits poissons séchés en guise de chips !
Fabrice : "les couleurs ternes et sombres" !!!!!! Que fais-tu du pull bleu métallisé ? De la chemise jaune-poussin-qu'a-trop-cuit ? DU SAC ROUGE FLUO ??? Bon d'accord, ce temps-là est révolu, mais il a existé...
des photos!!
D'accord pour les photos (au fait, je prends que les chèques...)
J'ai pas lu ce que t'as écrit parce que Charlie ne sort que le 11 aout dans ce p..... de pays de m....... (Allemagne). Mais je tiens à dire que les bonbons à la pastèque, c'est particulier. Et c'est pas Fabrice qui me contredira.
ouais, d'abord il est sorti vedndredi en Angleterre... sans doute qu'il fallait le doubler pour que les 'my' sonnent comme des 'me' et rajouter quelques 'mate'. tout ca pour dire que l'angleterre c'est plus pourri que l'allemagne (nananere)