Le Monde et l'Ether
Par FabriceD le mardi 3 janvier 2006, 23:22 - Omphalectomie - Lien permanent
Jean-Marie Colombani et moi avons les mêmes problèmes - exactement les mêmes.
Lui comme moi, moi comme lui, l'un et l'autre, nous ne cherchons qu'à satisfaire nos lecteurs et, aussi, à les conserver. Nous voulons leur apporter le plus possible, le plus souvent possible. Donc, nous voulons le surprendre mais, attention ! sans le brusquer. Le changement dans la continuité. Voilà nos problèmes, à Jean-Marie et moi. Pour être franc, il en a un de plus que moi : il s'est brouillé avec Edwy Plenel ; moi, pas. La seule différence, vous dis-je.
Face à cela, quelle réponse ? La photographie.
Seulement, voyez-vous, la photographie...
Pour tout vous dire, la photographie, j'en rêve depuis ce vieux monsieur et son canari. Alors, pour Noël, j'ai craqué, j'ai fait une folie. Je me suis fait offrir un appareil photo, un de ces gadgets argentés que tout le monde semble avoir désormais. Et, comme tout le monde désormais, je fais chier mon monde (pardonnez l'expression) en société à vouloir tirer le portrait de tout ce qui bouge ; dans la rue, je suis le parfait touriste ; chez moi, je m'essaie à la nature morte. Quelle déchéance. Il va sans dire que, pour l'instant, je n'ai pas fait une photo valable. Mais considérons que je m'entraine, en l'attente du prochain vieux monsieur canariphore.
C'est la que les choses se compliquent. Car, voyez-vous, la photographie...
Je ne veux pas d'une photo décorative, juste pour faire joli, juste pour égayer le blog. Je veux d'une photo qui fasse sens, comme l'on dit pédemment. (On, c'est Eric Fottorino, du Monde.) Mais alors... Restons sur l'exemple de mon vieil aviphile : si je l'avais pris en photo et vous l'avais montré, mon texte aurait été de trop - veux-je tomber dans le photo-blog ? Je n'en ai pas le talent. Alors, quoi ? D'un côté, le risque de la photo inutile ; de l'autre, le risque du texte rendu superflu. Entre les deux : le blogueur, perplexe.
Dans l'immédiat, la meilleure manière d'utiliser mon nouveau jouet est peut-être de ne pas l'utiliser. Ou bien uniquement en cachette, en solitaire, sans vous en rien montrer.
À moins que, l'expérience aidant, j'apprenne rapidement à me laisser aller à me faire plaisir sans me sentir obligé de me complaire dans les affres de l'intellectualisation culpabilisante, narcissique et ventilatoire.
Qui lira verra.
Commentaires
Perso je suis pour le plaisir photophile en solitaire. Tout simplement pour 2 raisons : la première, tout le monde aura pu le vérifier le 31, c'est que je ne suis pas du tout, mais alors du tout, photogénique. Et la seconde, c'est que je suis contre le numérique.
Pour être honnête, il faut en rajouter une troisième : après avoir vu tes oeuvres, je pense qu'il vaut mieux t'en tenir au texte...
Non, certaines sont marrantes !
Certes... Tant que je ne suis pas le dindon de la farce...
Au fait, et notre photo de groupe, je ne l'ai pas vue ?
De mon coté, je dirai que la photographie c'est difficile. Et que - comme l'écriture - ça se travaille...
Donc pour faire de jolies photos, il faut faire des photos.
Et puis, de grands noms de la photographie étaient des adeptes de la photo statistique...
Photographier en cachette c'est se cacher pour prendre des photos ou cacher ses photos ?
Dans le second cas, c'est très dommage de se priver de public (car sans public, pas de motivation pour progresser... ).
Et le premier cas te placera dans la lignée de plus grands photo-journalistes...
Tout ça me rappelle que j'ai une p'tite dizaine de pellicules à scanner (Virginie a beau dire, le numérique a des attraits)
Je ne sais pas s'il faut que tu fasses comme Lofox qui par exemple illustre tous ses billets. Je ne sais pas s'il faut que tu entre dans l'ère de la photo couleur en première page comme l'a fait Le Monde au risque de perdre son lectorat.
Ce que je sais c'est que pour lire à la fois Le Monde, le blog de Lofox et le tien, ce qui m'interesse c'est le contenu, pas les images...
Obi-Wan,
Défenseur des belles lettres...