¡Viva la Revolution!
Par FabriceD le jeudi 19 janvier 2006, 22:06 - Doux délires - Lien permanent
- Serge
Mais qui es-tu, Marc ? !...
Qui es-tu pour imposer ta loi ? Un type qui n'aime rien, qui méprise tout le monde, qui met son point d'honneur à ne pas être un homme de son temps...Marc Qu'est-ce que ça veut dire être un homme de son temps ? [...]
- Serge
- Un homme de son temps, c'est quelqu'un dont on pourra dire dans vingt ans, dans cent ans, qu'il est représentatif de son époque.
[...]
- Marc
- À quoi me sert qu'on dise de moi un jour, il a été représentatif de son époque ?
- Serge
- Mais mon vieux, ce n'est pas de toi dont il s'agit, mon pauvre vieux ! Toi, on s'en fout ! Un homme de son temps, comme je te le signale, la plupart de ceux que tu apprécies, est un apport pour l'humanité... Un homme de son temps n'arrête pas l'histoire de la peinture à une vue hypo-flamande de Cavaillon...
- Marc
- Carcassonne.
- Serge
- Oui, c'est pareil. Un homme de son temps participe à la dynamique intrinsèque de l'évolution...
Yasmina Reza, Art
Les mecs cool sont détestables, c'est connu. Détestables et dangereux, cela l'est moins.
Conceptualisons. (Chiche !) La coolitude, telle que je la vois, n'est jamais qu'une recherche volontaire de la contemporanéité. Explicitons. (Oui !) Le mec cool essaie à tout prix d'être un homme de son temps ; il y travaille. Ce qui, c'est évident, est vain. Vain, d'abord, parce que c'est inévitable : comment ne pas être un homme de son temps ? (En étant une femme de son temps, à la limite.) Vain, ensuite et surtout, parce que c'est impossible : le mec cool ne cherche pas tant à être de son temps que de ce qu'il s'imagine être son temps.
Hum...
En une phrase lisible, cela donne ça : le mec cool veut être à la mode ; mais se pressent en retard sur la mode ; et voudrait être à la mode de demain.
En ce sens, le mec cool est tragique. Et comme tout héros tragique, dangereux.
Car il est toujours des crétins pour suivre un héros tragique dans l'abîme où il se précipite. Et gaiement, encore. Vous trouverez toujours un grand dadet, pâle et famélique, vêtu de noir et gras des cheveux, pour se planter à la pointe d'une falaise, à côté d'un arbre frappé par la foudre, face à la mer, son manteau de cuir battant au vent derrière lui : là, il criera au monde son trop plein hormonal, sa haine parentale, son mépris de l'acné. La roche, fragilisée par les racines de l'arbre calciné, cèdera sous lui ; le vent couvrira son dernier hurlement ; les vagues déchiquèteront son cadavre démembré. Il aura son quart de page de gloire dans la feuille de chou locale. Et un enterrement sordide dans un cimetière qui sent les champignons.
De même, il est toujours des légions de clones pour jouer la surenchère avec les mecs cools. Ils se repèrent à leurs baskets rouges. Ou à leur casquette Vuitton. Ou à mille autres brimborions. Mais qui a besoin de baskets rouges ? de casquette Vuitton ? de brimborions ? Les baskets rouges ne vont avec rien ; personne ne sait ce qu'est un brimborion. C'est dire combien personne n'en a besoin.
C'est là où je voulais en venir : tout ceci n'était qu'une introduction. (Je m'enorgueillis de la patience de mes Lecteurs.)
Les mecs cool sont dangereux en cela qu'ils sont, à leur corps défendant, la milice de la société de consommation. Ils sont des prescripteurs d'opinion, comme l'on dit dans les journaux sérieux. Ils nous persuadent que l'on a besoin d'un piercing à l'arcane sourcilière, d'une chemise Celio ou d'un T-shirt de chez Jules. De brimborions, quoi. Ils sont les adjuvants civils d'une armée de publicitaires. Qui veulent faire naître en nous l'envie du nouvel album de Nolwen Leroy, d'une voiture rouge qui fait vroum ou, que sais-je ? d'une centrale nucléaire. D'autres brimborions, en somme.
Leur secret ? La vitesse. Séduire, et vite. Faire passer le brimborion trop vite pour qu'on le reconnaisse comme tel. On saurait qu'on n'a pas besoin d'un brimborion. Proposer, proposer et proposer encore. Sur le nombre des propositions, il y en a bien une que l'on acceptera. Une lessive aux enzymes gloutons ou le dernier Houellebeque.
En ce sens, la société de consommation a son restaurant emblématique. Le Subway. Fromage ? Salade et tomate ? Oignons ? Concombre et poivron ? Olives et piment ? Parmesan et origan ? Quelle sauce ? Trop vite pour réfléchir, on dit oui à tout, sauf pour la sauce, qui ralentit la marche, pour laisser le temps à la caissière d'encaisser.
En temps normal, je n'arrive qu'à peine à refuser tout fromage. (Car je n'aime pas le fromage.) Ce dégoût déplait au Subway : il grippe ses rouages.
Sauf hier.
Hier, je me suis rebellé. Je n'ai pris que ce dont j'avais envie. Salade, tomate, olives. C'est tout. Je voulais sentir le vrai goût des aliments. Surtout, je voulais résister au piment qui me fait tousser. J'étais fier de moi, je me sentais pousser la moustache, j'étais un dangereux gauchiste ! Mon audace me grisait. J'ai vite déchanté. Sentir le vrai goût des aliments s'est révélé être une erreur : la salade est triste, la tomate farineuse et l'olive insipide. Mais je recommencerai ! La Révolution mérite bien qu'on souffre de ces petites contrariétés.
(Mais je mettrai du piment dans mon sandwich révolutionnaire. Pour en masquer le goût. N'est pas Lénine qui veut.)
Commentaires
La chute vallait bien la peine de se taper l'introduction, qui, du reste, vaut bien un billet à elle toute seule, vu son sujet oh! combien épineux...
Et du coup, je vote. Parce que ça le vaut b... Et merde, encore une attaque de la pub'. :-(
Il n'y a pas de vrai choix.
Moi je dirais juste du moment que ca se mange... lol
Obi-Wan,
Préfère les grands avec des casquettes étoilées...
Obi-Wan: ¿ El Che ?
Il faisait 2 mêtres et est enterré à Collombais les deux églises ????
Obi-Wan,
"Je vous ai compris"... lol
Wouhouhou ! J'avais un jour d'avance sur Libération !
C'est à Libé que tu devrais chercher du boulot Fabrice !
Fabrice j'ai sans doute faussé un truc que je sais pas ce que c'est : j'ai cliqué au hasard sur les ptits carrés colorés à côté de "votes" mais j'ai pas fait exprès, c'est juste que c'étaient des jolis petits carrés, un peu colorés et voilà j'espère que tu m'en voudras pas. Poutouuuuuuuuuuuu !
Noriane, toujours aussi tête en l'air. Les jolis petits carrés, c'est pour voter (c'est d'ailleurs marqué à côté). En plus, je suis sûr que par ta négligence, la note est descendue. Vilaine. :-p
mes baskets rouges t'emmerdent