FabriceD et Saint-P
Par FabriceD le mardi 21 février 2006, 21:57 - Doux délires - Lien permanent
Un gros nuage floconneux et cotonneux, innondé de lumière, ruisselant de grâce. Au loin, le son d'une harpe, les gazouillis des chérubins, le sifflet d'un archange qui fait la circulation. Planté sur le nuage, un énorme portail de fer forgé, grand ouvert. Immédiatement derrière, un grand bureau de directeur d'agence du Crédit-Agricole, en bazar : des piles de feuilles se voûtent et se rejoignent, des contreforts de paperasses renforcent des piliers de formulaires, derrière tout cela Saint-Pierre apparaît comme en un vitrail.
Un vieillard grassouillet, rougeaud, au nez veiné de bleu arrive au seuil du Paradis.
- FabriceD (Apercevant Saint-Pierre)
- Vous ici !
- Saint-P. (Relevant le nez d'un registre)
- Vous voilà.
- FabriceD
- Je ne pensais pas que vous existiez.
- Saint-P.
- Je vous attendais. Un instant, je vous prie.
Saint-Pierre ouvre un tiroir de son bureau et y plonge jusqu'à la taille ; bruits de lutte, grognements, froissements. Pensant ce temps, apparaît une bigote, sèche et acide comme un citron trop longtemps négligé. Un peu poussiéreuse, peut-être. Elle ne peut voir Saint-Pierre, mais reconnaît FabriceD : ils étaient voisins, la même fuite de gaz les a emportés.
- Mme H***
- Vous ! ici ?
- FabriceD
- Vous.
- Mme H***
- Comment pouvez... Quelqu'un comme vous... Comment osez-vous ! Je vais vous dén...
Elle tombe à genoux : Saint-Pierre est réapparu.
- Saint-P.
- Monsieur D, donc... Voyons cela. Qu'avez-vous à déclarer ?
- Mme H***
- C'est un ivrogne !
- FabriceD
- J'ai vécu ma vie en plein.
- Mme H***
- C'est un démon !
- FabriceD
- J'ai essayé de faire le bien, toujours ; j'ai échoué, souvent.
- Mme H***
- C'est un pédéraste !
- FabriceD
- J'ai aimé.
- Saint-P.
- Oui.
- Mme H*** (Explosant)
- Il ne va pas à la messe, il ne va pas à confesse. Il mange gras le vendredi, ripaille tout Carême. Il jure et blasphème, il écrivaille ! Il est luxurieux, orgueilleux, paresseux, gourmand ! Pas avare mais dispendieux, pas colérique mais hypocrite, pas envieux mais libidineux ! C'est un démon !
- Saint-P.
- Oui.
- Mme H*** (L'écume aux lèvres)
- Des démons ! Ils forniquaient comme des bêtes, je les entendais de l'autre côté de la cloison ! Des bêtes ! Ils se prenaient, ils se pénétraient, ils jouissaient !
- FabriceD
- Nous nous aimions.
- Saint-P.
- Oui.
- FabriceD
- Romain ?
- Saint-P.
- Il vous attend.
Saint-Pierre se lève et tend la main vers FabriceD. FabriceD passe la grille, les lourds battants tournent lentement sur leurs gonds, les portes du Paradis se referment au nez de la bigote. Saint-Pierre et FabriceD s'éloignent, côte-à-côte, dans la lumière.
Un démon arrive, griffu, pointu, fourchu. Il s'approche de la bigote, pose doucement ses griffes sur ses épaules, sert son petit corps glacé et flétri contre le sien, ferme et brûlant.
Il l'entraîne, elle vient sans résister. On devine, au loin, une dernière fois, la voix de Saint-Pierre.
Commentaires
Tu vas bien ? Un doux fantasme ? Des idées éthanolées ? Bien écrit, ceci dit. :-)
Quel enculé ce Saint-Pierre !
Je vais appeler Roseline Bachelot ou mieux encore, Christine Boutin !
Mais comment peux-tu envisager de pareilles choses ??? Ma parole... Saint-Pierre.... Mais il est beaucoup trop vieux pour un plan à 3 !
Obi-Wan,
Vite un épisode de 24...
Je croyais ta gérontophilie guérie depuis Madame.
En même temps, les vieux, c'est mieux pour la double pénétration...
"Dans un vieux, on tient à deux." (Slogan surréaliste du soir)
Et dans deux vieux, il y a de la place pour combien ?
!!!LIEN DECONSEILLE AUX AMES SENSIBLES!!!
www.fistloverfrench.com/p...
!!!ON VOUS AVAIT PREVENU!!!