Bureau de vérification de la publicité
Par FabriceD le mardi 28 mars 2006, 23:26 - Doux délires - Lien permanent
Les publicitaires ne reculent devant rien pour nous fourguer des pneumatiques. Une voiture roule à toute vitesse dans un pédiluve : devant elle, c'est l'océan Pacifique ; derrière elle, le Sahara. X***, le pneu qui assèche la route !
On engonce un sportif musculeux dans une tenue de latex, on augmente une sprinteuse olympique de semelles caoutchoutées, on fait courir le tout pendant des heures. C'est interminable, les pauvres athlètes sont à l'étuve dans leur latex noir, le spectateur croit à un test d'efficacité pour déodorant hypoallergénique. Erreur ! Un pneumatique, encore, car : Sans maîtrise, la puissance n'est rien.
(Alors que, même avec la maîtrise, l'impuissance n'est pas grand chose : les publicitaires reconvertis dans le spamming nous le rappellent quotidiennement.) Du pneumatique, partout, du caoutchouc, de la gomme.
Or il pleuvait à Villeurbanne, ce matin.
Une petite pluie fine, un petit reste d'hiver, un remors du printemps. Une bruine, disons. De quoi laver les trottoirs, humecter les premiers bourgeons et faire pousser les vieilles dames. C'est flagrant : à la moindre averse, les vieilles dames poussent en ville comme les champignons en forêt. Elles ont des imperméables aux coloris improbables : des kakis brunâtres, ternes et comme endeuillés ; des beiges verdâtres, couleur chair de cadavre, que l'on peine à distinguer de leur propre peau ; des mauves indicibles. Elles marchent de leur petit pas voûté, dans des chaussures basses et vernies. Leurs chaussettes couvrent tout juste leurs chevilles ; leur jupe tombe à mi-mollet ; entre les deux, des varices marbrent leurs jarets tremblottants. Elles protègent leur chevelure blanche aux reflets violacés sous une capuche en plastique transparent. À pois blancs, avec une jugulaire où viennent perler les gouttes.
J'en ai croisé une superbe, ce matin. Archétypique : jupe bleu marine, crinière irisée et talons plats. De la grand-mère authentique, pas un de ces êtres mutants que l'on voit à la télévision faire du parapente la veille de leur doixante-dix-neuvième anniversaire. Non ! Une vieille dame humaine, qui s'endort le soir devant Question pour un champion, qui époussète ses bibelots dans l'après-midi et qui prend sa matinée pour faire ses courses. Les commerçants du quartier l'espèrent et la redoutent : elle connaissait le père de son boulanger, joue au bridge avec la mère du primeur, a donné le bain à son boucher. Elle raconte cela aux autres clientes. Le boucher, la cinquantaine sphérique, rougit derrière ses lunettes rondes et sa moustache grisonnante. Dans un coin, le commis rigole. Ce genre de vieilles dames, donc.
Une vieille dame, pour résumer, qui ne court pas le cent mètres en 10 secondes 7 dixièmes. Et pourtant...
Et pourtant, cette vieille dame trainait derrière elle un caddy. Le modèle standard, écossais, avec les trois roues en triangle de chaque côté et un poireau qui dépasse. Le caddy commun, donc, d'une vieille dame commune. Qui, là où il était passé, laissait sur le trottoir trempé deux fines bandes d'asphalte sec. Stupeur !
J'avais toujours pensé que les publicitaires fabulaient. Ils ne font qu'anticiper.
Commentaires
Par simple patriotisme régional du aurait pu mentionner Michelin tout de même, et Pirelli aussi, mais par mépris (bien que les miss du calendrier Pirelli sont- heureusement- moins bibendumesques).
bon allez, dodo
tu aurais et pas "du aurait" tu avais compris (et pas "du avait", bref
Bibendum, le pneu qui boit la route !
C'est pour ça qu'il est si gros ? Il fait de la rétention d'eau en fait. Le pauvre. Il faudra lui dire de manger moins salé.
Et les semelle de crepe de leur Méphistos ????
Je suis déçu que tu n'en aies pas parlé...
Obi-Wan,
Moi j'ai un pneu en guise de bide...