Résolvons ensemble les problèmes du sexe

(Puis celui de la supériorité de l'homme au moucheron, une fois que nous serons lancés.)

Le sexe, osons le dire, pose bien des problèmes.

Des problèmes d'intendance, d'abord. C'est que cela demande du matériel, si l'on veut bien faire. Tout un attirail qu'il faudrait avoir sur soi en permanence. Ou à proximité, disons. Caché dans le tiroir du bas de votre table de chevet ou derrière un dossier dans votre bureau. Faisons de ce billet une chose utile, un guide de référence, listons. Il vous faudra :

  • Une surface plane et molle, déjà, pour le confort. Ou une surface plane et dure, pour donner dans l'extrême. Ou une surface non plane, de texture quelconque, pour parer à une pulsion urgente. Ou pas de surface. Un lieu, un petit bout d'espace temps, un p'tit coin de parapluie, une clairière, une pelouse aux ébats.
  • Des accessoires, éventuellement : des jouets, des outils de tortures, une panoplie de cow-boy, beaucoup de latex ou un tout petit peu de dentelle, des menottes en acier inoxydable ou en fourrure rose. Le tout, selon les goûts et dans la limite des stocks disponibles.
  • Du lubrifiant, peut-être. Chauffant ou non. En petit flacon oblong avec une pompe verrouillable. Brillante idée, le petit flacon oblong à pompe verrouillable : permet de jurer à tout va lorsqu'on essaie de déverrouiller la chose les mains lubrifiées jusqu'au coude. Parfait pour qui est excité par le langage fleuri.
  • Une télécommande. On peut faire l'amour devant la télévision. Mais pas devant une interview d'Eric Raoult, ça non.
  • De l'aspirine, de l'ibuprofène ou du paracétamol. Une migraine est si vite arrivée, dans un vieux couple.
  • Une capote.
On peut s'en tirer à moins, néanmoins.

Des problèmes de compréhension, ensuite. Quelle que soit la force de persuasion des campagnes de prévention du sida, vous n'avez pas besoin de couteau, de fourchette ou de cuiller pour faire l'amour. Néanmoins, n'oubliez pas : sortez couverts.

Des problèmes de coordination, encore. Si tu avances quand je recule, etc. Plus généralement, toutes sortes de problèmes psychomoteurs : il faut du souffle, de l'endurance, de la souplesse, de la dexterité, de la délicatesse, de la force. Ou, à défaut, voire même en complément, de l'imagination, de la tendresse, de la sensualité. Si tout ce qui précède vient à manquer : de l'argent.

Des problèmes de discernement, enfin. Un jeune homme me disait l'autre jour sur un ton véhément (c'était lors d'une discussion sur l'homoparentalité) qu'un homme et une femme, ce n'est pas la même chose. Absolument ! Naïf, il croyait m'apprendre quelque chose : n'avait-il pas perçu que, dans le cas contraire, la question de l'homosexualité ne se poserait même pas ? Ni celle de l'hétérosexualité, d'ailleurs. Répétons-le : un homme et une femme, ce n'est pas la même chose. C'est une leçon fondamentale qu'il faut enseigner dès leur plus jeune âge aux enfants. Un bémol, cependant. Qu'on n'utilise pas comme support les planches anatomiques qu'on trouve dans les dictionnaires. Cela ne donnerait rien de bon : les enfants ne sauraient distinguer mâle et femelle qu'une fois coupés en deux par le milieu ; on formerait une génération d'assassins ; on ferait de l'équarissage un préalable à toute relation sociale. Bref, encore une fois, pour nous en convaincre : un homme et une femme, ce n'est pas la même chose.

Des problèmes grammaticaux, conséquemment, sitôt que le genre vient embrouiller le sexe. Vialatte expose le problème en même temps qu'il en donne la clef :

Il ne faut pas dire, de même : l'enzyme, il est glouton. Parce qu'enzyme est du féminin. Mais, me dira-t-on, si on parle du mâle ? Pas d'avantage : on ne dit pas un girafe, un gazelle. Je connais bien une vieille dame anglaise qui disait "une cheval" pour parler de la jument. Elle se trompait : il faut dire "une jument" (ou "un jument, si on est Anglaise). Pas plus qu'il ne faut dire un enzyme. [...] Elle peut-être gloutonne, elle ne peut pas être glouton. C'est la même chose [...] pour "amour", quand il est au pluriel : un bel amour, de belles amours. "Cet amour, comme disait Toulet, est le plus beau parmis les plus belles." Rien n'empêche de parler si grammaticalement. Mais il ne faut pas craindre de se faire remarquer.

C'est dans une de ses Chroniques de "la Montagne" (la 869ème, pour référence) et cela éclaire tout.

Le sexe, donc, pose bien des problèmes. Qui lui donnent son sel et qui, étonnamment, merveilleusement, se résolvent d'eux-même dès que les amants s'étreignent, des qu'ils s'enlassent, dès qu'ils s'aiment. Les énoncer, c'est les résoudre ; les subir, c'est en jouir.

Ce en quoi le sexe est supérieur à la parténogénèse et, conséquemment, l'homme au moucheron.

Commentaires

1. Le jeudi 30 mars 2006, 23:07 par Stitch

Pas convaincu...

2. Le dimanche 2 avril 2006, 19:52 par Obi-Wan

Je le trouve trop serieux...
Mais bone ne même temps j'ai pas beaucoup dormi...

Obi-Wan,
Sea... Sex and sun...

3. Le lundi 3 avril 2006, 22:25 par Plantex

Et l'aut' là, pas convaincu, je t'ai vu, hein ! Et puis tu parles du sexe avant et pendant... mais après, la magie est difficile à conserver, sans parler des problèmes d'irritation, des problèmes d'incontinence, des problèmes d'accoutumance...

4. Le mardi 4 avril 2006, 11:11 par Xavios

Je t'adore, Fabrice ^_^

Ca fait du bien de lire un post instructif, pleins d'humour et de bon sens :)

Tiens, des bisous pour te remercier ! Smouitch !

5. Le vendredi 7 avril 2006, 20:25 par Plantex

Je suis intrigué... il m'avait semblé commenter ce billet. Soit je l'ai rêvé et dans ce cas, il faut que je fasse attention; soit il n'est pas parti suite à une fausse manip'; soit il a été retiré pour faute de contenu cohérent ou de contenu correct... dites moi tout

6. Le lundi 10 avril 2006, 14:30 par Monster Bill

Plantex : à mon avis, il faut que tu fasses attention. Peut-être même devrais-tu t'inquiéter. Mais pas parce que tu rêves. Tu devrais t'inquiéter parce que tu as effectivement commenté ce billet. C'est le commentaire n°3, du lundi 3 avril à 22h25 qui dit en substance en subtance que ce billet n'est pas complet.

7. Le lundi 10 avril 2006, 16:34 par FabriceD

Non, Plantex ne rêve pas : son commentaire avait été bloqué par SpamPlemousse, l'anti-spam de DotClear, ainsi que celui d'Obi-Wan. Je suis très spammé, ces temps-ci, et je prends de moins en moins le temps de vérifier les commentaires bloqués. Désolé.

Je vais être absent quelques jours d'affilé, je ne sais pas encore si je ne vais pas fermer les commentaires pendant ce temps-là, histoire de ne pas transformer ce blog en vitrine publicitaire pour médicaments érectogènes et jeux d'argent divers... Je vous tiendrai indormés.

8. Le mardi 11 avril 2006, 07:59 par Monster Bill

Au temps pour moi, alors. Je te présentes toutes mes excuses, cher Plantex, pour ce facheux commentaire de ma part.

9. Le mercredi 10 mai 2006, 14:46 par Paul Atche

pas convaincu non plus...
"Ce en quoi le sexe est supérieur à la parténogénèse et, conséquemment, l'homme au moucheron."
Je trouve ce passage un peu aborde trop rapidement... or c'est pour cela que j'avais lu le billet (menteur ? moi ? soit...)