Grand malade
Par FabriceD le vendredi 12 mai 2006, 19:07 - Omphaloscopie - Lien permanent
Je suis - cela s'était remarqué - un grand malade.
Panique du Lectorat. Je l'imagine, le Lectorat, courant vers la pharmacie de garde, comme un seul homme. (Un seul homme un rien efféminé, probablement.) Je le vois, le Lectorat, s'accoudant au comptoir pour reprendre son souffle. Je l'entends, le Lectorat, demander des boules Quies. Je me dois d'appeler au calme : je suis, certes, un grand malade, mais pas au point de me mettre au slam, moi. Rien à craindre de ce côté-là, donc.
Il n'empêche que, au risque de me répéter, je suis un grand malade.
J'aspire, malgré que j'en aie, à être un mec cool : un impassible, un flegmatique, un stoïque. Un scandinave. Je traverserais la vie adossé à un lampadaire, une cigarette moribonde pendant de mes lèvres, le regard masqué par le rebord de mon chapeau mou. Comme Humphrey Bogart : voilà un modèle à suivre. (Un homme qui traverse la vie adossé à un lampadaire, fût-il métaphorique, est, essentiellement, facile à suivre.) Tout en nonchalence, en élégance et en modération, je serais un objet de désir et d'envie pour la multitude des hommes, la foule grouillante, l'humanité agitée de ses petits soucis. Tout en stabilité, en fermeté, en intemporalité, je serais une bouée à laquelle s'accrocheraient mes amis en péril, un roc où ils trouveraient refuge par gros temps. Voilà ce que j'aimerais être. Et que je ne suis pas.
Premièrement, c'est le plus flagrant (et le plus bénin, aussi), je suis passablement agité du bocal. Taciturne, discret, posé, voilà bien ce que je ne suis pas. Bruyant, fanfaron, brailleur, déjà plus. Oui, me direz-vous peut-être, si vous êtes gentil, mais tu es drôle.
La belle affaire : s'il ne s'agissait que d'être drôle ! Rêver de l'élégance d'un John Hannah et n'être que marginalement moins pénible qu'un Patrick Bosso. Voilà le drame. Mais passons, cela n'importe finalement pas.
Cela n'importe pas car - voyez comme c'est finement amené - je suis un grand malade. Plus précisément, je suis un grand stressé, un petit nerveux, un éternel angoissé. La première fois où je suis entré dans un bar gay, par exemple : je serrai les fesses non par peur des mœurs des personnes que j'entendais rencontrer, mais par crainte de voir mon système digestif, tout entier liquéfié, me dégouliner dans les chaussettes. Pour ajouter au charme, je suis un grand stressé qui somatise : je colique dans les grandes occasions, je vomis chez Val, je tachycardise à tout bout de champ.
Seul bémol à cette tare majeure : j'ai l'angoisse généreuse et altruiste. (Le Lectorat se rengorge.) Oui, Lecteur, je m'inquiète pour vous autant que pour moi ; oui, ami, pour toi autant que pour le Lecteur. La moindre de vos pâleurs, la plus infime irrégularité me fait craindre le pire. Qu'un blogueur réapparaisse des semaines de silence, déjà je m'interroge ; je manque m'évanouir d'émotion à chaque billet de shawn.
Aussi vous en conjuré-je, Lecteur, ami, rassurez-moi quand vous le pouvez. Et, si sujet d'inquiétude il y a, parlez-moi : vos problèmes seront toujours moindre que ceux que j'imagine pour vous.
Commentaires
Il n'y a pas que chez Val, malheureusement, que tu as vomi. Non pas que tu aies vomi chez moi. (Non, hein ?) Juste dans une poubelle.
Pour l'épisode de la poubelle, j'avais couru : l'allergie à l'effort a parfois cet effet.
Tu as aussi vomi chez nous... Enfin, en prévenant que tu allais vomir et en allant aux toilettes. Mais quand même !
Mais je crois sue l'on peut le dire, tu vomis aussi en verve et en écriture...
Obi-Wan,
Oreilles décolées, c'est ça ????
N'empèche que le Grand Cops Malade, il est très bon. Mais cela n'a rien à voir avec le sujet présent.
Point de souci à te faire en ce qui me concerne, mis à part, peut-être, la lenteur effrayante de l'avancement de ma rédaction. Mais pour le coup, tu sais ce que c'est. ;-)
Oui mais il vomit mieux chez moi
fabriced fanfaron ? alors il ne nous reste plus qu'une chose à te dire sale fanfaron (désolé, il est tard...)