Amours accordées, amour démembré

Certains jours, quand ne se peuvent concilier le bon sens et la nature, un instant brouillé-e-s ; quand tombent d'un même fracas les frontières et les obstacles, ensemble abattu-e-s ; quand poésie et réalisme font chemin commun, enfin réconcilié-e-s ; certains jours, le soleil et la lune éclairent un même ciel, lui brillant, elle luminescente, tou-te-s les deux radieux-ses.

Le soleil a rendez-vous avec la lune, dit le poète, d'un ton et d'une humeur joviaux-ales. Et, badinant toujours, le poète et sa muse, cruel-le-s, chantent leurs amours contrariées et leurs délices différées. Certain jour arrive et les voilà joué-e-s : le soleil, la lune, l'amour, tou-te-s se sont trouvé-e-s. Les corps et les âmes, enlacé-e-s, enfin s'unissent.

Quand des siècles et des ères seront passé-e-s, que ne resteront sur la terre stérile que nos ruines et nos souvenirs, à demi effacé-e-s, le soleil et la lune toujours s'aimeront, de temps en temps seulement embrassé-e-s. Un instant fugace, il-elle-s se retrouveront dans un coin de ciel et, une fois les météores et les astéroïdes bordé-e-s, se souviendront de leur jeunesse. (Mais ni des hommes, ni des femmes, qu'il-elle-s n'auront pas remarqué-e-s.)

Comme tous les couples, lui vieilli, elle usée, tous les deux fatigué-e-s, il-elle-s reviendront se chauffer le cœur à l'heure de leurs premières amours. Qu'elles étaient belles ! Qu'il-elle-s étaient beaux-elles ! Un seul nuage, une seule nuée, inopportun-e-s, viendront leur sourire troubler : toutes ces phrases, tous ces mots, qui alors par des tirets furent démembré-e-s.

Commentaires

1. Le dimanche 8 juillet 2012, 14:53 par Bill

Magnifique. Et particulièrement masochiste...