Bestiaire - Le lion

Un vieux lion à la blanche crinière
Se lamentait de sa vide tanière.
Ses griffes émoussées, ses dents limées
Ne le faisaient pas moins fier :
“Elles adouciront mes baisers !”
(Le vieux lion était encore vert.)

Le vieux lion parcourut la savane
Et y rencontra un vieil âne.
Ils devinrent amis et même plus :
Radotant, tremblotant, tendrement,
Ils s’échangèrent leurs puces.
(Le vieux lion en avait tant.)

Le vieux lion, le vieil âne étaient heureux,
Corps contre corps, rhumatismeux.
Hélas une vieille lionne arriva,
Que cette histoire est cruelle !
Et le vieil âne, elle le bouffa.
(Le vieux lion ne put rien contre elle.)

Le vieux lion, dès lors, dépérit
Négligeant son vieux corps décati.
Quelle morale aurait tirée La Fontaine ?
Qu’en sais-je ? je n’ai pas son talent
Et la fable aujourd’hui n’est plus reine.
(Le vieux lion est mort, maintenant.)

Commentaires

1. Le dimanche 15 juin 2014, 21:25 par Bill

Prose ou vers, c’est toujours un plaisir.