Langres

Ayant bien soupesé la masse d’a priori qui écrase la petite cité, nous en fîmes fi : hier, nous étions à Langres.

Langres est une ville d’à peine 8000 habitants, sous-préfecture (on n’a même pas vu le bâtiment), où l’on comprend immédiatement pourquoi il fait froid. Alors qu’il faisait une chaleur caniculaire dans la vallée, une fois monté sur l’éperon où se situe la ville on ne frôlait plus que les vingt-trois degrés. Beaucoup de vent. Ceci posé, et le fait que la Seine prend supposément sa source en son plateau (alors que ça doit être au bas mot à plus de 60 kilomètres à vol d’oiseau), nous pouvons entrer dans le vif du sujet : Langres est magnifique.

J’entends : comparée à Avalon, à Vesoul, à Vierzon ! Ne demandez pas à une petite sous-préfecture française d’avoir les agréments d’une ville grandiose comme Munich, où nous étions quelques jours auparavant.

Langres est toute pimpante enrobée dans la pierre de taille, avec sa pléthore de maisons et bâtiments du dix-septième, sa cathédrale et son orgue du même ou du suivant, et ses remparts de plusieurs kilomètres qui ceignent la ville haute. On en a fait le tour, c’est assez rigolo : tous les 100 mètres ou presque, vous tombez sur un panneau vous racontant l’histoire de la tour fortifiée que vous avez sous les yeux. La tour a parfois été rasée, il n’en reste que le contour, mais il est monument historique tout de même. D’ailleurs, combien y en a-t-il, de monuments historiques à Langres, 20, 30 ? L’architecture y est reine, la moindre maison semble du style le plus austère et le plus pur, celui des hôtels particuliers du Marais à Paris. L’essentiel date d’entre 1600 et 1650, avec un peu de médiéval, là une cour renaissance, ici une horreur 1996 qui a échappé à l’architecte des bâtiments de France. (Il devait être à Chaumont-sur-Marne pour une expertise lors de la pose du toit de verre hideux.)

Diderot, l’enfant du pays, est présent un peu partout. Oh, on l’a assez vu alors je n’en parlerai pas. La gare dans la vallée était jusqu’en 1971 reliée à la ville haute par un train à crémaillère du plus bel effet, avec son viaduc à soi seul. Trop cher, mon fils ! alors l’exploitation en a été arrêtée. Comme un lointain souvenir de ce qui était en 1887 le premier train à crémaillère de France, la ville a fait installer un drôle d’engin, mi-ascenceur mi-train à câble, qui mène d’un parking sous les remparts jusqu’au chemin de ronde. La chose brinqueballe un peu, on n’est pas rassuré une fois dedans, mais Fabrice et moi l’avons emprunté pour descendre. On se bidonnait comme des imbéciles dans ce petit véhicule où l’on ne tenait probablement pas à plus de quatre personnes, mais qui devait bien grimper ses 50 mètres de dénivelé en ballotant de droite et de gauche sur tout le trajet. Que voulez-vous, il faut savoir rendre hommage aux beaux ouvrages de l’esprit humain.