La Comédie humaine (2)
Par RomainT le vendredi 16 décembre 2016, 21:12 - Pile de livres - Lien permanent
Un bilan de la moisson balzacienne annuelle, principalement issue du début de l’année 2016 : L’Illustre Gaudissart, La Muse du département, La Vieille Fille, Le Cabinet des antiques, Ferragus, La Duchesse de Langeais, La Fille aux yeux d’or, Les Marana, Maître Cornelius, Melmoth réconcilié, Massimilla Doni.
Ne parlons que des préférés ; de certains je me souviens mal, soit qu’ils sont déjà loin, soit qu’ils n’ont pas marqué, soit les deux.
Le Cabinet des antiques est excellent, un de ces Balzac méconnus qui vaut les chefs-d’œuvre officiels. La petite noblesse de province, déchue, ruinée, veut sauver l’honneur et les apparences en rachetant les dettes du fils dépensier, monté à Paris. Le notaire ami de la famille, qui parvient à en sauver la réputation, est touchant de dévouement et de sincérité. Le jeune d’Escrignon, dans sa superbe superficialité, ses mensonges, son inconséquence, vous donne envie de lui donner des claques. Le père, digne mais rabougri, fini, attendrit. Franchement, c’est là un des tous meilleurs Balzac.
La Duchesse de Langeais m’a beaucoup plu, mais pour des raisons extra-littéraires (les rebondissements, le théâtre de la scène introductive dans le monastère en Espagne, qu’on découvre en lecteur qui lirait les dernières pages avant le reste du livre plus que pour ses qualités d’écriture). La duchesse m’a par ailleurs agacé. Pimbêche, au monastère ! et plus vite que ça !
La Muse du département est un roman typiquement balzacien : au centre une femme aimée, délaissée, manipulée, aimée, délaissée (secouez et redisposez les participes dans l’ordre qui vous plaira), flanquée d’un journaliste en écrivain médiocre et arriviste qui fait ce qu’il veut de sa muse. La muse s’épanouit en province, mais ne réussit pas à Paris. Retour en province, et patatras.
Relativisons : Balzac est un immense romancier (je n’ai pas changé d’avis depuis l’an passé), même quand il n’est pas à son meilleur. Ses personnages sont toujours fouillés, plein de fantaisie, illustrant comme il se doit la créativité foisonnante de leur démiurge de père. Houellebecq, vous me lirez le Cabinet (et Birotteau, et La Recherche de l’absolu, et…), les personnages de votre prochain roman auront peut-être une chance de ressembler vaguement à quelque chose.