Journée de lutte pour les droits des femmes
Par RomainT le mercredi 8 mars 2017, 22:05 - Grosse colère - Lien permanent
Ce midi, le hasard a voulu que je mange avec quatre collègues, de jeunes femmes de mon âge, 30, 35 ans.
La discussion a couru sur les conditions et le bien-être au travail, qui se dégradent doucement mais sûrement dans mon entreprise (pour des raisons qu’il serait trop long de développer ici). On parlait temps de travail, temps partiel, missions à l’étranger, congé parental, condition de jeune parent. Je dois avouer que j’ai été sidéré par tout ce que j’ai entendu. J’en savais bien un peu, mais pas à ce point. Comme dans peut-être beaucoup d’entreprises dont les cadres dirigeants sont exclusivement des hommes, comme dans peut-être beaucoup d’entreprises d’ingénierie, mes collègues sont victimes au quotidien de remarques désobligeantes voire franchement dégueulasses, de comportements misogynes, ou sont lésées de fait. De « Ah, tu vas acheter le pain » (17h30, ma collègue va récupérer son fils à la crèche) jusqu’à une revalorisation salariale outrageusement inférieure à la moyenne en raison d’un congé maternité une partie de l’année passée.
Les préjugés sur la province sont déjà très forts – et totalement infondés, cela va sans dire – dans mon entreprise (« Vous travaillez après 15h le vendredi à Lyon ? »), avec son siège tout puissant en région parisienne, de nombreuses agences dans de grandes villes au sud de la Loire, où la présence de l’école centrale de Paris fut longtemps un pilier fondateur, etc. mais je n’ose imaginer le cas hypothétique d’une collègue lesbienne, qui travaillerait en agence, et serait mariée et mère.
Après plus de dix ans dans l’entreprise, je pensais que les choses évoluaient dans le bon sens depuis le temps où j’étais jeune embauché, cette époque où les vieux ingénieurs qui avaient connu les débuts de l’entreprise étaient experts ou avaient l’âge de partir en retraite. Peut-être un peu. Mais les comportements dont on est parfois le témoin, dont on ne se rend pas toujours compte, ou que j’ai écoutés décrire ce midi, sont aujourd’hui le fait de jeunes directeurs de service qui ont quelques années de plus que moi, 40, 45 ans.
Carton rouge, messieurs. L’égalité est toujours une lutte.