Je fais amende honorable. Je bats ma coulpe. Je me flagelle avec des orties. Bio, les orties. J'ai été méchant, j'ai mérité ma punition, j'expie ma faute. Le libéralisme me possédait, ma propre liberté m'enivrait, l'Humanité pleurait mon égoïsme. Cesse de pleurer, pauvre Humanité, je me repens, je suis à tes côtés. Pour peu qu'un souhait, un seul, me soit exaucé. J'ose à peine le formuler, la honte m'étreint, je suis mortifié. Est-ce que je pourrais... Non, c'est trop affreux. Comment osé-je ? Mais pourtant si. Il faut que cela soit dit.
N'ont-ils que ça à faire tous ces gens altruistes ? Comment ont-ils pu accumuler toutes ces saloperies, toutes ces conneries, toutes ces babioles et ces brimborions ? Et il faudrait recycler ça ! Mais qu'on brûle le tout ! Je m'engage à capter le dioxyde de carbone émis moi-même, tout seul, dans mes petits poumons asthmatiques ! Mais par pitié, que cela cesse ! Laissez-moi, ne me sauvez pas, oubliez mon âme, à d'autres la rédemption, confisez-moi dans mon égoïsme et mon irresponsabilité ! Gardez le DVD de Michèle Bernier ! (Elle ne m'amuse pas et je n'aimais pas le professeur Choron, non plus. Cela fait du bien de le dire.) Gardez votre collection de porte-clefs ! Gardez votre tondeuse, vous qui êtes à Brindas ! Laissez-moi, je vous en prie !
Quatre-cent-cinquante courriels en trois jours. Combien de kilowatts pour router, pour résoudre, pour transférer, pour stocker, pour afficher tout ça ? Combien de temps pour les écrire ? Combien de temps perdu à ne même pas les lire, à les voir passer, à les ignorer, à les supprimer ? Combien de dioxyde de carbone émis, combien de bébés phoques tués pour un déguisement offert à Gerland ?
J'ai bien compris que je devais adhérer à une AMAP. Promis, j'y pense. Mais puis-je, s'il vous plaît, en toute humilité, en toute fraternité, me désinscrire de Freecycle ?