Issoire
Par FabriceD le dimanche 30 janvier 2011, 15:41 - Sous-préfectures et assimilées - Lien permanent
Cela me semble toujours une trahison. Les offices du tourisme et les guides de voyage s’acharnent à rendre désirables les moindres recoins de la plus petite ville. Ils listent les églises, recensent les fontaines, inventorient les lavoirs. Eux seuls se souviennent que Henri IV a dormi dans tel hôtel particulier miteux au fond d’une rue borgne. Si tout échoue, ils généalogisent, ils remontent les ascendances : l’arrière-petit-cousin de Danton fut maire sous le Consulat ; il y a toujours un élève du curé d’Ars pour avoir prêché dans l’abbatiale locale. Après tant d’efforts et de volonté, je culpabilise toujours un peu d’aimer une ville pour une raison qu’ils n’avaient pas prévue.
Ainsi Issoire.
Certes, il y a la halle au grain. Une bien belle halle au grain, aussi pataude et incongrue que l’église de la Madeleine à Paris : un simili temple grec, au milieu d’une place, autour duquel les voitures avancent en procession. On n’y vénère plus le grain, on y tient le salon du mariage. On imagine facilement que, le soir du quatorze juillet, des jeunes pucelles y viennent s’encanailler au bal des pompiers.
Certes aussi, il y a l’abbatiale Saint-Austremoine, une des plus belles églises romanes d’Auvergne. Ses piliers, ses murs, son intérieur, ont gardé leurs couleurs, restaurées au XIXe siècle, mais c’est de l’extérieur que je la préfère : elle tient un peu, Dieu me pardonne ! du palais imaginaire du facteur Cheval. Voyez-la de l’arrière : on dirait un chou-fleur boursouflé de chapelles. Le clocher est posé là-dessus comme une arrière-pensée.
Pour autant, malgré mon goût pour l’art roman et ma passion pour les colonnades pompières, c’est un monument plus modeste qui rend Issoire cher à mon cœur. Enfin, mon cœur…
C’est un pavé beige fermé d’une porte de métal : on y entre sans payer, l’intérieur est propre et il y a du papier. Surtout, le siège, en inox, est chauffé. Qui entretient avec sa vessie et ses intestins des rapports plus simples que les miens ne comprendra sans doute pas. Mais il y a, à Issoire, les plus accueillantes toilettes publiques que je connaisse.