Brèves d'une mission en Chine - 7

Jeudi 16 août

J’ai enfin lu La carte et le territoire, de Michel Houellebecq, publié à l’automne 2010.

Ce fut plaisant, plein de touches d’humour et d’autodérision, mais en même temps bien plat. Où est le Houellebecq tranchant, critique bien trempé, trash, que l’on m’a vendu ? On finit ces quelque 400 pages, on jette un rapide coup d’œil en arrière, et c’est presque comme s’il ne s’était rien passé. Des palanquées de noms de marques et d’expressions en italique (dont l’auteur abuse sans qu’on en comprenne l’utilité), des clichés, en un mot beaucoup de trucs ponctuent la lecture. Comme si l’auteur avait la danse de saint Guy et qu’on ne puisse faire autrement que de rester tout le temps du roman en contact avec lui.

Tour à tour beauf, caricatural ou simpliste, tout ça m’a surtout semblé anodin : on reste sur un sentiment global de vacuité. Et par ailleurs, se souviendra-t-on, fût-ce seulement dans dix ans, de ce roman tellement 2000-2010 par ses personnages — Jean-Pierre Pernaut, Michel Houellebec, François Pinault, etc. — comme par ses analyses ou discussions à deux francs autour de nombreux sujets ? Oserait-on dire qu’il est déjà furieusement daté ?